:Abidjan — La gestion des ordures et l'insalubrité d'Abidjan préoccupent les maires qui se sont rendus à Attiékoi. La gestion des ordures ménagères et la lutte contre l'insalubrité préoccupent les Ivoiriens, le Gouvernement et les 13 maires du district d'Abidjan. Devenue pratiquement une question insoluble par le jeu des intérêts antagonistes, la propreté de la capitale économique de Côte d'Ivoire a éprouvé et emporté plus d'un ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, de l'Environnement et des Eaux et Forêts, d'un maire central et gouverneur de district.
La coordination des maires du district d'Abidjan a remis au goût du jour un vieux projet «l'opération Abidjan ville propre». On note également l'avènement du programme des urgences urbaines de la Banque mondiale, dans son volet «salubrité». Il était donc urgent de voir comment, après avoir enlevé les ordures, il était possible de les traiter et même les recycler pour éviter les nuisances et menaces sur la nappe phréatique.
Le centre d'enfouissement technique qui, après un premier rendez-vous manqué avec les populations d'Attingué, se trouve désormais logé à Attiékoi (à 25 km d'Abidjan) en allant à Alépé, a reçu la visite de la coordination des maires du district d'Abidjan et des journalistes.
Cette visite guidée s'est faite sous la conduite de l'opérateur technique Pisa Impex, qui attend l'aval du gouvernement pour lancer véritablement les travaux de construction. Les fondations que la délégation a visitées et les données techniques du futur centre d'enfouissement technique qui sera bâti sur 123 hectares, préfigurent des lendemains meilleurs.
Ce centre va protéger la nappe aquifère, notamment la nappe phréatique et l'environnement. Il comportera 15 fosses de 6 ha chacune ayant 3 ans de vie. Chacune comprendra des casiers où seront traitées 500.000 tonnes d'ordures. Chaque fois qu'une fosse sera remplie au 3/4 , on en creusera une autre. Les casiers, une fois plein, seront végétalisés. Les fosses compartimentées en alvéoles ne recevront que des déchets liquides.
Le centre d'enfouissement technique est situé dans le continental terminal au nord de la faille transverse dite des lagunes. Ce qui laisse découvrir pour la région d'Attiékoi un soubassement géologique fait d'une succession de roches sédimentaires avec des couches de graviers, des couches sableuses, sablo argileuses et d'argile. Le procédé d'imperméabilisation est constitué d'une barrière géologique naturelle (argile + graviers) et d'une barrière active (géomembrane). Avec l'argile, on a une bonne plasticité non déformable à l'échauffement et une bonne cohésion à l'échauffement.
C'est donc un matériau apte au compactage et de surcroît abondant dans la région d'attiékoi. Sur la géomembrane sera posée une couche de graviers roulés, sans aspérités pour la protéger de toute perforation et favoriser la protection des lixiviats. Les eaux pluviales sont aussi prises en compte dans ce projet. La mauvaise gestion des eaux peut entraîner la pollution des eaux souterraines par infiltration et de celle de surface par fuite d'effluents hors du CET ou par migration des eaux de pluie souillées par les déchets.
L'opérateur Pisa Impex entend maîtriser l'interaction de l'eau avec les déchets, et le système d'évacuation des eaux de surface sera composé de deux réseaux distincts. Le premier récupérera séparément les eaux pluviales (propres), hors de la décharge et les déviera en aval du site. Il est formé d'un fossé périphérique permanent cernant l'ensemble du site, et de plusieurs fossés temporaires entourant chaque alvéole, permettant de dévier les eaux de ruissellement en aval.
Le second réseau récupérera les ruissellements provenant des casiers et des alvéoles et potentiellement contaminés. Ce ruissellement sera intercepté par des rigoles de drainage et amené vers le bassin d'orage à fond étanche, d'où l'eau sera ensuite évacuée par évaporation et par gravité. Le bassin d'orage servira de bassin de rétention ou de lagunage pour 75 jours où s'opérera un abattement des éventuelles charges organiques.
Les réseaux de drainage seront équipés de systèmes de protection contre l'érosion afin de contrôler la vitesse d'arrivée de l'eau en cas d'orage. Akossi Bendjo, président de la coordination des maires du district d'Abidjan, après des échanges enrichissants, a permis, au sein du comité technique de réflexion, de rechercher avec l'Anasur et le gouvernement les solutions aux questions juridiques et techniques en suspens.
Ce, pour permettre à l'opérateur technique Pisa Impex d'obtenir l'approbation qu'il recherche depuis 2003 malgré l'étude d'impact environnemental qu'il a fait. Il s'est félicité de l'adhésion des populations à ce projet qui va induire un développement pour le village d'Attiékoi.
Franck A. Zagbayou
Article publié le dimanche 1 février 2009
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