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Le Festival Yeah ! fête ses 10 ans – RFI Musique
Le festival Yeah ! investit chaque année le village provençal de Lourmarin. Organisé avec Laurent Garnier, l'affiche rassemble toujours des artistes éclectiques, rock ou électro, et souvent méconnus. Cette année, les Suisses de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp faisaient partie de la programmation.

C’est une fête de village un peu particulière. Funk, disco, house ou musique orientale ambiancent un tournoi de pétanque ou un loto. Une camionnette bariolée, la Discounette, vient mettre en jambe les badauds attablés aux cafés. Les enfants peuvent s’initier aux techniques du DJ ou participer à une Roller Disco.  Au carrefour entre Méditerranée et Alpes, au pied des montagnes du Lubéron, ce village de 1000 habitants, s’agite le premier week-end de juin, avec son château comme phare musical à la tombée de la nuit.  

Décibels 

En y pénétrant, on découvre une terrasse et un bassin, surplombants un magnifique panorama. Sur la terrasse supérieure, les Bordelais de TH Da Freak font rugir leurs quatre basses et guitares. Gaspar Claus assure la sélection musicale entre chaque concert. "Je suis violoncelliste, pas DJ" explique-t-il au micro, comme pour justifier son improbable enchaînement, des Chemical Brothers à la Bamba ou Panjabi MC. L’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, impressionne par ses nombreux instruments (xylophone, cuivres, cordes…) et par sa musique inclassable (lire ci-dessous).  

Les Écossais de Young Fathers sont, eux aussi, inclassables et polyphoniques, mêlant toutes sortes d’influences et de genres, le trio est accompagné de 4 autres musiciens et enflamme la cour du château. On aperçoit Laurent Garnier dans l’assistance. Seul en scène, French 79 ne fait pas retomber l’ambiance avec sa techno minimale et classieuse. Depuis la mare, les grenouilles tentent de rivaliser par leurs coassements avec les décibels.  

Amis 

À l’origine de ce micro-festival, un trio de garçons. Nicolas Galina, qui assurait la programmation d’un café-concert à Paris, est descendu en 2012 épouser la directrice du château de Lourmarin et pratiquer la poterie. Il y rencontre Arthur Durigon, technicien du spectacle qui habite ce charmant village, et un autre Parisien, oiseau de nuit parti chercher le calme et le soleil, Laurent Garnier, installé depuis le milieu des années 2000 dans un mas provençal avec sa famille.

Le château du XVe siècle de Lourmarin leur a donné l’idée d’y organiser une fête. Le DJ est séduit par leur idée et accepte de les rejoindre. Arthur se souvient : "Notre univers musical, c’est plutôt le rock et la pop, pas trop celui de Laurent. Organiser un événement qui ne soit pas seulement electro le branchait, il a une culture musicale qui est énorme !" 

Notoriété 

La première édition, en 2013, est organisée en 4 mois en mobilisant copains et amis d’amis. Quant au nom, Nicolas doit régulièrement expliquer le jeu de mots : festival Yeah, festivalier… Un hommage aussi au titre Yeah de l’Américain LCD Soudsystem. L’équipe est la même depuis dix ans. Elle s’est élargie avec une quarantaine de personnes pour la technique et une centaine de bénévoles. Les 1000 festivaliers, qui sont souvent de la même génération que Laurent Garnier, ne s’étonnent plus de le voir porter les poubelles. Tout ce petit monde se connaît. Quant aux villageois, l’ancien maire, Blaise Diagne, a dès le début défendu le festival, qui a peu à peu pris ses marques. 

La Jungle, Léonie Pernet, la Colonie de Vacances… Souvent, le public ne connaît pas la plupart des artistes programmés, mais il fait confiance aux organisateurs pour se laisser surprendre. Arthur confie : "Laurent, Nicolas et moi ne programmons les artistes que si nous sommes tous trois d’accord. Le festival a sa petite notoriété, pas mal de groupes français veulent y jouer. Et c’est Laurent qui accueille chaque artiste, il sait recevoir. Son premier conseil dans l’organisation : soigner la nourriture !" Mais cette année 2023, Laurent Garnier, malade, s’est mis en retrait du festival.  

En journée, Jacques —reconnaissable à sa tonsure— présente Vidéochose à la Fruitière numérique, son projet de composition audio et vidéo à partir de bruits. Il est en résidence de création à Lourmarin pour deux semaines. Juste à côté, des membres des Young Fathers chaussent leurs patins à roulettes pour participer à la Roller Disco.

© Nicolas Dambre / RFI Jan Verstraeten au Festival Yeah à Lourmarin, le 3 juin 2023. --> Surprises 

Samedi soir, le Belge Jan Verstaeten décline sa pop discoïde avec trio de cordes et déchaîne le public dans lequel il plonge, sous le regard d’un énorme ours rose. Les trois Tourangeaux de Meule assurent la transition electro avant l’OVNI sonore Makoto San. Les quatre musiciens masqués qui créent de la techno à partir de bambous clôturent la soirée vers 2 heures du matin. 

"Il y a quatre fois plus de demandes que le nombre de places mis en vente, mais nous continuerons à l’organiser ici. Je crois que le lieu joue de la réussite du festival" affirme Nicolas. Pas besoin de têtes d’affiches, les billets se vendent chaque année en cinq minutes ! Dimanche soir, la soirée surprise d’anniversaire attise les rumeurs. Les Limiñanas et Nova Materia doivent malheureusement annuler leur concert à cause d’orages qui ont finalement éclaté. Un peu plus tard, Laurent Garnier prend le micro pour annoncer la venue de l’Américaine The Blessed Madonna (ex-Black Madonna) et du fameux DJ britannique Carl Cox. Deux têtes d’affiche house et techno pour célébrer comme il se doit les dix ans d’un festival pas comme les autres qui ne veut pas grandir. 

Rencontre avec l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp  

RFI Musique : Ne pas pouvoir être classé dans un genre vous joue-t-il parfois des tours ?  Gilles : C’est vrai qu’on nous demande souvent de décrire notre style de musique et cela devient un problème…  

Quels festivals vous invitent ?  Vincent : Des festivals de jazz, de rock, alternatifs… en France, en Suisse, en Italie… Le festival allemand Fusion est celui qui nous a le plus invités, quatre fois. Cet automne, nous tournerons pour la première fois aux États-Unis. 

Votre nom et votre musique évoquent un peu la musique africaine…  Vincent : Nous avions fait une reprise du chanteur tchadien Maître Gazonga lors d’un concert à Notre-Dame-des-Landes. C’était il y a une dizaine d’années, on avait rigolé…  Aïda : Aujourd’hui, ces polémiques deviennent pénibles.  Vincent : Ce qui m’a retourné, c’est une interview d’un artiste africain qui expliquait qu’après les spoliations du colonialisme, les Blancs piquaient la musique des Africains… Nous évitons le terme afro. 

Comment a évolué l’OTPMD depuis sa création en 2006 ?  Vincent : Durant 10 ans nous étions 6 musiciens avant d’être 14.   Liz : Nous avons réécouté notre premier concert, je trouve que nous avons toujours la même patte !  Vincent : Un côté naïf et fragile…  Aïda : … qui est toujours là !  Liz : Nos morceaux sont plus courts et plus pop.  Vincent : Je dirais plus punk et plus énergiques. 

Site du Festival Yeah ! / Facebook / Twitter / Instagram Site de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp / Facebook / Bandcamp 

Par : Nicolas Dambre

Article publié le mardi 6 juin 2023
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