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Les Ouest-africains : Créateurs d’emplois au Congo-Brazzaville | Congopage

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 :Les Ouestaf : Créateurs d’emplois au Congo-Brazzaville ! Mbwa yi hendéléé, mbingou yi widiééé ! (Le chien se met à lécher ses couilles… c’est que la chasse est terminée !)

Quand Anatole Collinet Makosso, Premier Ministre de la République du Congo, confie le chômage aux commerçants maliens et sénégalais, c’est que la partie de chasse est terminée. Le « chemin d’avenir » n’a plus rien à proposer.

Ah, le Congo-Brazzaville ! Ce pays des « grands projets » et de nains politiques, où les jeunes attendent la pluie des emplois promis comme un mirage de désert, ce Congo demande le secours de la communauté étrangère africaine installée dans le commerce informel local.

Et quand l’espoir était déjà bien maigre, voilà qu’un nouveau projet voit le jour : demander aux ouestafs (Ouest-africains), ces célèbres commerçants maliens et sénégalais, de devenir les « créateurs d’emplois » pour notre jeunesse congolaise. Avec ses 14 milliards destinés aux générations futures, en voulant faire les poches des étrangers, le Congo n’est-il pas devenu le pays de tous les paradoxes ?

Une Initiative Visionnaire… ou sorcellerie ?

Le gouvernement, emmené par notre très infatigable Président Denis Sassou Nguesso, annonce des emplois pour les jeunes diplômés… aux côtés des vendeurs de tissus wax et des boutiques de téléphones reconditionnés.

Oui, vous avez bien lu ! Pourquoi créer des usines, des entreprises, des start-ups quand on a un réseau bien installé de commerçants aguerris prêts à nous montrer comment tenir un stand de pagne à Makélékélé, Bacongo, Ouenzé, Poto-Poto, Marche Tié-Tié … ? Une formation accélérée en "techniques de vente à la criée" et hop, diplômés ou pas, les jeunes sont propulsés vendeurs de babouches et de noix de kola. C’est ça la nouvelle stratégie d’emploi !

Quand « l’emploi » se transforme en apprentissage chez les Ouestafs

Imaginez la scène : nos jeunes, tout frais sortis d’universités, sont encouragés à se rendre aux marchés populaires ; leur CV en mains. Là, sous le regard bienveillant de nos chers commerçants maliens et sénégalais, ils apprennent les subtilités du négoce : comment garder son calme devant un client exigeant, comment discuter les prix avec un talent digne de Salomon, et surtout, comment enchaîner des heures debout sans jamais craquer. Tout un art. Parce que, chers amis, si vous ne saviez pas que l’art de la patience pouvait se cultiver, rendez-vous donc au marché de Poto-Poto pour une master class !

Et les 10 000 emplois, dans tout ça ?

Promis depuis longtemps, ils ont fait le tour de tous les ministères, les plateaux de télévision et même les prières de minuit. Mais, à la fin, ce sont les épiciers maliens qui vont devoir s’y coller. Pourtant, une question se pose : où sont donc passés les chantiers pharaoniques et les industries miraculeuses qui devaient émerger de terre pour employer nos jeunes ? Pourquoi pas une usine de transformation de manioc ? Une chaîne d’assemblage de produits locaux ?

Eh bien non. C’est peut-être trop ambitieux. Pourquoi viser le ciel quand on peut attendre que les cailles nous tombent du ciel ?

La touche finale : une formation pour tous

En plus d’offrir des opportunités de « travail », le gouvernement prévoit peut-être de lancer un programme de formation, intitulé « Devenir vendeur en 5 leçons  ». Les modules ? 1. Savoir appeler le client en utilisant le bon ton de voix ; 2. Proposer un prix imbattable (et bien sûr, le doubler d’abord) ; 3. Maintenir la stratégie du « pas de crédit ». Et en bonus, des ateliers de culture générale : « Comment éviter de rire quand on vous parle d’emplois ? ».

Conclusion : Un Congo qui rit jaune… et jeune

Alors, Congo-Brazzaville, bravo ! À défaut de pouvoir construire des emplois dans les bureaux d’un Congo moderne, de développer l’agriculture, de faire passer les jeunes entreprises du secteur informel au secteur formel, vous avez réussi à innover en matière de créativité humoristique (comic marketing ). Parce qu’à défaut d’être une réalité, cette situation semble tout droit sortie d’une parodie. Mais qui sait ? Peut-être que d’ici quelques mois, notre pays sera connu pour avoir inventé l’« économie du sourire forcé », où l’on vend des boubous en riant (alors qu’on n’en pense pas moins ) tout en rêvant d’un Congo où les jeunes diplômés trouveront enfin des emplois dignes de ce nom.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain









Article publié le mercredi 6 novembre 2024
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