:Danger à l’horizon. C’est la sonnette d’alarme que tire le général Kili Fiacre, nouveau Directeur général de l’Office national de la protection civile. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le patron de l’Onpc met à l’index les bâtiments publics qui menacent la sécurité des populations et révèle sa stratégie pour la prévention des catastrophes.
Vous êtes le nouveau Directeur général de l’Office national de la protection civile (Onpc). Une vieille structure de l’Etat qui est malheureusement peu connue des usagers. Quelles sont les missions assignées à votre structure?
C’est vrai que l’Office national de la protection civile date de 1961. C’est aussi vrai que par rapport à d’autres structures de l’Etat, l’office est peu connu du grand public. Son rôle, son organisation, ses actions sur le terrain ne sont pas très bien connus du grand public. Je voudrais saisir cette occasion pour vous dire que l’Onpc est un EPN (Etablissement public national) placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. C’est un office qui a connu plusieurs tuteurs. Il est né au ministère de l’Intérieur, il s’est retrouvé à un moment donné au ministère de la Défense, il es revenu au ministère de l’Intérieur. Mais je pense que, puisqu’il s’agit de protection civile, l’office doit donc revenir au ministère de l’Intérieur qui a en charge l’administration du territoire. Nous devons la création de cet office à la célébration de la 19ème Journée mondiale de la protection civile qui est faite chaque année à la date du 1er mars. Cette année, le thème retenu par le siège à Genève est : « Information préventive et technique de communication. » C’est pour montrer à quel point l’information est un élément important au niveau de la prévention des risques.
Vous faites certes la prévention, mais on ne voit pas l’Onpc sur le terrain que lorsqu’il s’agit de faire des dons après les sinistres.
Nous faisons de la prévention et souvent des visites de sécurité sur le terrain. Nous associons la presse lors de ces visites. Malheureusement, certains organes ne répondent pas à nos invitations. Faire de la prévention, c’est quoi ? C’est prévenir les risques. En ce qui concerne l’un des secteurs clés de nos activités, nous faisons des visites mensuelles dans un établissement public que nous choisissons. Ça peut être un bâtiment administratif ou une unité industrielle. Depuis que j’ai pris service, nous avons visité l’hyper marché Orca Deco à Marcory, le Forum des marchés d’Adjamé, l’immeuble La Pyramide au Plateau, le Centre de commerce international d’Abidjan (Ccia) etc... A la faveur du premier Championnat d’Afrique des nations (Chan), nous avons visité le stade Félix Houphouët Boigny et le stade municipal de Bouaké.
Qu’avez-vous constaté au cours de toutes ces visites ?
D’abord la commission sécurité qui s’y rend est constituée de tous les acteurs qui interviennent dans la construction et l’électrification du bâtiment. Ce que nous constatons est consigné dans un procès verbal avec la liste de présence. Nous faisons, dans le procès verbal, la description sommaire de l’établissement, nous faisons des constats et des prescriptions aux gestionnaires de l’immeuble ou de l’établissement visité. Un délai lui est accordé pour se mettre en règle. Je le disais tantôt, l’Onpc est une structure d’audit et de conseil. Nous faisons ce travail chaque mois. Aujourd’hui, des dispositions sont en train d’être prises pour que des travaux soient réalisés au Forum des marchés d’Adjamé. Mais c’est parce que la commission sécurité (Immeuble au Plateau) y est allée. On a visité la Pyramide et nous attirons l’attention de l’autorité qui doit prendre la décision. Nous avons écrit noir sur blanc que cet immeuble ne doit pas être ouvert au public. Il y a de réels dangers pour les usagers. Ce n’est pas nous qui prenons la décision, mais nous attirons l’attention des pouvoirs publics.
On peut dire que vous prêchez dans le désert puisque, malgré vos mises en gardes, La Pyramide reste toujours ouverte au public.
On a fait la visite de cet immeuble le mois dernier et nous avons consigné tous les dangers dans un procès verbal que nous avons envoyé à qui de droit.
Quelles sont les autres voies qui s’offrent à vous ?
Pour le moment, nous attendons. Le ministre qui est en charge de la gestion du patrimoine de l’Etat est face à ses responsabilités. Ce n’est pas le rôle de l’Onpc de prendre la décision de la fermeture d’un édifice public. Chacun joue sa partition dans la sécurisation de nos immeubles. Nous faisons les constats et nous attirons l’attention des autorités sur les dangers et les risques de la fréquentation de tel ou tel bâtiment. Le rôle de l’office s’arrête là.
L’Oser (Office de la sécurité routière) qui est aussi une structure de l’Etat fait en même temps la prévention et la répression. Pourquoi pas vous?
Chacun agit conformément aux textes qu’il trouve. Il faut un cadre légal. Le décret de 1979 sur la sécurité dans les établissements recevant du public qui a institué la commission de sécurité a été signé dans un cadre légal. L’Oser verbalise et fait des contraventions pour excès de vitesse, ça s’arrête là aussi. Chacun agit conformément à ses attributions.
A propos de prévention, que fait l’Onpc contre les constructions anarchiques qui poussent comme des champignons à Abidjan avec les nombreux quartiers précaires exposés aux inondations et autres incendies?
L’Onpc est membre de la commission du permis de construire. Mais c’est une question qu’il faut poser au directeur du permis de construire. C’est vrai que la sécurité de la population est mise en jeu quand les bâtiments ne respectent pas les normes de sécurité. Nous le faisons régulièrement surtout dans les bâtiments recevant du public. Le problème ici, c’est que nous n’avons pas de structure qui s’occupe de l’entretien des bâtiments publics. Ce n’est pas comme en Europe où on peut avoir des bâtiments qui ont des siècles et qui sont toujours en bon état. Je vous invite à visiter la cité administrative (au Plateau) avec les problèmes d’ascenseurs qui se posent dans les tours. Nous attirons toujours l’attention des gestionnaires de ces immeubles. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec la Sogepie (Société de gestion du patrimoine immobilier de l’Etat, Ndlr).
S’il y a un phénomène récurrent en Côte d’Ivoire, ce sont les incendies de marchés et de bâtiments publics (Trésor, Assemblée nationale, palais de justice...) Malheureusement, les enquêtes pour élucider ces sinistres n’aboutissent jamais. Comment expliquez-vous cela ?
C’est la police qui peut répondre à cette question. Ici, nous sommes à l’Office national de la protection civile. Je ne veux pas empiéter sur les compétences de la police nationale, même si c’est le corps dont je suis issu. Chacun reste dans le domaine de ses compétences.
Aujourd’hui, où en êtes-vous avec votre plan de stratégies ? Quelles en sont les grandes lignes?
La primeur sera d’abord accordée au ministre de l’Intérieur. Lorsqu’il l’aura validé, on va l’annoncer et le communiquer à la population pour que chacun y trouve son compte. Dans ce plan, il y a le rôle de l’Onpc, il y a également le rôle des collectivités territoriales qui ont des pouvoirs en matière de protection civile. Nous voulons juste attirer leur attention sur la nécessité qu’il y a pour des collectivités territoriales, notamment les conseils généraux, de créer ce qu’on appelle en France, un centre de secours et d’incendie, de telle sorte que si par exemple, le marché de Sassandra brûle, on n’attendra plus que les sapeurs pompiers soient obligés de partir d’Abidjan parce que le temps est un facteur important pour lutter contre le feu.
Le chef de l’Etat a créé une cellule présidentielle en charge des catastrophes. Quels sont vos rapports avec cette cellule ?
Cette cellule a été créée à l’occasion du déversement des déchets toxiques mais elle est alimentée par des structures qui sont en dehors de la préside
Article publié le lundi 2 mars 2009
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