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? Le maire s’explique
mercredi 17 juin 2009
par Bertrand Gueu
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Le ciel était sombre, ce mardi, à notre arrivée à Grand-Bassam, la ville historique. Mais quant aux habitants, tous avaient croisé les doigts pour implorer Dieu de leur éviter la pluie cette journée. Hélas, leur prière n’a pas été entendue. Car vers 9 heures, il a commencé à pleuvoir. Ce sera encore une autre journée pénible pour Ibrahima Traoré et sa famille. Du fait des pluies diluviennes qui s’abattent sur cette ancienne capitale coloniale, de nombreuses concessions sont inondées d’eau. Et Ibrahima ne sait plus où dormir. Tout est immergé. " C’est dur pour nous ", s’est-il contenté de nous répondre. Et il retrousse son pantalon pour rentrer chez lui. L’eau lui arrive au genou. Quant à ses enfants, il est obligé de les transporter sur ses épaules. Adro Suzanne traverse cette même situation. Le morceau de pagne qu’elle a porté est tout trempé. Elle nous montre ses orteils. Entre ses orteils, ce sont des rougeurs. " Voyez-vous, le fait que je sois constamment dans l’eau m’a donné des pieds d’athlète ", explique-t-elle. " Aidez-nous, sinon on va mourir ", ajoute cette dame qui a, à sa charge quatre enfants. Les toilettes sont inondées, plus de place pour dormir dans les maisons, les populations de Grand-Bassam sont dans la détresse. Un tour fait au Groupe Scolaire Ablé au quartier Congo nous convainc de l’ampleur des dégâts. L’école s’est littéralement transformée en un lac. Les élèves sont donc contraints de rester chez eux en attendant que l’eau tarisse. Au quartier Bomakoté, le même décor. Le petit marché est inondé. Les commerçantes ne peuvent plus vendre. Les automobilistes sont bloqués. Parcourir les ruelles du quartier Impérial les oblige à faire de nombreux détours. Tous se rabattent sur les voix principales. A la mairie de Grand-Bassam, une permanence a été mise en place à l’effet de porter secours aux populations. Déjà, une équipe est à pied d’?uvre pour déboucher les canaux d’évacuation d’eau. Pour les populations interrogées, la solution réside dans la création des caniveaux. Car la ville de Grand-Bassam en dispose peu. " Il faut que la mairie fasse des caniveaux ", suggère Ibrahima Traoré. Mais tout n’est pas aussi simple qu’on ne le pense. Car la géographie de la ville constitue un véritable handicap. Pour M. Bakayoko Kassoum, chef du Service technique à la mairie de Grand-Bassam, il n’y a pas lieu de s’alarmer. " Il y aura des poches d’eau. Mais dès que la pluie cesse, l’eau s’infiltre très rapidement ". Toutefois, il reconnaît qu’il existe un réel problème d’exutoire à Grand-Bassam. Le terrain est plat. Et le manque de pente constitue un véritable obstacle dans la réalisation d’ouvrages de canalisation. " C’est très coûteux. Il faut que l’Etat nous vienne en aide ", plaide M. Bakayoko Kassoum. Mais en attendant, la mairie a déjà réalisé des canaux de drainage d’eau pluviale d’une longueur de 1500 mètres linéaire. " Nous envisageons d’en construire d’autres. D’ailleurs, le marché a été attribué à une société après un appel d’offres ", affirme le chef du Service technique.
M. Jean-Michel Moulod(Député-maire de Grand-Bassam) :
" Il y a des projets qui dépassent notre compétence "
Monsieur le maire, des populations sont dans la détresse à la suite des inondations qui ont été provoquées par ces pluies diluviennes. Et le constat c’est qu’elles vous accusent de ne pas réaliser des canaux d’évacuation. Quelle est votre réaction par rapport à cela ?
Il faut d’abord dire que la situation de Bassam n’a pas du tout l’ampleur de ce qu’on connaît sur Abidjan. Il faut ajouter aussi que Bassam est une zone totalement plate. Il y a très peu de dénivelés. Ce qui va expliquer la stagnation des eaux. Il faut savoir que la plupart des eaux à partir de l’aéroport coule vers Bassam. Ce qu’il faut donc, ce sont de grands travaux d’assainissement pour qu’on puisse collecter ces différentes eaux dans des grands canaux comme ce qu’on a essayé de faire au niveau du lycée. Il faut aussi déplorer le fait que beaucoup de nos parents ont construit des maisons en obstruant les cours d’eaux qui existaient à Bassam. C’est pourquoi vous voyez parfois des constructions inondées, parce qu’il faut que l’eau passe quelque part. Pourtant, on a fait quand même des caniveaux, malheureusement nos populations les transforment en dépotoirs. Déjà quand vous avez des pentes faibles et que vous obstruez les caniveaux, il va sans dire que vous aurez d’énormes problèmes. Actuellement les programmes que nous faisons portent sur le bitumage de certains quartiers tels que Petit-Paris, le Phare pour aboutir sur le boulevard Félix Houphouët Boigny. Cela fait près de 1900 mètres. Là, on va veiller à faire chaque fois des caniveaux parce que la route bitumée est une route définitive.
Selon vous, la réalisation des grands ouvrages que vous évoquiez doit relever de qui ?
Aujourd’hui, le programme d’assainissement sur Bassam dépasse les deux milliards. C’est trois milliards de francs Cfa minimum. Cela fait partie de ce que nous attendons de l’Etat pour structurer l’espace économique de Grand-Bassam. Il y a des projets qui dépassent les compétences du maire ou du Conseil général. La voie express Abidjan-Bassam dont vous avez entendu parleret qui faciliterait surtout les retours de week-end de nos populations et des touristes qui viennent sur Bassam et même au-delà. Ces retours sont très longs et pénalisent le tourisme alors que c’est notre première industrie ici. L’embouchure, on n’en parle pas beaucoup, mais son ouverture définitive nécessite la création d’un mini-canal de Vridi pour que l’embouchure, depuis le grand fleuve de Comoé, soit ouverte en permanence. C’est ce que nous attendons de l’Etat, parce que c’est 12 ou 13 milliards que cela exige. Notre troisième point, c’est l’assainissement. Comme notre zone abrite maintenant le Village des Nouvelles Technologies, il faut créer un environnement des plus sains. Et puis aujourd’hui, tout le monde à Abidjan veut avoir un lot à Bassam. Donc il faut créer cet environnement, parce que l’assainissement fait partie des choses que nous attendons de l’Etat. Nous avons fait un plan détaillé d’urbanisme. Il y a le plan d’urbanisme du Grand Abidjan qui s’étend jusqu’à Bassam. Et là-dedans, il est prévu de grands caniveaux. Il faut pouvoir le mettre en place. Ce qui fait que les opérateurs qui vont devoir venir faire des opérations immobilières, nous allons veiller à ce que leurs projets soient bitumés avec des caniveaux. Mais l’eau coule pour aller où ? Comment nous allons collecter ces eaux ? Donc à côté nous allons faire un véritable plan hydraulique.
Où en est-on avec le dossier relatif au classement de Grand -dans le patrimoine mondial de l’Unesco ? Malheureusement ce projet, on n’en parle pas assez. Ce dossier était un dossier important. C’est un dossier de l’Etat. C’est la Côte d’Ivoire qui dit donc au monde que nous avons un site qui nous paraît avoir une valeur universelle. C’est-à-dire que l’humanité peut s’approprier ce site comme étant le site d
Article publié le mercredi 17 juin 2009
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