Le Centre Régional de Formation et d’Application en Agrométéorologie et Hydrologie Opérationnelle (AGRHYMET) a publié sur sa page Facebook le 19 avril 2025 une note spéciale d’alerte faisant état d’une recrudescence inquiétante du criquet pèlerin dans les zones sahéliennes et en Afrique du Nord-Ouest. Cette situation, liée à des conditions écologiques exceptionnelles observées depuis l’été 2024, pourrait annoncer une campagne acridienne d’ampleur dans les mois à venir.
Lire le rapport complet : Note spéciale d’alerte – avril 2025 (PDF)
Un contexte climatique favorable à la multiplication des criquets
Occurrence du Criquet pèlerin en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest à la mi-janvier 2025 (Source FAO/DLIS)
Le rapport publié par le Centre Régional AGRHYMET, pointe les pluies exceptionnelles de la saison estivale 2024 comme principal facteur de la résurgence acridienne actuelle. Ces précipitations abondantes ont favorisé le développement d’une végétation dense et persistante, propice à la reproduction du criquet pèlerin dans plusieurs zones sahéliennes.
Autre facteur aggravant, le phénomène d’inféro-flux (un vent faible et proche du sol qui peut empêcher les criquets pèlerins de migrer, les forçant à rester et se reproduire localement), combiné à des températures relativement basses en fin de saison, a freiné la migration naturelle des populations de criquets vers le nord, les retenant plus longtemps dans les aires de grégarisation du Sahel.
Le Niger au cœur de la résurgence
Le nord du Niger, notamment les zones de Timia, Ingal et Iferouāne, est identifié comme l’un des principaux foyers de cette activité acridienne. Le rapport mentionne la présence d’essaims de taille moyenne à petite, composés d’individus roses matures, observés entre le 12 et le 14 avril 2025 dans ces localités.
Le « comportement erratique« (imprévisible) de ces groupes laisse supposer une recherche active de sites de reproduction. Par contre « L’essaim qui est était en mouvement vers le Nord-Ouestd’Iferouāne semble plus cohérent et les services algériens ont été informés sur uneprobable arrivée de cet essaim, si ce dernier ne rencontre pas de bonnes conditions écobotaniques sur son passage en territoire nigérien » prècise le rapport.
Selon les observations, l’évolution actuelle ne résulte pas d’un apport externe de criquets, mais bien d’une « reproduction essentiellement autochtone« , ce qui rend la situation encore plus préoccupante pour la saison à venir.
Une extension régionale en cours
Dès mars 2025, des groupes ailés ont été observés en Algérie, Libye, Tunisie, et dans une moindre mesure au Maroc. Dans ces pays, les premiers signes de reproduction printanière ont été détectés, notamment la formation de bandes larvaires.
Des signes de présence larvaire ont également été signalés au Tchad, confirmant une propagation de la menace au-delà des frontières nigériennes. L’alerte a été relayée par les autorités nigériennes à l’attention de l’Algérie, soulignant le risque transfrontalier élevé.
Une saison acridienne 2025 à haut risque
Le rapport d’AGRHYMET anticipe une amplification du phénomène à partir de juin-juillet 2025, lorsque les conditions écologiques redeviendront favorables à une nouvelle vague de reproduction. Le risque est d’autant plus élevé avec l’éventuelle arrivée de populations issues de la reproduction printanière en Afrique du Nord.
Face à cette menace, le centre recommande une vigilance accrue et une coordination régionale renforcée. Les mesures préconisées incluent :
le renforcement de la surveillance dans les zones à risque (l’Aïr, le Ténéré au Niger et, au-delà),
l’intensification des opérations de lutte,
la mobilisation rapide des moyens de riposte.
Article publié le Thursday, April 24, 2025