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8 mars 2009 : Tanella Boni

Il y a eu, ce mardi 20 janvier 2009, quelques instants de pur bonheur pour les quelques deux millions de personnes qui ont fait le déplacement. Et pour le monde vivant l’événement en direct. Braver le temps qu’il fait, le grand froid. Faire fi de la distance et parcourir des milliers de kilomètres, en imagination ou en vrai, pour être là et voir et vivre. Etre là et entendre. Etre témoin de l’instant où le monde s’ouvre au monde et bascule vers l’espoir. L’espoir de vivre une vie meilleure, les pieds sur terre. Deux millions, non, pas une foule informe. Deux millions d’individus. Chacun saisi par l’espoir de vivre. L’espoir, mot mille fois gravé, répété, intériorisé. Même par les plus sceptiques, désabusés par huit années Bush, sortis du fond de la déprime d’une crise mondiale toujours d’actualité. Comment chanter l’espoir et remettre au goût du jour quelques valeurs qui refondent l’humanité au moment même où tout va si mal ? Peut-être faut-il parier sur l’avenir. Personne ne sait ce qui attend le monde demain. Personne ne sait ce qui arrivera à chacun demain, qu’il vive aux Etats-Unis d’Amérique ou ailleurs, au bout du monde. Parier sur l’avenir. C’est le sens de la magie de quelques instants inoubliables. Instants de pur bonheur. Instants fugaces qui autorisent le transfert d’énergies positives à ceux qui doutent encore. Instants de bonheur qui permettent de soulever des montagnes !
Le nouveau président des Etats-Unis ne tombe pas du ciel, peu s’en faut ! Il vient de loin. Yes we can ! Ce n’est pas rien, pas seulement un slogan de circonstance. Mais un concentré de méthode Obama. Car il s’est levé de bonne heure, à l’heure de l’information et de la communication. A l’heure du temps réel. Il a mesuré ses ressources intérieures aux forces des vents contraires qui secouent le monde. Il n’est ni ange ni messager providentiel qui viendrait ordonner le chaos. Voilà pourquoi il nous interpelle. Pour le rendez-vous avec l’histoire. Cette histoire qui bifurque de sa trajectoire supposée, s’écarte de quelques idées reçues, bat en brèche le déjà vu, ouvre les portes de l’inconnu pour mieux s’écrire avec le premier président Noir des Etats-Unis. Et celui-ci est en train de montrer au monde, par son attitude positive d’unité dans la diversité, que la couleur de la peau est, tout compte fait, si peu de chose, même si des milliers d’individus s’y accrochent encore, au 21ème siècle. Son discours d’investiture nous invite à dépasser les clivages religieux, les peurs entretenues, toutes les petitesses et les calculs d’humains vivant dans leur bulle vide d’humanité, regardant l’autre en chien de faïence, comme la menace immédiate…Si personne ne voit la vie en rose, peut-être faut-il parier sur la gerbe arc-en-ciel qui préfigure la naissance de l’espoir ? Parier et s’en tenir à ce pari, malgré tant d’incertitudes…
Tanella Boni
21 janvier 2009


Article publié le jeudi 5 mars 2009