L’Association malienne des expulsés (AME) et son collectif de soutient, composé du journal Sanfin, Cargo Cult, le Réseau de communication Kayira, Aide Mali, Mouvement des Sans voix, le Mourasma, la LJDH, les travailleurs licenciés de Morila et la CAD-Mali, ont organisé le 20 juin 2009, au centre Djoliba, une journée de mobilisation pour la liberté de la circulation des hommes. «La libération immédiate des migrants en prisons en Libye» est apparue comme une forte exigence des participants qui ont sanctionné leur journée de travail par un appel pour la libre circulation des Personnes.
En plus de la libération immédiate des migrants maliens en prison en Libye, l’appel élaboré sous forme de déclaration qui a sanctionné les travaux de la journée de mobilisation pour la liberté de la circulation des hommes, organisée par l’AME et son collectif de soutien, ont formulé des exigences à l’endroit de l’Etat malien. Dans la déclaration lue par Alassane Dicko, secrétaire permanent de l’AME, les participants à la journée ont demandé à l’Etat malien de cesser de stigmatiser l’immigration clandestine et d’orienter plutôt ses priorités sur les aspects des droits de tous les migrants, quelque soit leur situation. Mieux, tout en invitant l’Etat du Mali de s’engager à ne jamais signer d’accords bilatéraux de réadmission avec les Etats occidentaux, ouvrant la voie à des quotas d’immigration choisie et amplifiant les expulsions des travailleurs sans papiers maliens, les participants à la journée ont exiger la régularisation de tous les travailleurs sans papiers. Ils ont demandé aux consulats maliens de cesser de délivrer des laissez-passer qui facilitent l’expulsion des Maliens et de s’impliquer d’avantage dans l’aide des migrants sans papier. En sollicitant l’implication de la société civile dont l’AME dans la commission chargée d’élaborer la politique migratoire du Mali, les participants à la journée de mobilisation, ont demandé à l’Etat d’affirmer sa souveraineté en matière de politique migratoire, par la non implication de représentants d’Etats expulseurs dans le processus d’élaboration de la politique migratoire malienne. Par ailleurs, ils ont exigé des pays occidentaux qu’ils modifient leurs pratiques humiliantes concernant la délivrance des visas en facilitant les démarches, en justifiant les raisons des refus de visas, en fixant des frais administratifs à un montant égal à celui que paient les étrangers pour obtenir un visa malien. L’appel a invité le gouvernement malien à exiger auprès de l’Etat français, la restitution des biens des expulsés et qu’ils puissent bénéficier de leurs droits au regard des cotisations versées. Mais, auparavant, l’appel lu par Alassane Dicko a rappelé que le Mali est aujourd’hui animé par un débat sur la migration. Selon la déclaration, ce débat est suscité par le renforcement des contrôles aux frontières, les nombreuses expulsions injustes, le développement des restrictions pour l’obtention des visas, la création du CIGEM, la présence des agents du Frontex, les migrants morts dans les prisons libyennes, les nombreux Maliens refoulés de différents pays africains et de l’interpellation du ministre à l’Assemblée Nationale. L’appel a indiqué que les politiques migratoires européennes sont présentées comme des politiques sécuritaires visant à protéger les Etats Occidentaux d’un soi disant «envahisseur». «Mais ce sont en fait des politiques d’apartheid mondiales, de domination», à déclaré les participants. Avant d’ajouter que le Mali, tout comme les pays expulseurs, utilisent l’argument du droit pour justifier les expulsions et la criminalisation des migrants travailleurs en situation irrégulière. «Mais la loi ne peut pas être une référence pour interdire la migration alors que les mêmes pays qui s’y réfèrent expulsent sans tenir compte des lois qui protègent les migrants», a rappelé Alassane Dicko. Avant d’indiquer au nom des participants que : «Les migrants sans papiers, les refoulés et les expulsés sont critiqués par l’Etat Malien alors que s’ils parviennent à migrer et à envoyer de l’argent au pays, ils sont encensés pour l’aide qu’ils apportent». Les participants à la journée de mobilisation, ont estimé que «ce double discours est paradoxal lorsqu’il est tenu par l’Etat Malien et illustre bien le fait que l’Etat malien se positionne en faveur des intérêts des dirigeants occidentaux et non de ceux du peuple malien». Pire, les participants à la journée de mobilisation pour la liberté de circulation des hommes, ont rappelé dans leur déclaration que «l’Etat Malien déclare ne pas avoir de politique migratoire, pourtant le Mali a souscrit à des conventions internationales et sous régionales qui sont en faveur de la libre circulation». Avant d’indiquer que «l’Etat doit agir sur la base de la mission clairement définie du Ministère des Maliens de l’Extérieur pour assurer la protection des Maliens de l’extérieur, quelque soit leur situation, en faisant respecter leurs droits». Ils ont invité l’Etat malien à considérer les migrants sans papiers comme des résistants en clandestinité face aux politiques migratoires discriminantes. «Ils s’opposent a des lois injustes, tout comme l’ont fait autrefois les militants anti-apartheid d’Afrique du Sud et les militants anti-ségrégation des Etats d’Unis lors des luttes pour les droits civiques», ont-t-ils indiqué.Assane Koné
Article publié le Wednesday, June 24, 2009