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L’EXISTENCE D’UN FONDS DE GARANTIE PERMET ELLE AUX BANQUES CONGOLAISES D’OCTROYER LES CRÉDITS AUX TPE ET PME ? - DAC E-NEWS

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 : L’EXISTENCE D’UN FONDS DE GARANTIE PERMET ELLE AUX BANQUES CONGOLAISES D’OCTROYER LES CRÉDITS AUX TPE ET PME ? Par VERLIN RICHARD Verlin RICHARD Cette question peut être reformulée de la façon suivante : les banques congolaises accorderaient elles les crédits aux TPE/PME congolaises grâce à un fonds de garantie ?

La réponse à cette question est NON.

En effet, ce n’est pas parce que l’Etat apporte une garantie aussi solide soit-elle que les banques congolaises vont accorder les crédits. La décision pour accorder un crédit aux entreprises résulte d’abord de l’analyse de la capacité de l’activité de l’entreprise à rembourser les échéances de crédit. Une fois, le banquier est assuré de cette capacité, ensuite il prendra en compte la garantie.

Cette capacité à rembourser les échéances de crédit, c’est ce que le banquier appelle la solvabilité de l’entreprise. La solvabilité des entreprises est l’information financière la plus prisée des banques. Et pour cause, elle indique la capacité des entreprises à honorer leurs dettes et, en corollaire, elle met en évidence leur santé financière.

Concrètement, la solvabilité des entreprises est la capacité d’une entreprise à être en mesure de rembourser, à court ou à long terme, ses dettes auprès des banques, de ses fournisseurs et de l’Etat.

Il existe une multitude d’éléments permettant de mesurer la solvabilité des entreprises : les informations légales ; les données sectorielles ; les éléments bilanciels ; les indicateurs de rentabilité ; les ratios financiers ; le profil de l’équipe dirigeante, le respect de l’obligation de publication des comptes…

J’aborderais que deux de ces éléments ici : Informations légales (forme juridique) ; et les données sectorielles.

Ces deux informations sont issues du rapport annuel de la CCIAM de Pointe -Noire en 2020 (voir photo jointe). Il s’agit de la répartition des entreprises selon la forme juridique et le secteur d’activité.

En 2020, la CCIAM de Pointe-Noire a recensé 3916 entreprises, dont 55% des EI (entreprises individuelles), 28% des Sarl, 9 % des SA. Il existe 48 % d’entreprises dans le commerce, 38% dans les services. Le secteur primaire (industrie, agriculture…) est quasi inexistant, d’où véritablement l’urgence de la diversification de l’économie congolaise.

Je voudrais saluer le travail de la CCIAM de Pointe -Noire qui contribue à la production, la diffusion et la circulation de l’information sur les entreprises du secteur privé au Congo.

Cette répartition offre une première piste d’analyse. Tout d’abord les formes juridiques donnent une indication sur les difficultés des banques congolaises d’octroyer les crédits à long terme (financement du haut du bilan) aux entreprises congolaises.

En effet, rappelons que la décision pour accorder un crédit aux entreprises résulte d’abord de l’analyse de la capacité de l’activité de l’entreprise à rembourser les échéances de crédit. Mais, pour analyser cette capacité (la solvabilité), la banque doit disposer d’une multitude d’éléments permettant de mesurer cette solvabilité.

Or, à l’évidence, seules les 9% des SA produisent de l’information juridique et financière, et que par ailleurs, les banques ont une connaissance du profil de l’équipe dirigeante, ce qui rend facile l’analyse KYC (Know Your Customer), en français connais-tu ton client (CTC) lors de l’entrée en relation.

Donc, ce sont les SA qui constituent véritablement le portefeuille clients des banques congolaises et qui bénéficient des crédits à court, à moyen et long terme. Les entreprises individuelles (55%) et les Sarl (28%), certaines bénéficient des crédits à court terme mais nombreuses n’obtiennent ni crédit à court terme, ni à moyen et long terme. Pour cause, elles ne produisent aucun état financier, et il est difficile pour les banques d’évaluer la solvabilité de ces entreprises.

Si la solvabilité des entreprises est l’information financière la plus prisée des banques, il y a une autre que les banques prisent : la liquidité.

La liquidité est une notion financière clé pour une entreprise, et encore davantage pour ses créanciers : elle permet de savoir si, à court terme (généralement 12 mois ou moins) elle est à même de faire face à ses échéances vis-à-vis de ses créanciers, en l’occurrence ses fournisseurs et les banques, voire l’État.

Du point de vue du banquier, la liquidité et la solvabilité sont deux notions différentes. La liquidité permet d’assurer la pérennité de l’entreprise tandis que la solvabilité permet la mise en vente de tous les actifs de l’entreprise dans la perspective de la liquidation.

Pour dire simplement, la liquidité de l’entreprise est une sorte de solvabilité à court terme. Désignant le fait que les actifs d’une entreprise sont supérieurs à ses dettes, cette dernière lui permet de faire face à tous ses engagements en cas de cessation d’activité.

La liquidité est donc plus proche de la trésorerie au sens où elle doit être régulièrement calculée et évaluée pour éviter les défauts de paiement. Il est d’ailleurs possible qu’une entreprise solvable se retrouve en difficulté si elle ne dispose pas de suffisamment de liquidités pour faire face à ces échéances à court terme (notamment pour le paiement des salaires, des cotisations sociales et des impôts). Cas de la compagnie Ecair !

Cette notion de liquidité renvoie donc à analyser les secteurs d’activités des entreprises congolaises : quels sont ces entreprises de services et de commerces recensées par la CCIAM de Pointe-Noire ? Ces entreprises sont suffisamment « liquides » ? Il va s’agir ici d’analyser la rentabilité de ces entreprises.

A titre d’illustration, lors de mon séjour à Brazzaville en 2015, j’ai découvert vers le port de Brazzaville toute une rangée des « restaurants ». Si l’on considère ces restaurants comme des entreprises individuelles, il est impossible pour un banquier d’octroyer un crédit à un de ces restaurants. Par contre, si toutes ces femmes qui tiennent ces restaurants décident ensemble de créer un seul restaurant dans ce lieu, elles peuvent obtenir un crédit d’investissement pour construire un super restaurant, l’équiper, aménager l’emplacement, rendre cet endroit attractif et attrayant. Et, puisque les clients existent déjà, ceux -ci seront ravis de manger dans un endroit magnifique. Ainsi, toutes ces femmes travailleront dans ce restaurant avec un salaire. L’Etat percevra les impôts, et les banques le remboursement des échéances des crédits.

Tout laisse à penser que la difficulté des banques congolaises pour octroyer les crédits aux TPE et PME réside dans l’incapacité factuelle de mesurer la solvabilité et la liquidité de ces entreprises.

Face à cette difficulté, l’existence d’un fonds de garantie ne saurait inciter les banques congolaises à octroyer des crédits aux TPE et PME, et fait donc courir un risque d’effet d’aubaine.

Pour l’Etat congolais, il est impératif d’inciter les TPE et PME à adopter des formes juridiques qui permettent aux banques de mieux évaluer la solvabilité et la liquidité des entreprises.

Pour les banques congolaises, il est indispensable de former leurs personnels dans l’analyse KYC, dans la conformité, dans les processus d’octroi de crédits aux TPE et PME, dans l’analyse crédits, dans la gestion du portefeuille clients à travers les services de conseils, d’accompagnement, et de fiabilisation.

C’est la raison pour laquelle RVBK Conseil s’installe au Congo pour proposer aux TPE et PME un accompagnement global couvrant les domaines clés nécessaires au bon développement et au pilotage de l’activité des TPE et PME.

Ces domaines peuvent couvrir à la fois des interrogations au niveau stratégique (vision, offre, prospection, pilotage financier, rentabilité, trésorerie, tableaux de bord, processus …) mais aussi opérationnels (outils informatiques au service de l’entreprise, gestion du temps, mode opératoires).

RVBK Conseil entend contribuer à l’amélioration des capacités de gestion des entrepreneurs congolais, à travers des formations axées sur le renforcement des capacités entrepreneuriales des créateurs et dirigeants d’entreprises et d’ateliers d’artisanats.

RVBK conseil sera également une structure formelle et permanente de fiabilisation des projets par le recours d’une véritable expertise afin de rendre les demandes de financement « bancables ».

Par Verlin Richard

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Article publié le vendredi 2 juillet 2021
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