Le projet participe du vaste programme de réalisation d’infrastructures routières qui permettra de relier notre pays au Sénégal
Dans vingt et quatre mois, la commune rurale de Mahina sera reliée à la ville de Manantali par une route bitumée. L’ambitieux projet est porté par un partenariat entre la Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM) et l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Samedi, le ministre de l’Energie et de l’Eau, Habib Ouane, et son homologue sénégalais de l’Habitat, de la Construction et de l’Hydraulique, Oumar Sarr, président du Conseil des ministres de l’OMVS, ont donné le premier coup de grader du nouveau chantier en présence du ministre de l’Equipement et des Transports, Ahmed Diane Semega, et du Haut commissaire de l’OMVS, Mohamed Salem Merzoug.
L’événement qui s’est déroulé dans la petite localité de Mahinanding a enregistré la présence des responsables de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), des autorités administratives et locales dont le maire de la commune de Mahina, Adama Bandiougou Sissoko, et des notabilités. Les habitants de Mahina avaient une bonne raison de sortir massivement remercier leurs partenaires qui, en plus de ce projet d’infrastructure routière, ont réalisé un système d’adduction d’eau à Mahinanding et à Sélinkégny pour une valeur respective de 160 et 156 millions de Fcfa.
REDUCTION DES COÛTS DE TRANSPORT. D’un coût global de plus de 17 milliards Fcfa, le projet de construction de la route Manantali-Mahina est financé par la BOAD et la SOGEM à hauteur respectivement de 71 et 29%. Ce projet participe du vaste programme de réalisation d’infrastructures routières qui permettra de relier notre pays au Sénégal, son voisin de l’ouest par le sud. Il est partie intégrante de l’axe Bamako-Kita-Manantali-Bafoulabé-Kayes-Kidira-Dakar. La construction de cette bretelle permettra d’assurer de façon pérenne l’accès au barrage et à la centrale hydroélectrique de Manantali en toutes saisons. Longue de 87,5 km, pour une largeur de 9 m, la nouvelle route assurera également la fluidité du trafic sous régional en toutes saisons entre nos deux pays.
Le désenclavement des localités riveraines, l’amélioration du cadre de vie des populations à travers la réduction des coûts de transport, la sécurité routière figurent parmi les bénéfices d’un projet qui suscite beaucoup d’espoir chez les riverains. « Nous sommes très contents de l’initiative de ce projet. Nous, les femmes, sommes les plus meurtries par le manque d’infrastructure de ce genre. Pour soigner nos enfants, nos maladies ou même pour accoucher nous sommes obligées de parcourir des kilomètres sur des tronçons en mauvais état pour trouver un centre de santé. Beaucoup de femmes ont perdu la vie ici sur cette route qui ne répond pas du tout aux conditions de transport d’une femme enceinte.
Vous comprenez alors toute notre joie et notre reconnaissance aux partenaires qui ont vu juste en nous apportant cette merveille dont nous rêvions depuis plusieurs années », résume Mme Sacko Bina Kouyaté, une habitante de Mahinanding. Un sentiment de joie partagé par l’ensemble des populations de la localité à l’image du maire de la commune. Selon l’édile, la SOGEM et l’OMVS viennent de poser un maillon essentiel au développement de la circonscription. L’eau et la route, dira-t-il, sont deux éléments sans lesquels le développement ne serait qu’une utopie. Adama Bandiougou Sissoko a, au nom de l’ensemble de la commune, remercié les partenaires pour cette attention particulière qu’ils portent aux populations de Mahina et des villages environnants. Il a profité de l’occasion pour rappeler des défis majeurs au développement de la commune et lancé un appel aux autorités nationales à poursuivre la politique de désenclavement si profitable à la zone. Le nouveau projet s’appuie sur trois composantes majeures : la construction et la réhabilitation de la chaussée ; la construction et la réhabilitation du réseau d’assainissement et la construction d’un poste de péage.
Les travaux préparatoires porteront sur le terrassement, la scarification de l’ancienne couche de roulement et l’apport de matériaux si nécessaire. Le nettoyage, le curage et la réhabilitation du dispositif de drainage et la création de nouveaux ouvrages, de fossés divergents ou bassins de rétention figurent aussi sur le cahier de charge pour la réalisation de cette route.
UN NOUVEAU DEPART. Pour le Haut commissaire de l’OMVS, ce projet sonne un nouveau départ pour l’organisation en matière de contribution au développement local. « C’est une étape dans une construction longue que nous comptons mener avec tout notre engagement », a assuré Mohamed Salem Merzoug. Le ministre de l’Equipement et des Transports a jugé que le projet était un exemple parfait d’intégration sous-régionale. Il va contribuer au développement dans la zone. Cette route n’est que justice après près de 30 ans que le barrage a été construit, a souligné Ahmed Diane Semega.
La bretelle avait été construite dans les années 81-83 et servait à l’époque à l’acheminement des matériels et matériaux entrant dans la construction du barrage de Manantali, a expliqué le ministre de l’Energie et de l’Eau. Pour Habib Ouane, il était plus qu’urgent d’apporter un souffle nouveau à une infrastructure qui présente nombre de contraintes à la circulation. « Elle se trouve à un stade de dégradation très avancée de la surface de roulement avec la formation de tôle ondulée, de nids de poule, de déformations dangereuses dans les virages qui sont autant de facteurs qui ne favorisent pas un accroissement du trafic et constituent un danger potentiel pour la vie des usagers », a constaté le ministre.
La réalisation de l’ouvrage répond à des préoccupations majeures du gouvernement qui, ces derniers temps, a mis l’accent sur l’accès sécurisé au barrage de Manantali et son approvisionnement et celui de la centrale facile en pièces de rechange et autres équipements ; le désenclavement des localités traversées ; mais aussi et surtout la réduction de la pauvreté à travers les échanges commerciaux qui se trouvent démultipliés.
Cette action, a poursuivi Habib Ouane, s’inscrit également en droite ligne des missions assignées à l’OMVS dont l’un des objectifs prioritaires est de contribuer au développement économique et social et à la réduction de la pauvreté des populations vivant dans le bassin du fleuve Sénégal. Parlant des adductions d’eau, le ministre a jugé que l’action de l’OMVS contribuait à l’amélioration du taux d’accès à l’eau potable des populations.
En réalisant ses ouvrages, l’organisation sous-régionale aide à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement qui visent à réduire de moitié d’ici 4 ans la proportion des populations sans accès à l’eau potable. Habib Ouane a lancé un appel aux habitants et autorités des deux localités à prendre grand soin des ouvrages et remercié le royaume des Pays-Bas dont l’appui financier a permis leur réalisation. Son homologue sénégalais, Oumar Sarr, a salué l’engagement de l’OMVS en faveur du développement de nos différents pays. Ce qui, selon le président du conseil des ministres de l’OMVS, traduit la ferme volonté de nos gouvernements d’aller vers l’intégration. Agir solidairement pour réussir ensemble tel est désormais le leitmotiv de l’organisation. L’OMVS regroupe la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
Lassine Diarra -
Article publié le Tuesday, July 19, 2011