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(Agence Ecofin) - Le Maroc fait partie des pays africains où le cannabis peut être utilisé à des fins médicales et industrielles. Le pays qui a légalisé la plante en juillet 2021 accélère les efforts pour l’émergence d’une industrie locale.Le 20 décembre dernier, l’entreprise pharmaceutique Pharma 5 a dévoilé le premier médicament générique marocain à base de cannabis. Ce produit baptisé « Cannabidiol Pharma 5 » est présenté comme un traitement révolutionnaire contre les épilepsies et qui s’aligne sur les normes internationales des Good Manufacturing Practices (GMP), garantissant la qualité et la sécurité des produits pharmaceutiques.
Dans un communiqué publié sur son site, l’entreprise indique notamment qu’elle a obtenu une autorisation en septembre 2024 qui lui permettra de mettre ce nouveau médicament sur le marché local au cours du premier semestre 2025. Au-delà des réactions suscitées dans le pays, cette démarche de l’entreprise est la dernière manifestation du boom de l’industrie marocaine du cannabis.
Une implication croissante du secteur privé
A l’image de Pharma 5, d’autres compagnies se sont en effet déjà positionnées sur le marché marocain du cannabis légal. On peut citer l’entreprise locale Somacan qui a en juin 2023 investi 6,1 millions $ dans une unité de transformation pharmaceutique à Ain Cheggag et lancé en septembre 2024 une unité de fabrication de produits médicinaux à base de cannabis pour un coût total de 2 millions $ à Taounate.
A cette firme, s’ajoute la coopérative Bio Cannat qui est la première société à obtenir une autorisation pour la transformation du cannabis en 2022. Cette usine d’extraction de cannabidiol opérationnelle depuis janvier 2024 à Bab Berred peut produire jusqu’à 720 000 bouteilles de CBD et plus de 300 000 unités de produits dérivés.
Ces différents investissements privés sont à inscrire dans un contexte où les perspectives de croissance sont prometteuses sur le marché marocain du cannabis. Selon les prévisions formulées sur la plateforme Statista, le marché du cannabis médical au Maroc devrait générer 235,4 millions $ en 2025 et enregistrer un taux de croissance annuelle composé de 2,34 % par an jusqu’en 2029 avec une valeur attendue à 258,2 millions $.
Le rôle moteur du gouvernement
Si l’industrie marocaine du cannabis est l’une des plus dynamiques du continent, c’est d’abord à cause du cadre réglementaire favorable et des mesures incitatives mises en place par les autorités du Royaume chérifien. À titre d’exemple, la Commission des finances a approuvé en décembre dernier l’instauration d’un droit d’importation maximal de 200 % sur les produits à base de cannabis. Cette mesure vise notamment à décourager les importations et créer des conditions pour stimuler la production locale en éliminant la concurrence étrangère le marché local. Plus tôt en janvier 2024, l’Agence régionale d’exécution des projets (AREP) de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima a été mandatée pour aménager une zone économique destinée à accueillir les activités de transformation du cannabis légal. D’un coût total de 4,5 millions $, ledit projet s’étendra sur 10 hectares à Issaguen dans la province d’Al Hoceima. Pour ce volet agroindustriel, les investisseurs locaux pourront compter sur la dynamique de croissance de la production de cannabis légal sur ces dernières années.
Après une récolte modeste de 294 tonnes en 2023, la production marocaine de cannabis légal a plus que décuplé, atteignant 4 082,4 tonnes en 2024, selon l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC).
Ceci grâce aux efforts concertés pour restructurer la filière à fort potentiel économique et social notamment dans les provinces d’Al Hoceima, Chefchaouen et de Taounate qui sont les principales zones de production. En combinant une stratégie ambitieuse et des investissements ciblés, le Maroc entend s’affirmer comme un leader du cannabis légal sur le continent africain.
Stéphanas Assocle
Édité par Wilfried ASSOGBA
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Article publié le mardi 7 janvier 2025
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