Le 13 octobre 2019, Kaïs Saïed rafle 2,8 millions de suffrages qui le propulsent à Carthage. Les voix des 18-25 ans ont été particulièrement décisives dans ce succès. Le lendemain, partout dans le pays, des jeunes, mais aussi des moins jeunes, se lancent dans une campagne collective de nettoyage des espaces publics.
Un mouvement apparemment spontané, comme si ces citoyens signifiaient qu’avec cette élection ils accueillaient des temps nouveaux et que l’opération propreté symbolisait leur souhait de mettre fin à la corruption ou, à tout le moins, à une certaine gabegie dans les affaires publiques. Dans le même temps, ils mettaient en application le slogan de campagne du candidat Kaïs Saïed – « Le peuple veut » – et affirmaient leur souhait d’une vie meilleure.
Dégradation de la situation politique
Depuis, les Tunisiens rongent leur frein et assistent, impuissants, à la dégradation de la situation politique qui tétanise, étouffe et paralyse le pays. Les soutiens de la première heure du président tunisien ont perdu l’enthousiasme qui les animait durant la campagne électorale, quand ils étaient convaincus d’avoir trouvé en ce constitutionnaliste antisystème l’homme providentiel, celui qui se démarquait et dont la sincérité ne faisait pas de doute.
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Sa victoire doit d’ailleurs davantage à une forme de mobilisation par le bas qu’à une campagne habile qu’il n’a jamais réellement menée. « Kaïs Saïed était comme une récompense après des années d’errance, comme un gage de la fin d’une période tourmentée », se souvient Amal Dheb, une élève infirmière qui a soutenu la candidature de Saïed sur les réseaux sociaux.
Article publié le Wednesday, September 30, 2020