Les préoccupations ne manquent pas à l’occason de cette rentrée scolaire effective aujourd’hui : écoles inondées, relations avec les syndicats, revendications des enseignants, pouvoir d’achat des parents, etc. L’Etat du Sénégal, dans une approche faite de concertation, a pris le parti d’apaiser le front social de l’Education. Revue des acquis et des urgences dans cet échange entre le ministre de l’Education chargé de l’Elémentaire, du Moyen secondaire, de l’Alphabétisation et des Langues nationales et la Rédaction du quotdien “Le Soleil” dont il était l’invité jeudi dernier.
Dans quel état d’esprit le ministre que vous êtes entrevoit-il la rentrée de cette année ?
J’aborde cette rentrée scolaire avec beaucoup de sérénité. Nous pouvons considérer que la rentrée scolaire de cette année augure une paix durable au regard du contexte lié à la signature de trois protocoles d’accord. Un protocole d’accord avec le Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen et secondaire (Cusems), un autre avec le Cadre unique des syndicats d’enseignants (Cuse) qui regroupe plus de vingt-cinq syndicats et, le dernier en date, c’est le protocole d’accord global signé la semaine dernière avec la bénédiction des partenaires de l’école que sont le Comité national du dialogue social (Cnds), la Fédération nationale des parents d’élèves, la Société civile, etc. Ce qui fait surtout l’originalité de ce protocole global, c’est la création d’un comité de suivi composé, de façon paritaire, du gouvernement et des syndicats avec, bien entendu, l’arbitrage du Cnds. De ce point de vue, cette année scolaire ne peut que susciter un immense espoir. Le gouvernement s’est aussi inscrit dans cette perspective pour que les accords, même ceux signés avant mon arrivée à la tête du département, puissent non seulement être appliqués mais qu’ils le soient intégralement. Lors du Conseil interministériel sur la rentrée scolaire, nous avons eu des engagements fermes du gouvernement qui a décidé de payer l’ensemble des arriérés concernant les déplacements et autres indemnités. Nous allons également faire de telle sorte que l’examen de tous les points liés aux avancements, reclassements, titularisations soit accéléré mais aussi que ces revendications soient globalement satisfaites.
Au moment où nous entretenons, beaucoup d’écoles sont encore inondées. Quelle stratégie le gouvernement compte-t-il mettre en ?uvre pour éviter une rentrée à deux vitesses ?
Un diagnostic de l’aspect physique des établissements montre que nous avons plus de 121 écoles inondées à Dakar, Kaolack et Saint-Louis. Dans la seule banlieue dakaroise, nous avons 68 établissements inondés et 18 occupées par des familles sinistrées. J’ai fait une visite de terrain et j’ai eu l’assurance des sapeurs pompiers qu’avant fin octobre, toutes les écoles seront libérées des eaux. Mieux, le plan Orsec (Organisation des secours) a décidé de prendre comme priorité l’évacuation des eaux dans ces lieux et demain (Ndlr : vendredi 2 octobre), la Semaine de propreté et de l’hygiène dans les écoles sera lancée. En plus des services du ministère de l’Education, cette journée verra la mobilisation des Asc (Associations sportives et culturelles), des maires et des amis de l’école. Le but est d’aider à désherber, à rendre propres et accessibles les écoles. A ce rythme, je pense que toutes les écoles seront dégagées et rendues propres au plus tard dans une dizaine de jours, notamment dans les zones où des problèmes de déversoirs ne se posent pas.
Avez-vous pensé à des alternatives au cas où des écoles resteraient prisonnières des eaux au-delà du mois d’octobre ?
Evidemment que le gouvernement a préconisé une alternative ! Elle consiste à déverser provisoirement un bon nombre d’élèves de ces établissements inondés dans des écoles du Plateau qui sont, pour la plupart, vides. C’est le cas des écoles Amadou Assane Ndoye, Libération, Berthe Maubert, etc. C’est pour dire qu’il y a suffisamment d’écoles à Dakar-ville pour prendre de nombreux élèves.
Qui dit ouverture des classes parle forcément de personnel, de salles de classe, de tables-bancs et autres matériels didactiques. Quelles assurances donnez-vous à ce niveau ?
Cette année, ce sont plus de 62.000 enseignants, craie en main qui, à partir d’aujourd’hui (ndlr : 1er octobre), ont commencé à rejoindre les salles de classe. 4.000 volontaires de la quinzième génération formés, avec à la clé des diplômes pédagogiques, vont également intégrer le système. A ce niveau, il faut dire que le problème de personnel se pose de moins en moins dans l’élémentaire. En revanche, dans le moyen secondaire, nous avons des difficultés pour les mathématiques et la philosophie. Pour ces deux disciplines, nous avons un déficit respectivement de 112 et de 44 professeurs. Nous lançons un Sos pour ces deux disciplines. Il n’est pas exclu de faire revenir des professeurs de Mathématiques à la retraite. Tout cela mis à part, nous devons reconnaître que, du point de vue de la qualité, il y a eu une nette amélioration. Cette année, pour la première fois depuis 1996, les enseignants sortent avec des diplômes pédagogiques. A titre illustratif, pour les seuls mois d’août et de septembre, nous avons formé plus de 7.000 maîtres contractuels. Concernant les tables-bancs, une difficulté liée à leur disponibilité a été notée en 2008. C’est l’occasion de souligner que les procédures de mobilisation des ressources sont certes de bons instruments de transparence mais elles ont beaucoup freiné les acquisitions telles que les tables-bancs. Cette année, par exemple, la commande de 35.000 tables-bancs tarde à être livrée alors que la procédure de livraison a démarré depuis avril. Il faut saluer la décision du Conseil des ministres hier, (Ndlr : jeudi) qui a pris, parmi les super priorités, la livraison de ces tables-bancs. Pour ce qui est des salles de classe, le Sénégal avait décidé d’en construire 2.700 à 3.000 par an. Malheureusement, l’année dernière, aucune salle de classe n’a été construite pour des raisons budgétaires. Cette année, sur 2.744 classes attendues, nous ne recevrons qu’un peu plus de 300 dont l’essentiel venant de la Coopération japonaise qu’il faut saluer au passage. De ce point de vue, il faut dire que la dégradation de nos capacités à construire des salles de classe a sérieusement plombé l’enrôlement des élèves. N’eut été d’ailleurs la réduction du taux de redoublement (de 10 à 7,5), les conditions d’enseignements-apprentissages se seraient détériorées profondément.
Malgré ces difficultés, le Taux brut de scolarisation a connu une grande amélioration....
Absolument ! Le taux de scolarisation est passé de 91.3 % l’année dernière à 91.9 % aujourd’hui, soit une augmentation de 0,6 point. Si nous avons enregistré ce résultat, c’est grâce aux efforts conjugués de l’Etat et de ses partenaires, notamment en ce qui concerne les manuels scolaires. Par exemple, en 2008-2009, il n’y a pas eu de livres mais, cette année, nous mettrons environ 2.400.000 manuels de lecture, de calcul, d’arabe et du nouveau curriculum à la disposition des élèves et enseignants. A cela, il faut ajouter le matériel didactique. Au total, 103.346 mallettes pédagogiques, 140.000 guides du maître et plus de 190.000 manuels de référence seront remis aux élèves et enseignants. Il me revient de remercier, ici, l’appui de nos partenaires comme l’Agence internationale de la Coo
Article publié le Monday, October 5, 2009