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Analyse de la Déclaration Commune sur la Gouvernance de l’IA : Vers une Régulation Internationale ? - AL-FAJR QUOTIDIEN - Quotidien d'Information Générale des Comores

 Le Sommet international sur l’intelligence artificielle, qui s’est tenu à Paris les 10 et 11 février 2025, a abouti à une Déclaration commune signée par 61 pays. Ce document met l’accent sur des principes de gouvernance visant à rendre l’IA plus éthique et inclusive, tout en promouvant une régulation internationale renforcée.

Un des objectifs de ce Sommet est de renforcer les partenariats entre États, entreprises et société civile, pour un avenir numérique plus inclusif et durable. Dans son intervention, le Président a souligné l’importance de rendre la gouvernance de l’IA inclusive et éthique, avec un modèle de régulation mondial reposant sur une coopération internationale forte. « La gouvernance de l’IA doit être bénéfique pour tous les peuples, partout dans le monde, » a-t-il affirmé.

Bien que les Comores soient encore aux premières étapes, le pays s’engage activement dans l’intégration de l’IA et de la cybersécurité dans l’éducation, tout en renforçant ses infrastructures numériques. En tant que membre de l’alliance Smart Africa, les Comores contribuent activement à la gouvernance numérique en Afrique. Le Président a également mis en lumière le rôle crucial que l’Afrique doit jouer dans l’IA : « Les pays africains doivent bâtir une gouvernance numérique qui mette l’IA au service des peuples et de

Les objectifs de la Déclaration

Les pays signataires, parmi lesquels figurent des puissances technologiques comme la Chine, la France et l’Inde, ont affirmé leur engagement à éviter une concentration excessive du marché, afin que l’IA ne soit pas contrôlée par une poignée d’acteurs privés ou nationaux. Rendre l’IA accessible, notamment aux pays émergents, pour éviter qu’elle ne creuse davantage les inégalités technologiques. Renforcer la régulation pour encadrer le développement et l’usage de l’IA afin de prévenir les dérives (biais algorithmiques, surveillance de masse, atteintes aux droits fondamentaux).

Cette déclaration s’inscrit dans une volonté de coopération internationale, similaire à d’autres initiatives globales comme le Sommet de Bletchley (novembre 2023) et les efforts de l’ONU en matière de régulation de l’IA.

L’absence des États-Unis et du Royaume-Uni : une fracture géopolitique

L’un des faits marquants de ce sommet est l’absence des États-Unis et du Royaume-Uni parmi les signataires. Cette décision souligne des désaccords profonds sur la gouvernance mondiale de l’IA. Le Vice-président américain, JD Vance, a défendu une approche moins interventionniste, arguant que des régulations trop strictes pourraient freiner l’innovation et limiter la compétitivité des entreprises technologiques. Cette position est alignée avec celle de nombreuses grandes entreprises américaines, qui craignent qu’un cadre réglementaire international trop contraignant leur fasse perdre leur avantage concurrentiel face à des acteurs étrangers plus souples.

Cette divergence illustre une fracture entre deux visions : une approche régulatrice (France, Chine, UE, Inde…), qui vise à encadrer l’IA pour prévenir ses risques et assurer un accès équitable et une approche libérale (États-Unis, Royaume-Uni…), qui privilégie la croissance rapide du secteur, en misant sur l’autorégulation et l’innovation.

Les implications et défis à venir

L’absence des États-Unis et du Royaume-Uni soulève plusieurs questions : Une régulation efficace est-elle possible sans les plus grandes puissances technologiques ? Le risque d’un monde divisé en blocs IA est-il en train de se matérialiser ? (une IA européenne régulée, une IA américaine plus libre, une IA chinoise sous contrôle d’État). Les entreprises devront-elles jongler avec plusieurs cadres réglementaires en fonction des régions du monde ?

Ce sommet marque une avancée notable vers une gouvernance mondiale de l’IA, mais l’absence d’un consensus universel laisse présager des tensions et des rivalités croissantes dans la définition des règles du jeu technologique.

Fakihi Mradabi

 


Article publié le Tuesday, February 18, 2025