Le budget général de l’Etat, exercice 2022-2023 présente un déséquilibre de 197,5 milliards de FBu. Pour réduire les déficits budgétaires récurrents, un expert en économie souligne qu’il est essentiel de prioriser les dépenses d’investissement par rapport aux dépenses de fonctionnement
Gabriel Rufyiri : « Il est positif que la société civile soit impliquée dans le processus d’élaboration du budget programme dès le début des activités, car elle a quelque chose à contribuer. »
Le budget général de l’Etat pour l’exercice 2022-2023 affiche un déficit préoccupant. Les recettes se chiffrent à 2 194,8 milliards de FBu, tandis que les dépenses atteignent 2 392,3 milliards de FBu, entraînant un déficit de 197,5 milliards de FBu. Selon une analyse réalisée par Diomède Ninteretse, expert en économie et professeur d’université, ce déficit a eu des répercussions notables sur les prix des produits de première nécessité. Les exonérations ont été augmentées de manière alarmante atteignant jusqu’à 344 %. Il est donc difficile d’expliquer l’augmentation des prévisions de dépenses qui ont augmenté de plus de 100 %, passant de 18 milliards à 80 milliards de FBu. Pour réduire ce déficit budgétaire récurrent, il est impératif de privilégier les investissements plutôt que les dépenses de fonctionnement.
Pour l’année budgétaire 2022-2023, la croissance économique était projetée à 5 %, tandis que la prévision de la pression fiscale était estimée à 17 % et l’inflation à 8 %. Ces informations ont été recueillies lors d’un atelier d’analyse susmentionnée sur la critique du budget programme 2022-2023, organisé par l’Observatoire de la Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) le 24 septembre 2024.
La réalisation d’un équilibre budgétaire semble presque inenvisageable sans une collaboration étroite entre les autorités administratives et la société civile qui représente la voix des citoyens. Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME a loué les avancées en matière de coopération entre le gouvernement et la société civile, tout en déplorant certaines lacunes. Il a précisé que même si le gouvernement les associe à certaines étapes de l’adoption du budget, cela se fait souvent tardivement, une fois le budget déjà établi, pour leur présenter diverses rubriques. « Il est positif qu’ils nous impliquent, mais nous voulons être intégrés dès le début du processus, notamment lors de la révision budgétaire de décembre 2024 », a-t-il insisté.
Démarches visant une meilleure élaboration du budget programme
Les démarches en faveur de l’élaboration du budget programme mettent en avant l’importance de la participation de la société civile. Celle-ci joue un rôle crucial en représentant les citoyens, en identifiant les besoins urgents, en collectant les données et en priorisant les projets pouvant accroître des ressources. Il est également important de l’impliquer dans l’évaluation des initiatives et dans l’adoption du budget, comme l’a souligné Diomède Ninteretse.
Parallèlement, Gabriel Rufyiri a insisté sur le fait que l’élaboration du budget programme doit s’accompagner d’une formulation claire des objectifs et des activités qui permettront d’atteindre ces objectifs. Il est également indispensable de disposer d’indicateurs de résultat afin de mesurer concrètement comment les activités seront réalisées en vue d’atteindre les objectifs fixés. Pour lui, il est impossible de planifier un bon budget-programme sans disposer d’indicateurs de résultat pertinents.
Des stratégies pour augmenter les ressources financières
Pour avoir un budget équilibré, un changement de mentalité s’impose au sein de l’ensemble de la population. Il est essentiel de valoriser les recettes publiques en élargissant l’assiette fiscale et de garantir le financement du budget. Cette démarche doit se déployer à tous les niveaux, des familles aux collectivités locales et même jusqu’au gouvernement, a indiqué Ninteretse, en soulignant au passage la nécessité de rentabiliser l’héritage inexploité.
Lors des échanges, les participants à cet atelier ont souligné qu’il est important de promouvoir l’agriculture afin de disposer des matières premières essentielles pour les activités industrielles. Ces matières premières pourraient être transformées en produits destinés à la commercialisation et à l’exportation, générant ainsi des devises susceptibles de stimuler la croissance économique.
Il est également indispensable de mettre en place ou d’améliorer les mécanismes de suivi et d’évaluation des exonérations et autres privilèges accordés par le gouvernement aux entreprises afin qu’ils contribuent au développement économique.
De plus, l’exploitation des propriétés publiques, notamment dans la filière café et d’autres filières est impérative pour générer des devises. Cela nécessite l’amélioration de la politique en la matière et une mise en œuvre efficace.
Enfin, il s’avère impérieux de créer un climat de confiance pour encourager les investissements. Ce qui permettra d’élargir l’assiette fiscale nécessaire au financement du budget.
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A propos de l'auteur
Jonathan Nzoyibonera.
Article publié le vendredi 27 septembre 2024
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