Fiche signalétique : Anne-Marie Lamour, touriste ethousiaste (oh oui, oh oui !).
Bonjour boujour je m’appelle Anne-Marie Lamour ! C’est ma première fois en Afrique Noire et je suis em-ba-llée !
J’adorre l’Afrique (c’est chic c’est chic). Mais je ne suis pas novice dans le tourisme à risques, loin de là ! J’ai déjà fait l’Afrique blanche, notamment le Maroc et sa fameuse Médina (oh la la...). Auparavant, j’avais même fait trempette en Seine Saint-Denis banlieue parisienne : je fus quelque peu traumatisée, je l’avoue, je l’avoue...
J’ai été, oh les mots me manquent, j’ai été si fortement bouleversée par le Maroc que j’en ai encore les larmes aux yeux. Et aujourd’hui je suis là ! En Afrique Noire ! En Afrique de l’Ouest ! A 6 000 km de chez moi !
Africa oyé ! Ayé africa !
Et déjà les couleurs, les odeurs, mama mia ’tout m’émerveille ! Les étals de fruits et légumes si follement achalandés et si jouissivement exotiques… Corrigez-moi si je me trompe, mais ne sommes-nous pas en pays semi-désertique ? Eh bien cela ne se sent pas : il y de l’eau dans les robinets ! Quelle merveille ! Et toutes ces viandes et tous ces poissons frais que des femmes hautes en couleurs vendent à la criée : quel spectacle ! Magnifico !
Quel spectacle que toutes ces femmes rondes aux mollets, épaules et même parfois mamelles… nue s ! Rubens s’il était encore vivant, s’en lècherait le pinceau ! Ah le port des hommes, ah la beauté des femmes !
Et tous ces boubous brodés, d’où les sortent-ils ?!!! Et quand travaillent-ils eux qui paraissent si indolents ? Sûrement une manœuvre abracadabresque. Ne sommes-nous pas au pays des génies et autres sorciers youcoulélés ???!
Ah, Afrique intemporelle, objet de tous les fantasmes et de tous les possibles ! Impossible à appréhender pour nous autres Occidentaux pétris de cartésianisme et de pudeur ! Imbécile.
Pas de doute Dieu – ou leurs dieux puisqu’ils sont tous plus ou moins polythéistes n’est ce pas – se sont livré à du grand art sur ce continent. Toutes ces différentes couleurs de peau qui se télescopent dans les rues ! Ah plaisir, plaisir... bombance de la prunelle... Ces corps fermes et racés, ces silhouettes tracés au fusain... Encre de chine, encre de chine…
Le plus étonnant, c’est qu’ils ne semblent même pas conscients de leur élégance ! Quelle charmante modestie naturelle du sauvage ! Quelle superbe leçon d’intelligence ou d’ignorance peut-être ? Va savoir.
J’étais sous Prozac ; depuis que je suis ici, non seulement je n’ai pas avalé un seul comprimé de ce poison légal, mais en plus je jouis d’une forme olympienne ! Christine Arron n’a qu’à bien se tenir ! Ce pays libère en moi une indomptable énergie ! The « lion sleeps tonight » ou pas, je m’en vais te le réveiller. Vous allez voir ce que vous allez voir !
Juste avant de venir, je me suis fait teindre les cheveux. De brun corbeau sur son arbre perché, j’ai viré au blond platine avec mini jupe à la clef. Je me suis renseignée : le blond, c’est la teinte préférée des Africains et des cheikhs enturbannés.
Je suis ouverte à toute proposition incorrecte, dispo de suite : ce sont les vacances !
J’ai des copines qui sont versées dans les croisières typées sexe genre Caraïbes and so on. Moi, je ne branle pas de ce bois bandé là. La motivation première de ma venue ici est la connaissance de l’autre : sa culture, ses mœurs, ses coutumes, ses croyances.
Mais si, par un heureux concours de circonstance, mon frère Africain, en toute liberté s’entend, en veut à mon corps frétillant, dans un sens non cannibale je précise, je ne vois pas sous quel prétexte je le lui refuserais ! Cela serait faire preuve d’un racisme du plus mauvais goût ! Tant que l’assaut reste bon enfant et se déroule selon les règles universelles du kama sutra, à quelques variantes africaines près.
United Benetton à mort, je suis à fond mais à fond pour le mélange des couleurs et des races et je compte pratiquer ce que je prêche ! En outre, il me semble que les vacances sont le seul moment de l’année, excepté Noël, où l’on doit se donner à fond, nous nous devons d’être généreux de notre personne ! Sans restriction aucune. Je suis là pour « restorer le hope » des Africains. Et je compte bien faire en sorte que ma présence en soulage rapidement quelques-uns.
L’Afrique a besoin d’amour et je compte bien l’en gaver dans la démesure de mes moyens nouvellement siliconés.
Merci de votre attention et à bientôt en ces colonnes pour la suite de mes aventures.
Ah quelle merveille !
Article publié le Sunday, September 27, 2009