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L’Union africaine appellée à porter la voix du continent pour une justice réparatrice
Les causes du déséquilibre observé entre le Sud global et le Nord global sont historiques avec des répercussions socio-économiques profondes qui continuent de façonner et de dévaster le continent.
« Nous comptons sur ces présidents et dirigeants pour s’assurer qu’ils prennent soin des 1,4 milliard de personnes sur ce continent »
Ph:DR: Une conférence de presse pour promouvoir la justice réparatrice en faveur de l’Afrique
En marge du sommet de l’Union africaine 2025 qui se déroule actuellement à Addis-Abeba (en Ethiopie), le Forum africain pour la Dette et le Développement (AFRODAD) a organisé mercredi 12 février 2025 une conférence de presse à l’intention des médias représentant les Etats membres. « Réformer le système financier mondial : Promouvoir la justice et les réparations pour l’Afrique lors du Sommet de l’UA 2025 » c’est le thème autour duquel trois éminents experts ont axé leurs interventions ; notamment sur l’architecture financière mondiale. Entres autres formulations de solutions et recommandations pour juguler la crise de la dette en Afrique qui chevauche les problèmes de l’heure : les effets pervers du changement climatique.
Aline ASSANKPON
Le thème de la conférence s’inscrit dans le cadre du thème du Sommet de l’Union africaine qui se déroule actuellement : « La justice pour les Africains et les personnes d’origine africaine à travers les réparations». L’objectif de cette conférence de presse consiste à examiner le système de prêt, voir dans quelle mesure il est juste et équitable pour les pays africains et ceux du Sud global.
En effet, les campagnes et dialogues organisés au cours des dernières années autour de la question de l’architecture financière constituent l’un des moyens évidents d’assurer une justice réparatrice, équitable pour tous.
Après la présentation des tenants et aboutissants de ladite conférence de presse, l’une des experts,
Ph:DR: Mme Serah Makka, Directrice exécutive pour l’Afrique de la Campagne One,
fera un bref historique de la dette en Afrique, de l’architecture financière mondiale actuelle et le rôle d’équilibrage de l’économie mondiale, joué par le G20 dans la gestion de la dette. Aussi, faut-il rappeler que l’Afrique du Sud est le seul représentant sur lequel tout le continent compte actuellement. L’Union africaine (UA), membre du G20 il y a juste un an et demi, peut comprendre désormais le rôle qui est le sien dans la gestion des dettes africaines.
Analysant la situation de certains pays qui croupissent sous le poids de la dette, Mme Serah Makka affirme que : « 25 pays paient plus pour rembourser leurs dettes qu’ils ne dépensent pour la santé et l’éducation réunies. Maintenant, c’est un problème parce que nous sacrifions notre développement pour rembourser la dette. Et nous disons souvent que l’Afrique n’a pas un problème de dette, elle a juste un problème de coût élevé de la dette ».
Et pour illustrer la crise, elle ajoute que : « Les pays africains paient 500 % de plus que d’autres pour accéder au marché des capitaux. Lorsqu’un pays comme le Sénégal ou la Grèce ont exactement la même notation de crédit, qui est basée sur le risque, et qu’ils accèdent au marché des capitaux, le marché pénalise le Sénégal et soutient la Grèce avec exactement le même risque pris en compte. Nous devons donc nous poser des questions sur les raisons qui sous-tendent ce traitement d’injustice ».
A l’endroit des dirigeants africains au Sommet de l’UA, Mme Makka invite les Etats à se faire entendre : « Nous devons élever notre voix et exiger que tant qu’aucune action n’est prise, nous ne nous reposerons pas et nous ne céderons pas. Et c’est pourquoi ce sommet de l’UA est vraiment important. Lorsque les présidents africains se réunissent, nous voulons que les citoyens africains soient enthousiastes parce que les acteurs de notre continent sont dans un même espace et qu’ils peuvent collectivement avoir un impact ». « Nous voulons que cette voix soit entendue, nous voulons que ce message soit envoyé à l’Union africaine. Il ne suffit pas qu’ils se réunissent, ils doivent être capables de projeter l’inspiration dont nous avons besoin en tant que citoyens du continent. Nous comptons sur ces présidents et dirigeants pour s’assurer qu’ils prennent soin des 1,4 milliard de personnes sur ce continent » ajoute la Directrice.
PH:DR: Adrian Chikowore – Conseiller principal pour l’Afrique, Christian Aid
Adrian Chikowore – Conseiller principal pour l’Afrique, Christian Aid va renchérir sur la probabilité d’une justice pour les Africains grâce à la réforme du système financier mondial.
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Par ailleurs, Adrian Chikoworé va axer son analyse sur les causes du déséquilibre observé entre le Sud global et le Nord global estimant que pour avancer vers une réforme de l’architecture financière mondiale, les pays africains doivent poursuivre une décolonisation du FMI et de la Banque mondiale, qui sont des institutions créées avant que de nombreux pays africains n’obtiennent leur indépendance.
“De ce fait, elles ne sont toujours pas représentatives du continent, car les pays africains n’ont pas participé à leur gouvernance. La gouvernance du FMI et de la Banque mondiale est dominée par les nations les plus riches, avec un pouvoir de vote déterminé par les contributions financières plutôt que par l’équité ou les besoins de développement. Les pays africains ont très peu de pouvoir de vote, avec moins de 10 % des voix, et sont représentés par seulement deux administrateurs. Ces déséquilibres ont marginalisé l’Afrique et le Sud global, avec leurs besoins souvent éclipsés par les priorités du Nord global. Ainsi, une pression de l’Union africaine pour s’engager avec ses homologues du Nord serait essentielle pour garantir des avancées” souligne M. Chikoworé.
Ph:DR: Dr. Yungon Theophilus Jong, Responsable politique et plaidoyer Africain Forum and Network on Debt and Development
Dr. Yungon Theophilus Jong, Responsable politique et plaidoyer Africain Forum and Network on Debt and Development, reprenant pour sa part les causes du déséquilibre, observe qu’il y a un contexte historique où les peuples africains ont non seulement été dépossédés, mais leur voix a également été effacée en matière de contribution aux décisions politiques et à l’élaboration des règles dans le système financier mondial.
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Réformer l’architecture financière mondiale ne signifie donc pas seulement examiner les institutions financières en elles-mêmes, car il existe également des institutions non financières qui jouent un rôle clé dans ce processus. « Par exemple, les pays de l’OCDE ont des arrangements informels, comme les membres du Club de Paris. Ces derniers sont des décideurs clés lorsqu’il s’agit de questions de prêt et de créanciers bilatéraux, et ils ont une influence significative sur les politiques du FMI et de la Banque mondiale » avance Dr. Yungon Theophilus Jong.
« Le FMI est une institution dirigée par l’Europe, tandis que la Banque mondiale est sous la prérogative du président des États-Unis, qui nomme son dirigeant. Cela crée un déséquilibre flagrant en matière de partage du pouvoir et de prise de décision collective. Dans ce processus, les pays africains sont absents lorsqu’il s’agit de définir les règles et de prendre des décisions. Comme on dit, « celui qui paie le joueur de flûte choisit la mélodie ». Réformer l’architecture financière mondiale nécessite donc de passer à des arrangements plus démocratiques » suggère-t-il.
Par ailleurs, il était important de retenir que le processus de financement du développement, qui passe par l’ONU, où il existe une représentation équitable des pays dans les décisions relatives au financement mondial. Cet état de chose permettrait aux pays africains d’accéder aux financements nécessaires pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), mettre en œuvre leurs plans de développement nationaux et réaliser l’Agenda 2063 de l’Afrique.
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En outre, la réforme de l’architecture financière mondiale ne concerne pas seulement les règles, mais aussi les structures des institutions elles-mêmes. Cela inclut la nécessité de passer par des processus multilatéraux, comme ceux de l’ONU, pour garantir une représentation équitable et mettre fin à l’exploitation systémique des pays africains, qui remonte à l’esclavage, la traite des esclaves et le colonialisme. « C’est ici que la justice réparatrice entre en jeu. Elle ne consiste pas seulement à donner de l’argent aux pays africains, mais à réformer les politiques et les structures qui perpétuent les inégalités ».
« La justice réparatrice doit reconnaître que le système financier mondial a été construit sur la sueur, le sang et les ressources des pays africains. Les pays du Nord ont utilisé ce système pour maintenir leur avance économique et politique, en imposant des décisions aux pays africains et au Sud global. C’est pourquoi nous plaidons pour que l’Afrique devienne un faiseur de règles, et non simplement un preneur de règles dans ce système financier mondial ».
En conclusion, réformer l’architecture financière mondiale nécessite des efforts concertés pour corriger ces déséquilibres structurels et intégrer la justice réparatrice dans le processus. Cela inclut des réformes institutionnelles, la reconnaissance des contributions historiques des pays africains et la mise en place de mécanismes démocratiques pour garantir une représentation équitable dans les décisions financières mondiales.
Article publié le Tuesday, February 18, 2025