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La banderole de Bacongo et la " boîte de Pandore "

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Tribune libre


A Brazzaville, à l’entrée du quartier sud de la capitale du Congo-Brazzaville, au rond-point de l’Institut culturel français, une banderole a été déroulée : « Bacongo dit non au changement de la Constitution ». Il ne s’agit pas de n’importe quel message, il s’agit d’un Non à Sassou. Il ne s’agit pas de n’importe quel quartier ; il s’agit de Bacongo, bastion de la résistance aux dérives de tout genre.


Le Centre Culturel, une zone pourtant infestée de policiers en civil à la solde de Jean Dominique Okemba, Philippe Obara et Jean François Ndéngué, a pu donc échapper à la mainmise de la sécurité d’Etat. Ou alors le coup est venu du clan au pouvoir, une sorte de « plastron » (quand les militaires jouent le rôle de l’ennemi). Les dés (pipés) avaient été jetés par Justin Koumba, ci-devant président de l’Assemblée nationale et Pierre Mabiala, ministre des Affaires foncières, en présence de Denis Sassou Nguesso, en faisant parler, tels des ventriloques, les sages du Niari pour le changement de la Constitution du 20 janvier 2002.


Boîte de pandore


Fossoyeur de l’unité nationale du Congo-Brazzaville, Sassou n’a pas été tétanisé devant cette boîte de pandore qu’on appelle repli identitaire (ethnicisme, tribalisme et régionalisme) et dont on ne sait jamais ce qu’elle vous réserve quand on l’ouvre. Ainsi, les sages d’autres régions, croyant bien agir, ont emboîté le pas de ceux du Niari pour le changement de la Constitution du 20 janvier 2002. A la grande satisfaction de Sassou et au détriment de l’unité et la concorde du Congo-Brazzaville. A Brazzaville et à Pointe-Noire, des associations des jeunes originaires du Niari, de la Lékoumou, de la Sangha en faveur du changement de la Constitution ont été créées, encouragées par des membres du gouvernement soucieux de sauvegarder leurs privilèges. Qu’adviendrait-il aux sages et autres associations qui appelleraient à voter contre le changement de la Constitution ? D’ici peu, une banderole sera érigé à Ouenzé et à Talangaï : « Ouenzé /Talangaï dit oui au changement de la Constitution ».


Le Congo-Brazzaville se dirige-t-il vers l’affrontement des sages, des régions, des quartiers à l’intérieur des cités urbaines ? La ligne jaune a été franchie. Le Congo-Brazzaville est en danger de balkanisation.


Mvouba jaune papaye


Pour ne pas être en marge et être bien vu du Chef, Isidore Mvouba, le caniche, écume la région du Pool, lesté de mallettes bourrées de liasses en vue de recruter les sages qui se prononceront au nom de la région du Pool pour le changement de la Constitution. Et, ceci, à l’occasion du déplacement de Sassou dans cette région le 17 juin 2014. Les cadres, les intellectuels, les fils et les filles originaires du Pool avaient pourtant dénié à quiconque de prendre la parole au nom de toute la région. Rien n’y fit. Isidore Mvouba, qui n’a jamais passé une nuit à Bacongo, député de Kindamba, entrera dans l’histoire comme le Brutus qui aura trahi tous les César du Pool. Ceci explique peut-être cela. Les habitants du Pool bombardés avec son aval ont toujours eu à son égard la formule d’Auguste César : « Même toi notre fils ! » Au bout du compte, comme Juda Iscariote, les Pharisiens de la Cuvette l’ont payé en monnaie de singe en l’éjectant du fauteuil de secrétaire général du PCT. A sa mort (c’est une façon de parler) ses tripes comme celles d’Iscariote seront dévorées par des charognes après s’être pendu dans un champ qui portera les malédictions de la trahison. Bacongo et la région du Pool, touchés au cœur, martyrisés par les cobras de Sassou, n’ont pas la mémoire courte. Ils ont payé un lourd tribut. Ils ont pardonné. Ils n’ont pas oublié.


Quartier héroïque


Bacongo, parent pauvre de la municipalisation accélérée de Jean Jacques Bouya, a conservé l’image d’un gros village tel que décrit par Georges Balandier dans « Les Brazzavilles noires ». C’est de Bacongo qu’est parti le mouvement d’Août 1963 qui renversa l’abbé Fulbert Youlou. C’est aussi de Bacongo que sont issus les hommes qui avaient demandé et obtenu la démission d’Alphonse Massamba-Débat en 1968. C’est également de Bacongo que sont partis les hommes en direction du siège de la radio nationale pour soutenir le coup d’Etat de Kinganga Siroco en 1970. C’est toujours à Bacongo qu’ont été érigés les premiers barrages et les barricades à l’instigation de Bernard Kolelas, le Nkumbi de Total, en 1993 contre le pouvoir de Pascal Lissouba.


Qui pourra galvaniser les populations de Bacongo, ce quartier héroïque, pour mettre en échec le projet sordide de changement de la Constitution en gestation dans le crâne de Sassou ? Qui osera croiser le fer avec Sassou Nguesso, ce dictateur froid ? Qui prendra le flambeau de la contestation populaire incarnée naguère par le Nkumbi de Total ? Ya Mbambi wélé kouandi… ! Plus personne ne bouge ! Le soufflé est retombé.


C’est le calme plat, personne ne lève le petit doigt. Circulez, Sassou Nguesso gouverne ! Etape après étape, Sassou Nguesso s’achemine-t-il inexorablement vers le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 ? Moto ékopéla ! Bouala ké niénga ! Mpassi zi boua ! Au Congo-Brazzaville et a fortiori à Bacongo, qui occupera la place laissée vacante par Bernard Kolelas ? Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Bernard Kolélas était le seul à lever le petit doigt face aux dérives des differents pouvoirs. Pour faire de la politique au Congo-Brazzaville, « il faut avoir les couilles bien suspendues », avait dit l’ineffable Ndalla Graille.


En affichant ouvertement son hostilité au désir de changement de la Constitution du 20 janvier 2002 caressé par Sassou, Bacongo court-il le risque d’être la cible de bombardements militaires comme en 1993 décidés par Pascal Lissouba et Joachim Yhomby Opango ? Benjamin BILOMBOT BITADYS


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Brève


Congo: le dossier de Marcel Ntsourou transféré à la cour d’appel


Le dossier de l’ancien numéro deux des services de sécurité au Congo vient d’être transféré à la cour d’appel par le procureur de la République. Marcel Ntsourou a été arrêté il y a six mois, au terme de violents affrontements entre les éléments de sa garde et l’armée en plein cœur de Brazzaville.


Ses avocats relèvent que la procédure n’a pas été respectée. Ils ont désormais accès à leur client, qui selon eux ne se porte pas bien.


Depuis sa cellule, à la maison d’arrêt, Marcel Ntsourou, l’ex-numéro deux des services de renseignement, a reçu une notification du transfert de son dossier à la cour d’appel par le procureur de la République. Mais ses conseils ignorent le contenu du dossier.


 Maître Eric Yvan Ibouanga relève que ce transfert est intervenu tardivement et n’a pas obéi à la procédure : « Conformément aux dispositions de l’article 55 du code de procédure pénale, le procureur de la République, après avoir interrogé l’accusé ou [l'avoir] inculpé, doit transmettre le dossier au procureur général, près la cour d’appel qui, s’il le juge opportun, saisit directement la cour criminelle. Or nous avons attendu 6 mois sans que ce dossier n’ait été transmis au procureur général de la cour d’appel. »


Selon Maître Ibouanga, son client va toujours mal. « Il ne se porte pas bien, déclare-t-il. Moi je réitère qu’il a un corps étranger dans sa jambe gauche, au niveau du genou, donc pour nous quand vous portez un corps étranger, un projectile, vous ne pouvez pas vous sentir en bonne santé. » Ces derniers temps, les avocats de l’ex-officier lui rendent régulièrement visite, selon leurs propres témoignages.


© RFI.


Article publié le mercredi 25 juin 2014
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