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Tchin Darré, ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique | Photo: DR Bien qu’on claironne à tout va que le secteur de la santé au Togo pète la forme, il existe des situations qui prouvent le contraire. Et si ces situations perdurent, il ne serait pas surprenant que des paramédicaux décident une fois encore de déposer le bistouri, et que des candidats finissent par hausser le ton pour obliger le ministère et donc l’Etat togolais à proclamer les résultats du dernier concours national du secteur de la santé.
Lorsque le 2 mai 2024, les opérateurs paramédicaux avaient adressé un courrier dont l’objet portait « cessation des activités d’intervention chirurgicale » à compter du 20 mai suivant, les responsables sanitaires avaient cru à un canular. Et c’est quand, deux jours après expiration de la date prévue, la menace a été mise à exécution que les autorités avaient compris que c’était sérieux. La preuve, le mouvement n’a été stoppé qu’après la prise d’un arrêté accédant aux revendications desdits opérateurs paramédicaux. Dix-neuf (19) centres dans lesquels les paramédicaux opèrent par délégation sous le couvert de chirurgiens étaient concernés.
« Nous venons très respectueusement porter à votre connaissance que la fonction d’opérateurs paramédicaux a débuté dans l’informel depuis les années 1980 dans un environnement courtois. Cette fonction, malheureusement, continue sa route dans l’informel à travers le temps et l’espace. Ainsi, à ce jour, 70 opérateurs paramédicaux continuent d’offrir leurs services chirurgicaux au profit d’une population togolaise qui parfois, en retour, brandit des menaces d’ordre judiciaire à l’endroit des prestataires que nous sommes. La chirurgie étant un domaine très sensible, hautement technique et un acte médico-légal pouvant nous faire interpeller à tout moment devant les juridictions, même à la retraite, nous, opérateurs du centre hospitalier de X [Ndlr, nom tu], après plus de six mois de silence à notre demande d’une autorisation formelle pour la prise en charge des urgences chirurgicales, avons le regret de vous informer de notre retrait de cette fonction d’opérateurs paramédicaux à compter du 20 mai 2024. Nous tenons cette fois-ci à réintégrer totalement nos fonctions traditionnelles respectives comme l’exigent nos cahiers de charge. Nous tenons à réitérer notre disponibilité à travailler ensemble pour le bien-être du centre… ». Tels étaient les griefs des opérateurs paramédicaux.
Devant la détermination des frondeurs qui ont massivement suivi le mouvement « zéro bistouri », le ministère de tutelle a revu à la baisse sa rigidité légendaire. Par un arrêté interministériel n°206/2024/MSHP/MEF du 26 juin 2024, une prime spéciale mensuelle a été accordée aux professionnels paramédicaux effectuant des actes chirurgicaux et de gynéco-obstétriques. « Une prime spéciale mensuelle de trente mille (30.000) francs CFA est accordée aux professionnels paramédicaux effectuant, à titre exceptionnel et sous la supervision d’un chirurgien généraliste et/ou d’un gynécologue obstétricien, des actes de chirurgie générale et de gynéco-obstétrique dans les formations sanitaires publiques périphériques avec antenne chirurgicale ne disposant pas de médecins spécialisés en chirurgie générale ou en gynéco-obstétrique », a bien indiqué l’article premier dudit arrêté.
Mais des informations font état de ce que dans certains centres, des directeurs d’hôpitaux refusent de payer la prime de 30 000 FCFA décidée par l’arrêté interministériel. Dapaong, Tsévié, Badou, Mango et d’autres centres seraient dans le cas.
A Atakpamé, c’est carrément à une mutation à laquelle des opérateurs paramédicaux ont été soumis. Pour avoir tout simplement suivi le mouvement. Le 20 août 2024, le Directeur du CHR d’Atakpamé, Bamazi Paowa, a pris une note de service n°554/2024/MSHP/SG/CHR-AT dans laquelle il a décidé de la mutation pure et simple de deux des agents y travaillant. Un Technicien supérieur de santé est muté au service de pédiatrie pour y servir. Alors qu’il exerçait précédemment au service de gynécologie-obstétrique. Un autre, également en gynécologie-obstétrique, est muté au service de médecine générale.
Une autre situation dommageable a été constatée dans certains centres. Plutôt que d’établir la liste des opérateurs sur proposition des chirurgiens, certains directeurs ont produit seuls ladite liste sans consulter les chirurgiens de leurs centres.
Les résultats du concours, une arlésienne
Mi-mai 2024, un concours à l’attention des élèves-professeurs a été lancé. La date limite de dépôt de candidatures a été fixée au 28 juin et les épreuves écrites ont eu lieu le 10 juillet dernier. Mais déjà le 24 août dernier, les résultats ont été proclamés.
Dans le même temps, le secteur de la santé, à travers son ministère, a lancé un concours national pour le personnel de la santé. C’était le 17 juin 2023. A la différence du secteur de l’éducation, plus d’un an après que les candidats ont concouru, aucun résultat n’est toujours disponible.
Et pourtant, le manque de personnel est un phénomène qui leste la qualité des services dans les centres de santé. D’ailleurs, c’est par manque de personnel adéquat que des opérateurs paramédicaux posent des actes réservés aux médecins. Mais les autorités qui donnent l’impression de rénover ou de construire de nouveaux centres de soins, ne semblent pas touchées par ce laxisme qui ne dit pas son nom. Autant informer les candidats si aucune suite ne leur sera donnée.
On a beau doter des centres de quelques ambulances et rénover des centres de soins, mais du moment où le personnel est en manque, on se demande comment les populations pourront tirer le meilleur parti de ces investissements.
Godson K.
Source: libertetogo.tg
Article publié le mardi 17 septembre 2024
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