Ce jour mercredi 3 Mai 2023, le Niger, à l’instar de la communauté internationale, célèbre la Journée mondiale de la Liberté de Presse, proclamée en 1993 par la 48ème Assemblée générale des Nations Unies.
Placée sous le thème : « Façonner un avenir des droits, la liberté d'expression, clé de voûte des droits humains », l’édition 2023 de la Journée mondiale de la Liberté de Presse coïncide cette année avec trois grands évènements.
Cette Journée coïncide d’abord avec le 30ème anniversaire de son institutionnalisation par l’Assemblée Générale des Nations Unies faisant de la liberté de la presse et de l’indépendance des médias, une condition nécessaire à la jouissance de tous les autres droits de l’homme.
Elle correspond ensuite avec le 75ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme. Et dans la DUDH, la liberté d’opinion et d’expression est précisée à l’article 19 comme étant le droit de rechercher, de recevoir et de diffuser des informations et des idées par quelque moyen d'expression que ce soit et sans considération de frontières.
Enfin, cette journée du 3 Mai correspond avec le 30ème anniversaire de la conférence de Vienne qui, dans sa déclaration et son programme d’action sur les droits de l’homme a mis en place des institutions importantes pour la sauvegarde des droits de l’homme.
Des événements qui mettent en exergue, la particularité de l’édition 2023 dela Journée mondiale de la Liberté de Presse que nous célébrons aujourd’hui.
Mesdames et messieurs
Permettez-moi aussi de souligner que la célébration de la Journée mondiale de la Liberté de Pressenous donne l’occasion de rappeler au gouvernement, la nécessité de respecter leurs engagements notamment le respect strict des textes, l’accompagnement des médias à être des véritables entreprises de presse, le rehaussement du fonds d’aide à la presse. Cette journée est aussi celle de réflexion pour les professionnels des médias afin d’échanger sur des questions relatives à la Liberté de Presse ainsi que l’Éthique professionnelle.
Toute aussi importante, la Journée mondiale de la Liberté de Presse se veut une journée de soutien aux médias et de commémoration pour les journalistes.
Mesdames et messieurs
Tous les ans, la Journée mondiale de la Liberté de Presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la Liberté de Presse, d’évaluer l’état de la Liberté de Presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et rendre hommage aux journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de la profession. Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, proclamaient la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.
Notre Journée permet aussi d’informer les citoyens sur les atteintes multiples et multiformes portées à la Liberté de Presse. En effet, ils sont nombreux, les pays dans lesquels des publications sont censurées, condamnées, suspendues ou tout simplement interdites du droit de paraître.
Au même moment, des nombreux journalistes, des rédacteurs en chef et des éditeurs sont harcelés, attaqués sur leurs lieux de travail, en ville ou dans leurs propres maisons, d’autres détenus et les moins chanceux, sont hélas tués.
Au regard de toutes ces atteintes dont font l’objet les professionnels des médias à travers le monde, laJournée mondiale de la Liberté de Presse nous donne ainsi l’occasion de les encourager davantage dans l’exercice de la profession et de les inciter beaucoup plus à développer des initiatives en faveur de la Liberté de Presse.
Mesdames et messieurs
L’édition 2023 dela Journée mondiale de la Liberté de Presse intervient aussi dans un contexte sécuritaire très difficile pour les pays du Sahel et pour notre pays, le Niger, en particulier. Cette situation a servi de prétexte dans certains pays pour une remise en cause de l’ordre constitutionnel normal, avec pour conséquence, les atteintes à la liberté de la presse.
Dans un récent rapport intitulé « Dans la peau du journaliste au Sahel », Reporter Sans Frontières a indiqué qu’entre 2017 et 2022, plus de 1000 attaques terroristes ont été recensées au Mali, au Burkina Faso et au Niger. De ce fait, les menaces, les risques d’enlèvement, voir d’assassinat, font désormais partie du quotidien des journalistes de la région du Sahel. Dans une telle situation, la peur des représailles favorise l’autocensure et la rétention d’information devient la norme.
Nonobstant ce contexte difficile, c’est le lieu de féliciter et d’encourager les médias nigériens, qu’ils soient de l’audiovisuel, de la presse écrite ou électronique, pour leur pleine implication dans la couverture des évènements liés aux questions sécuritaires avec responsabilité et professionnalisme.
Grâce à votre engagement et au professionnalisme dont vous faites montrent, le Niger est en train d’enregistrer d’importants progrès dans la lutte contre le terrorisme. Malgré cet engagement, on assiste à des actes délibérés de violence sur les journalistes et leur matériel de travail. C’est le cas, il y a quelques semaines, du journaliste de la télévision Anfani agressé sans raison par des vigiles de l’OIM, une organisation des Nations-unis. Cet acte ne restera pas impuni.
C’est aussi le cas du non-respect des prérogatives de la carte de la presse qui devrait permettre aux journalistes d’avoir certaines facilités dans le traitement de l’information.
Mesdames et Messieurs,
Chères consœurs ;
Chers confrères
A travers le thème de la présente édition, la Journée mondiale de la Liberté de Presse témoigne ici de l’impérieuse nécessité de défendre l’information comme étant un bien public. Au-delà, il s’agit de jeter un regard sur le phénomène de la désinformation et la mésinformation en ligne et hors ligne, avec toutes les répercussions que cela engendre sur les institutions qui sous-tendent la démocratie, l’État de droit et les droits de l’homme.
Mesdames et messieurs
Dans le classement 2023 de Reporters Sans Frontière (RSF), le Nigera perdu 2 points, passant de la 59ème place dans le classement 2022 à la 61ème place en 2023, sur un total de 180 pays étudiés. Un recul qui nous interpelle tous (pouvoirs publics, organisations socioprofessionnelles de médias et les journalistes eux-mêmes) à plus d’engagement dans la défense et la promotion de la liberté de presse et d’expression au Niger.
Mesdames et messieurs
En lien toujours avec ce rang qu’occupe le Niger, le Bureau du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse s’inquiète des balancements de notre pays dans les différents classements RSF, ce qui dénote d’une certaine fragilité en matière de liberté de presse.
Les multiples actions menées par la Maison de la presse dans le cadre des formations destinées aux journalistes et des actions de sensibilisation en continue doivent être soutenues par les plus hautes autorités du pays avec davantage des engagements clairs en faveur de la liberté de presse et d’expression.
L’occasion pour nous de réitérer une fois de plus, nos remerciements aux partenaires techniques et financiers qui nous accompagnent dans la mise en œuvre de notre plan d’actions, axé principalement sur la promotion de la liberté de presse et la sauvegarde des acquis en la matière.
Mesdames et Messieurs,
Comme je l’annonçais lors de mon allocution à l’occasion de la célébration de la Journée Nationale de la Liberté de la presse, le 30 Novembre 2022, les médias nigériens sont dans une situation économique très difficile par manque d’avancée sur la question d’accès à la publicité de l’État et de ses démembrements.
A ce niveau, le Bureau Conseil d’Administration de la Maison de la Presse réitère son appel pressant au gouvernement :
De rehausser significativement l’enveloppe destinée au fonds d’aide à la presse ;
D’accroitre les subventions accordées aux médias publics
De revoir à la baisse les amendes prévues dans la loi portant répression de la cybercriminalité au Niger ;
D’appuyer les radios communautaires dans leur mission de développement à la base
Au Conseil supérieur de la communication (CSC) :
Tout en saluant, la volonté de la nouvelle équipe de travailler sur les défis qui minent la presse nigérienne, le Bureau du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse propose :
De revenir sur la formule d’octroi direct du fonds d’aide à la presse par la révision de la loi n°2018-31 du 16 mai 2018 portant composition, attributions, organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Communication, notamment en son article 10 ;
D’accélérer le processus de mise en œuvre du décret portant accès au marché publicitaire de l’Etat et de ses démembrements ;
De donner suite aux engagements pris à l’endroit des promoteurs des organes de presse dans la mise en œuvre de la convention collective, signée le 29 Novembre 2021.
Enfin, le Bureau du Conseil d’administration de la Maison de la presse tient à remercier l’ensemble des acteurs qui ont rendu un grand service à la liberté de la presse dans notre pays. Parmi eux, certains nous ont déjà quittés. Que leurs âmes reposent en paix. Amine.
Je vous remercie.
Vive le Niger
Vive la liberté de la presse
Vive les médias nigériens
Article publié le Wednesday, April 5, 2023