Le Forum national sur l’observation du croissant lunaire vise à harmoniser la célébration des fêtes musulmanes sur toute l’étendue du territoire national et promouvoir ainsi l’unité entre les musulmans
Dans notre pays, la fixation des dates des fêtes musulmanes obéit à un principe fondamental en islam, à savoir l’apparition du croissant lunaire dont l’observation est aléatoire le premier jour à cause de l’étendue du territoire national et de conditions climatiques souvent défavorables.
Et l’annonce de ces dates était faite à travers les moyens de communication propres à chaque époque. Ainsi, pendant la période coloniale et aux premières heures de l’indépendance, la communauté musulmane célébrait de manière disparate les fêtes religieuses, car l’annonce de l’apparition du croissant lunaire et la fixation des dates des fêtes musulmanes, étaient faites à l’aide de moyens rudimentaires (crieurs publics, coup de fusil, etc.). Aujourd’hui, dans le souci d’uniformiser les dates des fêtes musulmanes et le début du mois de Ramadan et par là même, de renforcer la cohésion entre les musulmans, une commission nationale et ses démembrements (commissions locales d’observation de la lune) ont été mis en place par lettre circulaire n°1016 du 19 juin 2000 du ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales. Grâce au développement des technologies, les annonces se font désormais à la radio et à la télévision.
Cependant, depuis bientôt une décennie, ce mécanisme de fixation ne fait plus l’unanimité au sein des oulémas, entrainant du coup une division des musulmans lors de la célébration des fêtes. Des décalages, d’un, deux et même de trois jours sont observés. Aujourd’hui, certains prônent le recours au calcul astronomique tandis que d’autres s’opposent formellement à la détermination du calendrier lunaire avec des moyens autres que l’œil nu. Le forum national sur l’observation du croissant lunaire qui s’est ouvert hier au Centre international des conférences de Bamako (CICB), va débattre de tout cela.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Kafougouna Koné, en présence de ses homologues de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, Sadio Gassama, et de la Communication et porte-parole du gouvernement, Sidiki N’Fa Konaté. Cette importante rencontre enregistre la présence du président Haut conseil islamique du Mali, l’imam Mahmoud Dicko, des responsables des organisations religieuses musulmanes, des imams, oulémas, prêcheurs, et chefs de quartier. Du côté de l’administration, on note la participation de tous les gouverneurs de région et du district de Bamako, des préfets et de cadres des départements ministériels intéressées par la question. Des maires sont également présents.
TOUTES LES SENSIBILTES RELIGIEUSES. Cette rencontre entend mobiliser les acteurs concernés par la question de l’observation du croissant lunaire afin de donner une réponse définitive à cette équation. Il s’agit précisément de réaliser un consensuel national sur le mécanisme de fixation des dates fêtes musulmanes. Des questions bien cadrées baliseront la réflexion des participants. Il s’agit, entre autres, du fonctionnement de la Commission nationale et des commissions locales d’observation de la lune.
Ces commissions bénéficient-elles d’une audience au sein de la communauté musulmane ? Ne faut-il pas envisager un mécanisme pérenne de fixation des dates des fêtes musulmanes et du début du mois de Ramadan dans l’espace sous-régional ? Ne faut-il pas élaborer un règlement intérieur pour la Commission nationale d’observation de la lune afin de la rendre plus opérationnelle ? Voilà autant de questions auxquelles les participants à la rencontre vont tenter de répondre. Le président de la commission d’organisation du Forum, Boubacar Baba Diarra, a noté que ce forum regroupait toutes les sensibilités religieuses et les forces sociales. Il ambitionne de parvenir à un consensus sur l’observation du croisant lunaire et la fixation des dates des fêtes musulmanes. Le forum se tient à la suite des journées de réflexion sur les questions religieuses tenues les 25 et 26 septembre 2000 qui avaient porté sur les modalités d’observation de la lune et le fonctionnement des différentes commissions.
Malgré les conclusions de cette rencontre, aujourd’hui encore l’annonce de l’apparition du croissant lunaire pour le début et la fin du carême constitue toujours une source de discorde au sein de la communauté musulmane. Celle-ci se manifestant par la célébration de ces fêtes dans la division au lieu de la communion et par des attaques contre des responsables religieux à travers les médias. Pour le président Haut conseil Islamique du Mali, l’imam Mahmoud Dicko, cette rencontre est d’importance capitale pour les musulmans du Mali, car il s’agit de traiter d’une question essentielle qui ne cesse de diviser les musulmans. Le leader religieux a remercié les autorités du pays pour leur engagement constant dans la recherche de solution à cette équation afin que le monde musulman retrouve son unité.
LA NECESSITE D’UNE LARGE SENSIBILISATION. « La résolution de cette question permettra de dater sans ambiguïté toutes les fêtes musulmanes et de promouvoir l’unité au sein de notre communauté », a-t-il ajouté avant de remercier le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales qui a financé la rencontre sur ses propres fonds. Le ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, Kafougouna Koné a dit son espoir que le forum permette d’harmoniser la célébration des fêtes musulmanes sur toute l’étendue du territoire national et de promouvoir l’unité entre les musulmans. La situation doit, de son point de vue, interpeller les consciences de tous les musulmans. « Il importe aujourd’hui de nous remettre en cause, de changer notre méthode de travail en ce qui concerne l’observation du croissant lunaire.
Autrement dit, une nouvelle stratégie doit être définie. Pour cela, il faut une large sensibilisation des musulmans et les oulémas doivent assumer toutes leurs responsabilités », a développé le ministre. L’Etat pour sa part créera les conditions indispensables pour permettre au fidèle, quel que soit son lieu de résidence, de communiquer les résultats de son observation du croissant lunaire à l’instance la plus proche et la plus indiquée. C’est ce souci qui justifie la présence effective de tous les gouverneurs de régions et des préfets.
« Au cours de ce forum, vous êtes invités à proposer des solutions idoines aux dysfonctionnements des commissions locales ainsi que de la Commission nationale de l’observation du croissant lunaire, à définir leurs liens organiques et surtout les règles de fonctionnement. Il importe donc pour chacun de vous de contribuer positivement à la réussite du forum afin que la mise ne œuvre des résolutions qui en seront issues soit la responsabilité de toutes les autorités religieuses et administratives », a préconisé Kafougouna Koné.
Doussou Djiré -
Article publié le Tuesday, July 5, 2011