(Agence Ecofin) - L’exploitation minière illégale fait perdre chaque année des milliards de dollars aux États africains qui multiplient les initiatives pour l’éradiquer. En dehors des acteurs locaux, les sociétés chinoises ont pris une place significative dans ces activités illégales dans plusieurs pays.
La RDC a arrêté il y a quelques jours 17 Chinois, accusés d’exploiter illégalement une mine d’or au Sud-Kivu. Alors que 14 d’entre eux viennent d’être libérés, selon un communiqué du mardi 24 décembre, cette procédure illustre une lutte de plus en plus vive menée par plusieurs pays miniers africains contre l’exploitation minière illégale par des entités chinoises.
Selon Jean-Jacques Purusi Sadiki, gouverneur de la province congolaise du Sud-Kivu, les mineurs chinois doivent 10 millions $ d’impôts et d’amendes. Son ministre des Finances et ministre des Mines par intérim, Bernard Muhindo, a ajouté que les ressortissants chinois se trouvaient sur le site minier du village de Karhembo sans « aucun document, zéro. Pas de certificat, pas de statut, pas d’identification nationale, rien ».
Ce n’est pas la première fois que des mineurs originaires de l’empire du Milieu sont accusés d’opérer illégalement sur des sites miniers en RDC. Plusieurs fois ces dernières années, les autorités ont suspendu les activités de sociétés minières chinoises, dont six en août 2021, sous l’ancien gouverneur du Sud-Kivu, Théo Kasi, car elles opèrent sans autorisation et détruisent l’environnement.
« Les entreprises chinoises exploitent des sites miniers sans respecter les principes du droit minier. Elles n’ont pas effectué d’études de faisabilité nécessaires ni d’évaluations sur l’impact environnemental de leurs activités et n’ont pas de permis d’exploitation. Certaines sociétés chinoises ont refusé de signer des cahiers de charges avec la population locale conformément au droit minier congolais », déplore une note d’analyse de l’IFRI publiée en février 2022.
Des cas similaires sont observés aussi en Namibie, au Ghana et au Nigeria. En Namibie par exemple, le ministère namibien des Mines a annoncé mi-décembre 2024, l’ouverture d’une enquête visant Xinfeng Investments pour exploitation minière illégale. Alors que la société chinoise dispose seulement d’un permis d’exploration, elle se serait livrée à l’extraction de lithium, endommageant l’environnement et des tombes ancestrales des communautés locales.
Entre 2020 et 2023, l’ENACT a recensé des dizaines d’arrestations de ressortissants chinois opérant illégalement dans les États de Kwara, de Zamfara et d’Akwa Ibom au Nigeria. Enfin au Ghana, le tribunal d’Accra a condamné en décembre 2023 Aisha Huang à quatre ans et demi d’emprisonnement pour exploitation minière illégale, pratique connue sous le nom de « Galamsey » dans l’ex Gold Coast. Surnommée la « reine du Galamsey » par la presse locale, cette femme est devenue le symbole des efforts du Ghana contre les mineurs illégaux chinois.
Au-delà des acteurs chinois, il faut souligner que l’exploitation minière illégale est un phénomène qui concerne aussi bien les nationaux des pays concernés que des ressortissants d’autres pays africains. Chaque année, les États perdent des milliards de dollars à cause de la contrebande d’or et d’autres métaux et l’éradication du phénomène reste complexe.
Emiliano Tossou
Article publié le samedi 28 décembre 2024
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