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Scénario de sortie de crise au Mali : L’atout algérien, l’appui européen - REPORTERS ALGERIE

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Le chef de la diplomatie Ramtane Lamamra a reçu, mardi dernier, l’Envoyée Spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel, Emanuela Claudia Del Re. Les deux responsables ont échangé sur les perspectives de renforcement de la coopération entre l’Algérie et l’UE pour la «promotion de la paix et de la sécurité» dans la région sahélo-saharienne et au Mali. Leurs discussions signalent une reconnaissance nouvelle du rôle de l’Algérie en tant qu’interlocuteur privilégié et annoncent un renforcement du dialogue entre les deux parties pour favoriser une solution de sortie de la crise dans laquelle se débat le pays voisin.

Par Nordine AzzouzMardi 28 mai, le chef de la diplomatie Ramtane Lamamra a reçu l’Envoyée spéciale de l’Union européenne pour le Sahel, Emanuela Claudia De Re. Nommée par le Conseil de l’Europe le 1er juillet 2021, le mandat de l’émissaire européenne se termine le 30 août 2022, bientôt donc, mais les dossiers dont elle s’occupe depuis l’été dernier resteront au cœur des échanges entre Alger et Bruxelles.Il s’agit, résume un communiqué des Affaires étrangères algériennes publié après la rencontre entre M. Lamamra et Mme Del Re, des «perspectives de renforcement de la coopération entre l’Algérie et l’UE pour la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique, et plus particulièrement dans la région sahélo-saharienne qui fait face à d’immenses défis d’ordre politique, sécuritaire et économique». Autant de questions qui ne sont pas toutes lues et analysées de la même façon en Algérie et à l’Union européenne, en raison d’agendas différents, dont ceux notamment relatifs aux Etats membres concernés par le Sahel, mais dont la gravité et l’effet de déstabilisation transrégionale qu’ils produisent peuvent inciter à des approches convergentes…Le séjour algérien de Mme Del Re, qui s’est effectué sous la présidence française du Conseil de l’Union européenne, semble indiquer à ce sujet une double préoccupation des pays des vingt-sept: s’informer auprès de la partie algérienne des évolutions que celle-ci perçoit du terrain politique et sécuritaire sahélien mouvant et relancer avec elle les discussions de coopération sur les moyens de lutte contre l’insécurité et les crises politiques dont l’un des marqueurs est l’internationalisation des conflits qui les caractérisent ou les nourrissent et la multiplication des coups de force anticonstitutionnels. Sa visite signale un regain d’intérêt pour Alger et la capacité de sa diplomatie à s’engager pour des solutions «non utilitaristes et respectueuses des autres», pour reprendre une formule que M. Lamamra a eue en novembre 2021 à la clôture de la Conférence des chefs des missions diplomatiques et consulaires. Une attention que l’Envoyée spéciale de l’UE pour le Sahel, dans un échange informel avec des journalistes hier, a dit avoir en raison du fait que l’Afrique du Nord et la bande sahélo-saharienne sont déjà une «frontière de l’Europe» et parce que la position de l’Algérie dans la sous-région et en Afrique, en plus de son aura diplomatique, la met en situation d’intervenir favorablement, notamment auprès du pouvoir militaire de transition au Mali. «Pour favoriser le consensus sur la période de transition en vue de la restauration d’un ordre constitutionnel démocratique dans ce pays», indique le communiqué des Affaires étrangères.A l’heure où les contacts entre l’Union européenne et le Mali sont au point mort, cette prévenance est annonciatrice d’une demande de l’UE à l’Algérie de relancer ses initiatives politiques et diplomatiques en direction du colonel Assimi Goïta et des officiers au pouvoir à Bamako, pour le délai de transition le plus court – «douze à seize mois», avait souhaiter le chef de l’Etat M. Tebboune en début d’année. Un point sur lequel les responsables algériens et européens sont d’accord, contrairement au désaccord qui les sépare concernant les sanctions économiques décrétées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Selon Alger, et Ramtane Lamamra l’a dit à l’Envoyée spéciale européenne, l’embargo économique fragilise et appauvrit davantage les Maliens et les rend encore plus vulnérables face à la menace des groupes armés qui ensanglantent leur pays, alors que le but recherché est de les aider à s’en sortir. Il ouvre plus grandes les portes aux acteurs sécuritaires extra continentaux et extra régionaux à propos desquels l’expérience montre que, même si leurs profils et motivations ne sont pas les mêmes, ils peuvent devenir une source d’aggravation de violence et de désordre.Un rôle algérien considéréL’UE et l’Algérie ont-ils alors la même observation de l’arrivée des Russes au Mali. Bruxelles ne parle que de la société de sécurité privée Wagner et de sa logique de force de miliciens. Alger, qui parle avec tout le monde et a reçu début mai dernier le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, demeure discrète sur ce point, signe non pas de contradiction par rapport à sa position de principe contre toute présence militaire étrangère dans un pays africain, mais de prudence à ménager l’autorité militaire malienne quand le dessein voulu est un retour aux urnes et d’aider à mettre fin à la transition qu’elle incarne actuellement. Cette attitude de ne rien imposer, mais d’écouter et d’accompagner les dirigeants maliens est un atout que l’Envoyée spéciale pour l’UE pour le Sahel semble considérer et respecter.Mme Del Re a eu, ainsi, lors de sa présence à Alger des discussions avec l’ambassadeur Boudjemâa Delmi, l’Envoyé spécial de l’Algérie pour le Sahel et l’Afrique, un diplomate avec lequel elle s’est entretenue pour son engagement dans le suivi de l’accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger en 2015 ; une pièce maitresse du dispositif du retour du pays voisin à la normalité politico-institutionnelle et à la préservation de son intégrité territoriale, pour laquelle l’Algérie bénéficie du soutien européen et des Etats-Unis. Elle a échangé également sur des questions religieuses avec le théologien Kamel Chekkat dont le profil indique un intérêt de Bruxelles pour la démarche que défend l’Algérie en matière de déradicalisation et de lutte contre l’extrémisme violent. M. Chekkat, en effet, est membre fondateur de la ligue des oulémas, imams et prêcheurs du Sahel, issue du processus de Nouakchott établi en 2013 avec l’objectif d’articuler la sécurité, la gouvernance et le développement. Elle a rencontré aussi des responsables d’Afripol et du centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), des mécanismes panafricains qui correspondent à la vision algérienne d’une «appropriation» par les Etats africains de leurs problèmes de sécurité et de lutte contre le crime sous toutes ses formes. Sans la négligence de la coopération internationale, avait indiqué Ramtane Lamamra, samedi 28 mai, au sommet de l’UA à Malabo en Guinée Equatoriale.Si on ignore pour l’instant quelle suite précise auront les discussions entre l’Envoyée européenne pour le Sahel avec le chef de la diplomatie algérienne, sa visite en Algérie est un évènement et un signe de confiance en la médiation internationale que joue Alger pour aider le Mali à sortir de l’impasse. n


Article publié le jeudi 2 juin 2022
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