Pour Nassirou Diallo, c’est moins le contenu des propos de l’imam qui est problématique que le lieu et le moment où ils ont été tenus : « La gravité de ses propos tient moins à leur contenu, déjà entendu dans d’autres contextes, qu’au cadre et à la qualité de la personne qui les a tenus. En effet, ce genre de mots peut être prononcé dans un contexte de cousinage à plaisanterie, une tradition bien connue en Guinée. C’est ainsi qu’on entend parfois : « Les Labékas sont des Yamfantés », « Les Mamoukas sont des voleurs », « Les Kohinkas ont planté des morceaux de sucre » ou « ont cuisiné pour des véhicules », « Les Télémilékas sont des marabouts »… Ce sont des taquineries, dans le cadre d’un cousinage à plaisanterie entre groupes ethniques ou régionaux : entre Diallo et Bah, Sow et Barry, etc. Cela fait partie du tissu socio culturel guinéen et n’a rien de méchant lorsqu’il est dit dans un cadre amical et codifié. Mais dans ce cas précis, ce qui choque profondément, c’est le contexte et le profil de la personne concernée. Il ne s’agissait pas d’une blague entre amis. L’imam a tenu ces propos du haut du minbar, à l’occasion du sermon du vendredi, dans un cadre religieux solennel. Cela est non seulement déplacé, mais aussi inacceptable, car cela a profondément heurté la sensibilité de toute la population de Labé, tant sur place qu’à l’étranger. Labé est une région administrative composée de cinq préfectures : Lelouma, Tougué, Mali-Yembering, Koubia et Labé-Centre. Je renouvelle donc mon appel à l’imam pour qu’il fasse le premier pas en présentant ses excuses publiques. Ce n’est qu’à partir de là que je me joindrai à lui pour lancer un appel commun, avec les autorités locales, à la réconciliation et au pardon collectif. »Concernant la décision des autorités religieuses de sanctionner l’imam Baldé, Nassirou Diallo la juge justifiée et mesurée. « À la suite de cette sortie controversée, les autorités religieuses, au plus haut niveau, ont pris la décision de le sanctionner. Il lui a été interdit non seulement de prêcher, mais aussi d’accéder à la mosquée dans laquelle il a tenu ces propos. Cette mesure peut sembler sévère, mais elle reste pédagogique et vise à lui faire comprendre la gravité de ses actes. Il faut le souligner : cette décision ne signifie pas qu’il a été exclu de la religion musulmane, ni qu’il lui est interdit de prier ailleurs. Il est libre, par exemple, d’aller prier à la grande mosquée de Labé ou dans toute autre mosquée. L’interdiction est limitée à la mosquée dans laquelle il a tenu ses propos, et elle vise à protéger la cohésion sociale. Car au-delà de l’aspect religieux, deux dimensions fondamentales ont été affectées par ses propos. »Dans un contexte où l’affaire continue d’alimenter les réseaux sociaux, Nassirou Diallo appelle à la retenue et à la lucidité. « Malgré cela, il faut reconnaître que l’imam bénéficie de soutiens, notamment sur les réseaux sociaux. À ce niveau, je lance un appel à tous les Guinéens : restons lucides. L’imam est un des nôtres. Ceux qui ont pris des décisions sont aussi des nôtres. Quand un incident survient entre nous, évitons de tomber dans l’émotion ou le suivisme aveugle. Je comprends que chacun puisse avoir son opinion, mais il est essentiel de connaître la profondeur du sujet avant de se positionner. Ne jetons pas d’huile sur le feu. Invitons au calme, au pardon et à la réparation. C’est à ce prix que nous préservons notre tissu social et religieux. »
Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com
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Article publié le lundi 21 juillet 2025
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