guinee

Accueil
guinee

Crise de liquidité et ses corolaires: Dr Faya parle (entretien) – Africa Guinee

Traduction
Augmenter la taille de la police Diminuer la taille de la police print send to Comments
Lectures : 22

 : CONAKRY – En Guinée, face à la crise de liquidité qui s’installe peu à peu, certains acteurs de la classe politique s’en prennent à la gestion du Premier ministre Amadou Oury Bah et de son gouvernement. C’est le cas du président du Bloc Libéral, qui dénonce une gestion unilatérale par des responsables ayant montré leurs limites. Dr Faya Milimouno indexe aussi l’origine de la crise de liquidité. Entretien.

AFRICAGUINEE.COM : Le Premier ministre a reconnu la crise de liquidité qui s’installe peu à peu en Guinée. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?

DR LANSANA FAYA MILLIMOUNO : Nous sommes aujourd’hui dans une situation critique. Bah Oury est quelqu’un pour qui j’ai longtemps eu beaucoup de respect. C’est une personne qui m’a beaucoup inspiré, du moins lorsqu’il était encore dans le combat. Aujourd’hui, il est Premier ministre, chef du Gouvernement. Tout ce qui se fait, il en est comptable.

À votre avis, concrètement, qu’est-ce qui a provoqué cette situation ?

C’est le manque de maîtrise du système économique et financier. On dépense l’argent dès qu’on le voit, sans réfléchir. Tous les déplacements à l’intérieur du pays, ce sont des billets qu’on sort et qu’on dépense sans tenir compte de ce qu’il y a réellement, ni d’une quelconque orthodoxie financière. Voilà ce qui nous a conduits à cette situation.

Je pense que si le chef du gouvernement en a parlé, c’est parce que ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Sa démarche ne vous convainc pas ?

Il y a quand même une certaine honnêteté dans sa communication. S’il en a parlé publiquement, c’est parce que la situation est grave. Mais tout le monde sait aussi qu’il est Premier ministre, chef du gouvernement, sans pourtant rien maîtriser.

Prenez par exemple la dernière conférence de presse conjointe de deux porte-paroles, l’un du gouvernement et l’autre de la présidence : ils sont venus le recadrer publiquement. Cela montre que Bah Oury n’a même pas le poids.

Et il faut dire les choses comme elles sont : aujourd’hui, rien ne va. Nous avons des hommes et des femmes intelligents, mais qui gèrent la Guinée avec une telle suffisance qu’ils estiment ne pas avoir besoin de consulter les autres. Et ce qu’ils sont en train de faire, quand nous en découvrirons toutes les implications, nous risquons de regretter les années du CNRD comme aucun autre régime n’a jamais été regretté en Guinée.

En tout cas, tout cela montre bien qu’ils vont chercher une solution, mais elle ne sera pas orthodoxe. Ce sera une solution de facilité : faire tourner la planche à billets. On injectera de nouveaux billets parce qu’il y a pénurie.

Il y a aussi un autre facteur : aujourd’hui, vu la manière dont l’économie guinéenne est gérée, personne n’a confiance dans le système bancaire. Même pour déposer son argent, les gens hésitent. Il suffit de voir les opérations de virement du 1er au 5 de chaque mois dans une banque quelconque pour se rendre compte de la misère : chacun veut retirer ce qu’il a et le garder autrement.

Qu’est-ce que cela pourrait avoir comme corolaire ?

Cette pénurie pourrait donc mener à recourir à la planche à billets, ce qui ferait chuter le pouvoir d’achat. Et dans les mois à venir, il ne serait pas étonnant d’entendre les syndicats réclamer une augmentation de salaire. Or, ce n’est pas cela la vraie solution.

Entretien réalisé par Siddy Koundara Diallo Pour Africaguinee.com

 

Créé le 10 juin 2025 08:51
Article publié le mardi 10 juin 2025
22 lectures

Accès rapide

Infos par pays