Photo: DR Aux commandes du Togo depuis vingt ans, Faure Gnassingbé et ses différents gouvernements peinent à impulser un véritable développement, excellant plutôt dans l’art de la propagande. Sa dernière mise en scène : la célébration des 20 ans du règne du fils, habilement transformée en commémoration du vingtième anniversaire du décès du père (Gnassingbé Eyadéma).

Pendant que le système de santé s’effondre, le gouvernement organise une campagne médicale gratuite avec les FAT dans le nord du pays pour, dit-il, rendre hommage à « l’artisan de la cohésion entre la nation et son armée ».

Une campagne de consultations médicales gratuites du service de santé de l’armée togolaise se tient dans la région des Savanes du 3 au 18 mars 2025. Cette initiative s’inscrit dans la commémoration des vingt ans du décès du président Gnassingbé Eyadéma.

« Après l’étape de Kara, dont le succès est salué par les populations, ces actions médicales gratuites se poursuivent du 3 au 8 mars dans la région des Savanes (…) », lit-on dans le communiqué du gouvernement.

Pour les populations, surtout rurales, déjà plongées dans une grande précarité et qui voyaient à travers cette campagne une opportunité pour se soigner, c’est une grande illusion.

Une semaine après le début de cette campagne, les patients qui se sont rendus sur les sites de consultation avec l’espoir de recevoir des soins adaptés, ont été malheureusement surpris.

Plusieurs d’entre eux ont exprimé leur déception devant la qualité des consultations et des soins proposés. Ces témoignages affichent clairement le fossé entre les promesses de l’opération et la réalité vécue par les patients.

Pour une patiente souffrant d’une sensation lancinante au bas-ventre après une césarienne en juillet 2022, ajoutée à des démangeaisons persistantes aux pieds, si intenses qu’elles lui arrachent du sang, l’écoute a été brève, presque expéditive. Comme médicaments, une plaquette de paracétamol, une autre d’amoxicilline et six autres petits comprimés. Rien de plus.

« Je me suis levée pour bien leur montrer mes pieds, sans même me regarder, il m’a dit que cela nécessite une intervention chirurgicale et qu’ils ne font pas ça », explique la jeune femme, déçue.

Les témoignages de plusieurs patients consultés la semaine dernière laissent penser que presque tous ont reçu les mêmes médicaments, quelle que soit leur pathologie. Présentée avec un large écho médiatique, cette campagne médicale gratuite est perçue par beaucoup comme une opération de propagande à l’actif du parti au pouvoir.

Des interrogations subsistent également quant à la qualité des médicaments distribués lors de cette campagne. Les patients, déjà fragilisés par des conditions de vie précaires, méritent des soins de qualité et une attention particulière.

Les critiques pointent du doigt un régime incapable de construire et d’équiper adéquatement les centres de santé, se contentant d’organiser des campagnes médicales ponctuelles pour pallier les insuffisances du système de santé. Les Togolais ne veulent pas d’une gouvernance fondée sur la générosité occasionnelle d’un chef de l’État distribuant vivres et médicaments.

Ils aspirent plutôt à un système qui leur permette de subvenir eux-mêmes à leurs besoins les plus élémentaires : se nourrir, se soigner et se vêtir. Si les initiatives ponctuelles peuvent apporter une aide temporaire, elles ne sauraient remplacer une politique de santé publique solide et pérenne.

François Bangane

Source: lalternative.info