(Agence Ecofin) - Cette semaine, dans l’actualité santé en Afrique : le Sud-Soudan déploie également le vaccin antipaludéen R21 ; la Gambie maintient l'interdiction des mutilations génitales féminines, une décision saluée par plusieurs organisations internationales. Cependant, la stagnation de la vaccination infantile mondiale en 2023 soulève les inquiétudes de l’OMS. Alors que le Nigeria fait face à une possible épidémie de fièvre jaune, l'Ouganda et la RDC confrontent des épidémies de rougeole. Le Cameroun, pour sa part, prépare une campagne de vaccination contre la fièvre jaune à Douala, pour contenir l'épidémie en cours.
Le Soudan du Sud lance également le vaccin anti-palu R21
Le Soudan du Sud rejoint les rangs des pays africains déployant un vaccin antipaludéen sur le continent. Le 16 juillet, le pays a lancé le déploiement du vaccin R21, dans le cadre d’une initiative conjointe du ministère de la Santé, de l'UNICEF, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de Gavi. Depuis le 31 mai 2024, plus de 645 000 doses avaient été livrées à Juba, avec une distribution initiale ciblant les 28 comtés les plus touchés par le paludisme. Ce déploiement survient dans un contexte où le paludisme demeure une des principales causes de maladie et de mortalité au Soudan du Sud, avec environ 2,8 millions de cas et 6 680 décès signalés en 2022. La ministre de la Santé, Yolanda Awel Deng, a exprimé son engagement à réduire l'impact de cette maladie en combinant vaccination et mesures préventives.
South Sudan today launched the malaria vaccine rollout, becoming the second country after Côte d'Ivoire to deploy the R21 vaccine. Supported by @WHO and partners, over 645,000 doses have been delivered to the country to protect children against the threat of malaria. pic.twitter.com/h6BCBxsgL9
— WHO African Region (@WHOAFRO) July 16, 2024
L'OMS recommande actuellement deux vaccins, le RTS,S/AS01 et le R21/Matrix-M, pour prévenir le paludisme chez les enfants. Hamida Lasseko, représentante de l'UNICEF au Soudan du Sud, a souligné que la disponibilité étendue des vaccins marque un tournant dans la lutte contre cette maladie. Le Dr Humphrey Karamagi, représentant de l'OMS pour le Soudan du Sud, a ajouté que le soutien des partenaires est crucial pour protéger les enfants et réduire le fardeau du paludisme dans le pays.
La Gambie refuse de dépénaliser les mutilations génitales féminines
Plusieurs organisations onusiennes, dont l'OMS, l'UNICEF, l'UNFPA et ONU Femmes, saluent la récente décision de la Gambie de maintenir l'interdiction des mutilations génitales féminines (MGF), consistant à retirer une partie ou la totalité des organes génitaux externes féminins. Le 15 juillet, le parlement gambien a rejeté les amendements visant à dépénaliser ces pratiques, malgré les arguments culturels et religieux proposés par certains députés.
« Nous saluons la décision de la Gambie de maintenir l’interdiction des mutilations génitales féminines, réaffirmant l’engagement du pays envers les droits humains, l’égalité des genres et le bien-être des filles et des femmes », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, dans une déclaration conjointe.
La Gambie figure parmi les dix pays avec les taux les plus élevés de MGF au monde, avec 73 % des femmes et des filles de 15 à 49 ans ayant subi cette pratique, selon les chiffres de l’UNICEF pour 2024.
Stagnation de la vaccination infantile mondiale en 2023
En 2023, la couverture vaccinale infantile mondiale a stagné, privant 2,7 millions d’enfants supplémentaires de protections essentielles, selon l’OMS et l’UNICEF. Le taux de vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC) est resté inchangé à 84 %, tandis que la proportion d’enfants non vaccinés a augmenté, atteignant 14,5 millions. Cette stagnation est exacerbée par une couverture insuffisante contre la rougeole, avec seulement 83 % des enfants ayant reçu la première dose et 74 % la deuxième.
Ce contexte préoccupant survient après une période de recul des services de santé due à la pandémie. L'impact est particulièrement sévère dans les 31 pays en situation de fragilité, qui concentrent plus de la moitié des enfants. Malgré ces défis, des progrès ont été réalisés dans la couverture du vaccin anti-HPV, atteignant 27 % des adolescentes dans le monde.
Nigeria : possible épidémie de fièvre jaune
Au Nigéria, une alerte est lancée concernant une possible épidémie de fièvre jaune. Le Dr Jide Idris, directeur du Nigeria Centre for Disease Control (NCDC), a précisé qu’un cas unique confirmé suffit pour déclarer une épidémie. Trois cas suspects ont été signalés dans les États d’Ekiti et de Bayelsa (sud-ouest), avec un décès déjà enregistré. Cette situation survient alors que le pays lutte également contre des flambées de choléra et de fièvre de Lassa.
Les pluies abondantes et les inondations croissantes exacerbent la situation en favorisant la propagation des maladies vectorielles telles que la fièvre jaune, transmise par le moustique Aedes aegypti. Les autorités sanitaires appellent à une vigilance accrue et à une réponse rapide pour contenir cette nouvelle menace sanitaire.
Ensure that you get vaccinated against Yellow Fever. A single dose of Yellow Fever vaccine, which is included in Nigeria’s routine immunization schedule and given at nine months, confers lifelong protection. Yellow fever vaccine is safe and free.#SupportImmunization pic.twitter.com/nCB50RuZYG
— NPHCDA (@NphcdaNG) July 12, 2024
Quant au choléra… c’est l’une des autres maladies favorisées par la saison des pluies. « Au 15 juillet 2024, nous avons enregistré 3 623 cas suspects et, malheureusement, 103 décès dans 34 États ainsi que dans le Territoire de la Capitale Fédérale et 187 zones locales, avec un taux de létalité cumulé (CFR) de 2,8 % depuis le début de l'année. L'âge prédominant affecté est de 5 ans, les hommes représentant 52 % des cas et les femmes le reste », selon le Dr Jide Idris. Il convient de noter que depuis juin 2024, le gouvernement fédéral nigérian, à travers le NCDC, a réagi activement à l'épidémie de choléra, qui a eu un impact significatif sur la santé et le bien-être du pays.
Des inquiétudes ont également été exprimées face à la hausse d’autres maladies épidémiques telles que la fièvre de Lassa et la méningite.
Rougeole en Ouganda et RDC
En Ouganda, une épidémie de rougeole a été confirmée dans le district de Kanungu, touchant principalement les villages de Nyabirehe et Rukarara. Trois cas ont été enregistrés, dont un décès, selon la mise à jour de la plateforme Promed du 17 juillet. Le Dr Birungi Mutahunga, responsable de la santé du district, appelle la population à signaler tout cas suspect. Les autorités locales intensifient les efforts de sensibilisation et organisent des campagnes de vaccination de masse.
MSF a lancé une campagne de vaccination contre la #rougeole depuis samedi 13/07/2024 dans la zone de santé de Banalia (#Tshopo) en appui au @MinSanteRDC. Près de 61 000 enfants de 6 mois à 9 ans sont attendus à cette vaccination dans 4 aires de santé ciblées. pic.twitter.com/OYkz2wzeEj
— MSF RDC (@MSFcongo) July 15, 2024
En République Démocratique du Congo, la situation est plus préoccupante avec plus de 65 000 cas de rougeole enregistrés depuis le début de l'année. Le conflit dans l'est du pays aggrave la crise en perturbant les systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement, et en exacerbant les conditions de vie des populations déplacées. Les restrictions d'accès humanitaire compliquent encore davantage la réponse aux épidémies. La maladie se manifeste par une forte fièvre, une toux, un nez qui coule, un mal de gorge et une éruption cutanée.
RDC : campagne de vaccination étendue contre la polio
En RDC, les autorités sanitaires intensifient les efforts de vaccination face à la résurgence de la poliomyélite. Le Programme Élargi de Vaccination (PEV) a décidé d'étendre la campagne de vaccination jusqu'à 15 ans dans les provinces du Haut-Katanga, du Haut-Lomami et du Tanganyika. Cette mesure vise à contrer la propagation de cette maladie invalidante qui touche désormais aussi les enfants au-delà de 5 ans. La campagne, incluant la sensibilisation médiatique, se déroule principalement de porte-à-porte pour atteindre les enfants concernés. Le gouvernement prévoit d’étendre cette approche si de nouveaux cas sont identifiés, même parmi les adultes.
Cameroun : à Douala, une campagne de vaccination contre la fièvre jaune
Au Cameroun, une campagne de vaccination contre la fièvre jaune à Douala débutera le 24 juillet prochain sous l'égide du ministère de la Santé publique. Destinée aux personnes âgées de 9 mois à 60 ans, l’opération vise à contenir l'épidémie de fièvre jaune qui sévit dans la ville. La campagne se déroulera du 24 au 30 juillet 2024, avec des équipes du ministère de la Santé déployées sur le terrain pour atteindre un niveau de vaccination de 90 % de la population ciblée. Les femmes enceintes et les femmes allaitant des enfants de moins de 9 mois sont exemptées de cette campagne. Le Dr Tchokfe Shalom, Secrétaire permanent du Programme Élargi de Vaccination pour le Littoral, met en garde contre la propagation rapide de cette maladie virale, transmise par les moustiques Aedes.
Ayi Renaud Dossavi
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Article publié le samedi 20 juillet 2024
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