Yodelice est passionné de musique. Il pourrait parler pendant des heures d’un effet inattendu obtenu avec un instrument ou de sa passion pour une boîte à rythme. Aussi, lorsqu’on lui demande s’il a été inspiré par des musiciens lorsqu’il composait son nouvel album – à Paris où il vit, et Los Angeles et Milan, où l’avaient appelé des engagements – la réponse de celui qui préfère parler de sa musique plutôt que de lui-même, fuse : "Aucun. J’évite d’écouter de la musique et d’aller au concert quand je compose. J’ai besoin d’être dans ma bulle."
Une bulle qu’on imagine à Spookland, son studio de musique, nommé ainsi en référence au pays imaginaire d'où provient Yodelice, que son créateur, de son vrai nom Maxime Nouchy, a inventé en 2009. Car Yodelice est passionné par les objets musicaux. "Je suis un fanatique d’instruments, de micros, de prise de son, d’amplis, de synthétiseurs, boîtes à rythme… Tout ce qui touche au studio. J’ai une fascination presque fétichiste de l’objet, ça compte énormément pour moi". What The Cure ?, son nouvel album, constitué de douze morceaux en anglais (dont Desert Song, un morceau instrumental) délicieusement rock et glacés, en est une pure illustration.
Expérimentations
Pour la première fois, son batteur est une boîte à rythme. Et pas des moindres, nous explique-t-il : "la TR 808". Une machine aussi bien utilisée par Mickaël Jackson que Marvin Gaye. "Elle a un groove bien à elle, qui n’est pas la même qu’une programmation sur un sampleur ou un ordinateur. Son groove extrêmement binaire peut sembler glacial. Y mêler mes riffs de guitare, qui viennent du blues et de l’americana, produit un mélange étrange".
Cette atmosphère est renforcée par une nouvelle collaboration. Celui dont la quête artistique consiste à "être dans une zone d’inconfort" a fait appel au producteur et musicien Gesaffelstein (Miss Kittin, Kanye West) dont la signature est l’utilisation de synthétiseurs froids et de basses lourdes. "J’ai voulu aussi comprendre comment la musique électro fonctionne et c’est l’un des plus doués de sa génération dans cette musique. C’était très intéressant de m’instruire auprès de lui avant de mettre mes propres boîtes à rythmes".
En conséquence, une friction heureuse sur tout l’album entre le son des guitares et l’impact des machines, des boîtes à rythmes et basses synthétiques. Une démarche – réussie – totalement novatrice pour l’artiste. "J’ai un amour et une affection particulière pour la musique des années soixante-dix, du rock au funk au blues, à la folk. Cela m’a bercé. J’ai passé beaucoup de ma carrière à essayer de reproduire cette musique que j’aime du fond du cœur. Aujourd’hui ma démarche est différente, je suis en quête de mariages qui se font peu ou pas, d’expérimentations".
Yodelice, What's The Cure ? (Spookland) 2024
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Article publié le vendredi 25 octobre 2024
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