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Véronique Abt : 8 Mars 2007

Pour répondre à vos questions, je pense que malheureusement, le fossé entre les hommes et les femmes loin de se combler, est en train de se creuser à l'heure actuelle du fait d'un retour dans de nombreux pays à des valeurs archaïques issues du passé, faisant complètement abstraction d'une émancipation qui pourtant avait commencé à se faire jour durant une période. Si la femme a un rôle fondamental à jouer dans toute société, tant qu'elle sera considérée comme un sous-individu incapable de réfléchir par elle même et incapable d'assumer sa vie de façon autonome sans le dictat d'un père ou d'un frère, les choses resteront en l'état, c'est à dire des société où les individus de sexe masculin exercent un contrôle permanent sur les individus de sexe féminin au nom de valeurs désuètes comme l'honneur ou la vertu. Les femmes font souvent preuve de beaucoup de ressources et d'imagination pour se sortir de situations économiques difficiles, pourquoi se priver de cette force? et pourquoi ne pas les considérer comme des individus à part entière, libres de mener leur vie à leur guise?

Bien sur, l'éducation est un des facteurs fondamentaux d'une évolution. Pourquoi envisager un type d'éducation qui s'adresserait plus spécifiquement aux femmes? Je ne suis pas d'accord. L'éducation doit au contraire faire comprendre que chaque individu, qu'il soit homme ou femme, a les mêmes droits, les mêmes capacités. S'il doit y avoir une éducation plus spécifique, ce serait celle de parents réticents à scolariser leur fille, une information visant à leur faire comprendre que ni eux, ni leur fille ne seront en danger du fait de l'accès à l'instruction. Si l'on part du principe que les femmes doivent avoir une instruction plus spécifique, c'est encore une fois considérer qu'elles ne sont pas des citoyens à part entière.

Je crois que si l'éduction peut contribuer à changer les mentalités elle n'est pas suffisante. Pour cela, il faudrait un travail et une information à tous les niveaux de la société: associations, médias etc...Une fille qui reçoit une instruction se retrouve néanmoins dans sa famille confrontée à des mentalités traditionelles du fait souvent de l'illetrisme des parents. Elle aura beau être éduquée, les vieux réflexes ont la vie dure et elle sera beaucoup plus sollicitée qu'un garçon pour participer aux taches ménagères, pour se marier afin de ne pas rester à la charge de ses parents, bref, elle restera souvent un objet dont on décide comment orienter la vie. Il faudra encore quelques générations à mon avis avant que les choses ne changent à condition que la tendance actuelle au retour de l'intégrisme religieux ne mette un frein fatal à cette évolution

Véronique Abt


Article publié le jeudi 8 mars 2007