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La Libye dévalue sa monnaie de 13,3% sur fond d'instabilité économique
(Agence Ecofin) - Plus de 14 ans après la chute du régime Kadhafi, les divisions politiques persistantes continuent à provoquer une forte hausse des dépenses des deux exécutifs rivaux qui se disputent le pouvoir et une explosion de la dette publique.


La Banque centrale libyenne (CBL) a annoncé, le dimanche 6 avril, une dévaluation de 13,3% de la monnaie nationale pour tenter de stabiliser l’économie du pays, qui continue à subir les contrecoups des divisions institutionnelles incessantes, depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.


L’institut d’émission a ainsi fait passer le taux de change officiel à 5,56 dinars pour un dollar avec effet immédiat, contre 4,48 unités pour un billet vert auparavant. Cette première dévaluation officielle depuis 2020 vise notamment à contrer les distorsions sur le marché national d’échange des devises étrangères.


Sur le marché parallèle, le taux de change est actuellement de 7,20 dinars pour un dollar.


En septembre 2024, le dinar libyen avait fortement chuté par rapport au dollar américain sur le marché parallèle, en raison notamment d'une crise de la gouvernance de la Banque centrale entre les deux exécutifs rivaux qui gouvernent la Libye depuis plusieurs années. Le gouvernement d’union nationale (GNU), basé à Tripoli (Ouest) et reconnu par l’ONU, avait alors évincé le gouverneur de la Banque centrale, Sadiq Al-Kebir. 


Ripostant à ce limogeage considéré comme une « tentative de prise de contrôle de l’institution », le gouvernement basé à Benghazi (Est) et affilié au maréchal Khalifa Haftar a stoppé la production et les exportations pétrolières le 26 août 2024. Ce blocus a provoqué une chute de moitié de la production (1,2 million de barils par jour), selon la compagnie nationale de pétrole. Le gouverneur gère la manne pétrolière et le budget de l’Etat réparti entre les différentes régions dans un pays qui tire la quasi-totalité de ses ressources de l’exploitation de l’or noir.


La crise a été résolue fin septembre, à la suite d'un accord signé par les deux camps sous l’égide de la Mission d’appui de l’Organisation des Nations Unies en Libye (Manul), ce qui a ouvert la voie à la nomination d'un nouveau gouverneur de la Banque centrale.


Quelques heures avant la nouvelle dévaluation du dinar libyen annoncée dimanche, la Banque centrale a fait savoir qu’elle était contrainte de réviser le taux de change officiel de la monnaie nationale, en raison de l'absence de perspectives ou d'espoir d'unifier les deux systèmes de dépenses des deux gouvernements rivaux. Elle a révélé que les dépenses des deux gouvernements rivaux ont totalisé 224 milliards de dinars (46 milliards de dollars) en 2024, indiquant que la dette publique du pays devrait dépasser la barre de 330 milliards de dinars à fin 2025 contre 270 milliards au 31 décembre 2024.


Walid Kéfi


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Article publié le lundi 7 avril 2025
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