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MagIndustries Industriel, spéculateur ou escroc ?

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Selon Bill Burton, son président fondateur, MagIndustries, société de droit canadien, a été créée en 1997 pour « évaluer les permis miniers » acquis en République du Congo et « créer de la valeur pour les actionnaires ». Depuis 2004, sous l’impulsion de Stéphane Rigny, jeune banquier embauché pour remplacer son défunt père, Pierre RIGNY, ancien consul du Canada au Congo et PDG de l’entreprise depuis sa création, MagIndustries a tôt fait de diversifier ses activités.
Elles se répartissent aujourd’hui entre MagMinerals pour le secteur minier, MagForestry pour la foresterie, MagMetals pour les métaux et MagEnergy pour l’énergie. Sous la dénomination de MagForestry, MagIndustries a acquis, à Pointe Noire, les droits de la société Eco qui exploitait une forêt d’eucalyptus. Bien lui en a pris, affirment des sources minières, car le riche sous-sol de cette forêt est loin d’avoir livré tous ses secrets !La plantation d’eucalyptus, d’une superficie de 68.000 hectares, approvisionnerait une usine de copeaux de bois produisant 500.000 tonnes/an. Parmi les clients, des leaders mondiaux de l’industrie de la pulpe, du papier et des panneaux en fibre.MagMinerals et MagMetals, filiales avec lesquelles MagIndustries projette de produire à l’horizon 2012 de la potasse et du magnésium, sont en fait des sous projets de MagForestry dont les concessions regorgeraient un riche gisement en potasse. Selon des études, l’exploitation de la potasse libérerait du rebut de saumure, une substance riche en chlorure de magnésium, donnant ainsi lieu à l’exploitation du magnésium. La potasse, le métal de magnésium ou les alliages de magnésium de haute qualité à produire dans une usine très proche de celle qui produira la potasse à Pointe Noire, sont des produits destinés à l’exportation. Considéré par son DG Stéphane RIGNY comme le fruit d’un « partenariat exemplaire » du fait de la création, à terme, d’une dizaine de milliers d’emplois directs et indirects à Pointe Noire et au Kouilou, MagMinerals Potasses Congo SA devrait produire 600.000 tonnes/an. Son marché : les agriculteurs d’Afrique du Sud, du Brésil et d’Europe qui l’utilisent comme engrais. Le métal de magnésium et les alliages de haute qualité de magnésium seraient pour leur part destinés aux industries de l’automobile, de la sidérurgie et de l’aluminium à travers le monde. MagEnergy, qui a permis à MagIndustries de prendre pied en République Démocratique du Congo (RDC), sur la rive gauche du fleuve éponyme, pilote le financement de la réhabilitation des installations hydroélectriques d’Inga, dont certaines machines sont actuellement à l’arrêt. Marché de dupes ?Sans vouer MagIndustries aux gémonies, ni jeter à la mer ses projets industriels multisectoriels, on s’interroge sur la volonté de « révisitation » des contrats signés sur les deux rives du fleuve Congo, unanimement taxés de « léonin ». A Kinshasa, le contrat signé avec la Société Nationale d’Electricité (SNEL) qui autoriserait MagIndustries à commercialiser pour son propre compte - en contrepartie de son financement – 25% de l’énergie produite par Inga, est vigoureusement combattu pour « atteinte grave aux intérêts souverains de l’Etat. » A Pointe Noire où MagIndustries a récemment fait face à une grogne sociale du personnel congolais qui a abouti devant les tribunaux, une « rumeur » sur la vente de 52% des parts de MagIndustries dans MagMinerals (sur 90%) à un consortium d’industriels chinois, est en train de mettre le feu aux poudres. Selon certaines sources, la transaction porterait sur une enveloppe globale de 150 milliards de FCFA. Détenteur de 10% du capital de MagMinerals, l’Etat congolais totalement en dehors du coup, n’y verrait que du feu. Un lourd soupçon de « spéculation » plane sur cette opération de cession de la majorité des parts de MagIndustries dans MagMinerals. D’autant plus que l’usine de fabrication de la potasse est loin d’être construite et que l’Etat, qui n’engrange aucun franc CFA, risque de se retrouver en face des opérateurs qu’il ne connaît pas. « Si cette opération est confirmée, ne serait-il pas mieux pour l’Etat congolais de négocier directement avec ces chinois », s’interroge t-on ? L’inquiétude s’accroît quand on connaît la nature des projets développés par MagIndustries : tous destinés à l’exportation. Par comparaison, dans le secteur des télécommunications par exemple où on a distribué diverses exonérations et vendu à vil prix les licences d’exploitation, l’Etat a au moins engrangé et continue d’engranger de substantielles recettes en percevant une taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Il serait également reproché à MagMinerals Potasses Congo SA de fonctionner avec un capital « illégal » aux termes de la Charte des investissements (10 millions de FCFA) et d’avoir fait valider l’étude d’impact environnemental et social (EIES) du projet 6 mois après la signature de la convention d’exploitation ! En l’espèce, la loi congolaise qui prescrit cette étude en amont aurait été violée. Sans compter l’absence, au sein de cette EIES, de l’étude d’impact sur le milieu maritime et marin. Faudrait-il croire, comme l’affirment certaines sources, que MagIndustries n’est qu’une petite « entreprise familiale » usant de d’influence de ses administrateurs pour spéculer sur les titres administratifs congolais, avant de passer la main aux firmes internationales chargées de la véritable exploitation ? Un cas de figure qui ne serait pas surprenant, affirment nos sources. Il serait même conforme aux us et coutumes internationales en matière d’investissement dans les zones géographiques dites à risque ou à fort potentiel de risque de conflits et d’instabilité. « Un contrat peut toujours être renégocié par un Etat souverain », affirme une bonne source du volatile. C’est vrai. Mais vaut mieux bien négocier que renégocier. Car il est écrit que « nul ne peut invoquer sa propre turpitude devant la loi ». La tentative de « révisitation » des titres miniers vendus comme de petits pains en RDC, sur la rive gauche du fleuve Congo, est là pour l’attester… Prosper MOKABI DAWAavec Boumouna NIWA



Article publié le jeudi 20 août 2009
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