Lundi, 06 Juin 2011 17:14
Les agents de la Loterie nationale du Niger (LONANI) sont inquiets. Ils s'inquiètent sérieusement de l'avenir de leur société et donc de leurs emplois. Et à juste titre. En lieu et place d'un plan de redressement attendu, la Directrice Générale, Madame Talata Rahamatou Alkali s'est lancée dans une entreprise qui risque d'avoir pour principale conséquence de creuser davantage le déficit financier de la société et de renflouer les poches des spécialistes en pillage des ressources publiques.
Depuis plusieurs années et du fait des pratiques de gestion très peu orthodoxes, la LONANI est dans une situat ion financière très difficile avec des arriérés de payement nettement supérieurs à son capital. Avant le coup d'Etat du 18 février 2010, les cadres de la société avaient proposé au gouvernement un plan de sorti de cr ise qui doit passer par une contribution, même indirecte, de l'Etat pour équilibrer les comptes de la LONANI et par la modernisation de sa gestion et de son exploitation. Le plan avait été accepté, mais avant sa mise en oeuvre le coup d'Etat est intervenu suivi de la nomination d'une nouvelle Directrice générale.
Les agents de la société avaient nourri l'espoir que la mise en oeuvre de ce plan se fera très vite puisque la Directrice générale nouvellement nommée est une très proche parente du nouveau chef de l'Etat et doit donc avoir ses entrées dans tous les circuits de l'Etat. Plus le temps passe, plus les agents de la LONANI perdent espoir. La nouvelle Directrice générale, parce qu'elle n'est peut-être pas agent de la société, ne semble pas avoir les mêmes préoccupations qu'eux. L'équilibre des comptes et le redressement financier de la LONANI, elle n'y trouve aucun intérêt. Pour ce qui est de la modernisation de la gestion et de l'exploitation, elle dit attendre de voir plus clair, ce qui lui a pris presque un an.
C'est avec surprise que beaucoup d'agent de la LONANI ont découvert dans le quotidien Le Sahel du 04 janvier 2011 que leur société ''lance un avis d'appel d'offres international dans le cadre de l'informatisation de son exploitation'' et tout particulièrement l'informatisation de toutes les activités en gestion du produit PMU Niger (Paris Mutuels Urbaines). Il n'est jamais trop tard pour bien faire devrait-on dire. Mais en lisant le contenu de l'appel d'offres, on se rend immédiatement compte que l'intention de bien faire n'y est pas. Au lieu de 45 jours, le délai pour le dépôt des offres est ramené à 15 jours (du 4 au 19 janvier).
Acheter le dossier d'appel d'offres, le consulter, étudier le terrain (PMU-Niger est présent sur l'ensemble du territoire nigérien, 1.267.000 km²), évaluer les besoins et monter le dossier pour les offres en 15 jours, surtout pour des entreprises basées en Europe, relève d'une mission impossible. Il est ici important de souligner que pour l'informatisation de la gestion des PMU, les sociétés qui interviennent en Afrique sont toutes basées en Europe, et deux sont les plus actives et les plus reconnues. Après avoir pris connaissance de l'appel d'offres, l'une d'elles s'est inquiétée du délai très court et même du non respect de la procédure de passation de marchés publics. Pour la fourniture d'un service qui nécessite des technologies de pointe, la procédure exige d'abord un appel à manifestation d'intérêt d'un délai de 15 jours, et par la suite appel d'offres d'un délai de 45 jours.
En toute logique donc, vu le service demandé, aucune société ne serait en mesure de faire une offre acceptable dans un délai de 15 jour alors même que les textes (en connaissance de cause) ont prévu plus de 60 jours. Mais, aussi impossible que cela puisse paraître, une société, appelée EDITEC et basée en France, a soumissionné alors même que son concurrent, PMC basée en France aussi, était en train d'invoquer les textes pour obtenir une reprise de la procédure. Le Président du Conseil d'administration de la LONANI, Diambeydou, qui était un ancien Directeur général de la société, était le plus surpris lorsqu'en pleine réunion, la DG informe les administrateurs qu'elle a déjà signé le contrat, alors qu'il s'attendait à ce que lui et ses collègues soient consultés pour la procédure à suivre afin d'éviter les erreurs du passé.
Parce qu'effectivement dans le passé, la LONANI, qui a la charge, au nom de l'Etat, de superviser et de contrôler l'exploitation des salles de jeux, a lancé un projet pilote pour la mise en réseau des salles pour protéger l'intérêt des parieurs et de l'Etat. La société qui a décroché le marché (EDITEC, la même EDITEC) s'est trouvée malheureusement incapable de fournir le service demandé. La LONANI a encaissé les pertes et a été obligée de lancer un autre avis d'appel d'offre pour trouver un nouveau fournisseur. Et la précipitation n'est pas le seul problème dans cette affaire. En parcourant le dossier d'appel d'offres les connaisseurs ont vite fait de relever que la LONANI a complètement tapé à côté en demandant le système d'informatisation qu'elle a demandé. Non pas seulement que EDITEC n'est la société la mieux qualifiée, mais parce que tout simplement le système demandé est obsolète. Les autres PMU qui l'utilisent ont constaté sa défaillance et sont en train de l'abandonné.
Le temps que EDITEC vienne l'installer, PMU-Niger risque d'être le seul à l'utiliser. Quelque chose comme l'histoire du système de téléphonie cellulaire que Madame Bayar, lorsqu'elle était ministre de la Communication de Baré, a introduit au Niger malgré l'opposition des agents de la SONITEL qui savaient que c'est de l'argent qui sera jeté par la fenêtre parque le système est obsolète. Et jusqu'à sa privatisation, la SONITEL ne s'était pas relevé du coup que lui a porté Madame Bayar. C'est le même sale tour que s'apprête à jouer la Directrice générale à la LONANI. Lorsque EDITEC aura empoché son argent et installé un service non opérationnel, elle sera ailleurs.
Parce qu'on ne veut pas contrarier le clan Djibo Salou, va-t-on laisser Madame Talata porter un coup de plus de 1.000.000.000 F CFA à une entreprise, qui financièrement se porte déjà très mal, et la mettre définitivement par terre ? Sans oublier qu’à l’époque des faits, la DG a même passé outre l’interdiction faite par son cousin de n’engager aucune depense en attendant l’installation des nouvelles autorités.
Article publié le lundi 6 juin 2011
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