Les voyageurs ont de la peine à obtenir leur document de voyage depuis des mois.
"Vous pouvez déposer votre demande de passeport, mais il vous faudra revenir à la mi-mai pour voir s'il a été établi. Nous n'avons pas de cartons pour le moment", explique un officier de police à une jeune homme désemparé. Même le sourire de son interlocutrice n'arrive pas à le dérider. "J'aurais vraiment besoin de mon passeport au mois de juillet. J'ai pensé qu'en venant le faire établir maintenant, j'aurais plus de chance. A cette allure, je pense que même à cette période là, on ne pourra pas me le délivrer", confie-t-il en sortant des services de l'Emi-immigration situés au quartier Elig-Essono à Yaoundé.
A 12h hier, mercredi 26 avril, dans les locaux de ce commissariat de police souvent submergé par des demandeurs de passeports, on était en effet surpris de ne trouver que quelques chasseurs du précieux document de voyage. Assis derrière le comptoir réservé à l'établissement des passeports, des officiers de police n'arrêtaient pas de " traiter " des dizaines de dossiers. " On ne peut pas arrêter de le faire. Lorsque les passeports seront disponibles, on les distribuera", a confié l'un d'entre eux.
A quelques kilomètres de là, à la Direction de la police des frontières, c'est une agitation toute particulière que l'on observe. Une dizaine d'officiers de police, courbés sur le capot d'un véhicule, remplissent avec entrain des formulaires de passeports. "C'est uniquement les passeports de service que l'on délivre maintenant ", dira l'un d'eux. " Nous, nous irons bientôt en mission au Darfour. C'est pour cette raison que nous sommes venus nous faire établir les passeports. Sinon, en temps ordinaire, depuis plusieurs mois, on ne délivre plus de passeports que pour les urgences comme les missions ou les évacuations sanitaires", ajoutera un de ses collègues. Tout à côté, deux jeunes femmes traînent, malheureuses. "C'est la quatrième fois que nous venons voir si la situation s'est décantée. Rien. On m'avait donné le numéro de téléphone pour appeler souvent et savoir si les carnets sont disponibles, on me dit toujours non et j'ai décidé de venir voir de mes propres yeux", confie Mireille, la plus âgée des deux.
La situation qui court depuis le mois de février à Yaoundé est pratiquement la même à Douala. A la seule différence que dans la capitale économique, la pénurie remonte au mois de décembre 2005. Malgré cela, les files d'attente sont visibles chaque jour au commissariat à l'Emi-immigration à Bonanjo. Le commissaire Ebouho Marinette, patron des lieux, a pris le soin d'inscrire sur son portillon et de façon visible, une mention qui renseigne les usagers : " Les carnets de passeport sont indisponibles". Des affichettes, portant cette même mention, sont collées à plusieurs endroits à l'intérieur et à l'extérieur du bâtiment.
Embrouille
Malgré ce problème évident, aucune autorité policière n'accepte d'expliquer les raisons de cette pénurie de passeport. Selon des indiscrétions glanées auprès d'une source interne à l'Emi-immigration de Bonanjo, le commissaire et son adjoint ayant refusé de s'exprimer, la pénurie devrait persister jusqu'à la fin du mois de juin, date à laquelle on annonce l'arrivée de nouveaux carnets. Cette même source précise : "actuellement, il y a un service minimum de délivrance des passeports. Seuls en bénéficient, les personnes en situation d'évacuation sanitaire.
A la Direction de la police des frontières, au quartier Nlongkak, à Yaoundé, et à l'Emi-immigration, personne n'ose s'exprimer. La directrice de la police des frontières a plutôt demandé de se rapprocher du Délégué général à la Sûreté nationale, après deux rendez-vous non honorés. Malgré ce mutisme des officiels, des sources proches de ces différents services affirment que cette pénurie tient d'un problème simple.
"On a mis la charrue avant les boeufs, dit un commissaire sous anonymat. Et de poursuivre : Le gouvernement s'est un peu précipité dans la
Article publié le Friday, April 28, 2006