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Arrestation des migrants africains aux Comores : une opération qui se répète ces temps ci - Le Journal De Mayotte actualité


L’Ecole nationale de la police à Trenani à Anjouan
Il y a 10 jours, la gendarmerie des Comores annonçait avoir intercepté et arrêté plus « d’une cinquantaine » de migrants africains venus de la République démocratique du Congo (RDC), du Burundi et du Mozambique qui s’apprêtaient à se rendre à Mayotte, selon les premiers éléments de l’enquête. L’opération d’arrestation a été menée par la 6ème compagnie de l’armée dans la région de Bambao-Mtsanga à Anjouan.

« Une enquête est ouverte pour trafic de migrant après l’interpellation d’une cinquantaine de personnes, dont des enfants, d’origines congolaises, burundaises et mozambicaines, à Bambao Mtsanga par la Gendarmerie avec l’appui de la 6ème compagnie de l’armée », avait indiqué la gendarmerie sur sa page Facebook.

Un volet judiciaire et un volet humanitaire

Le procureur de la République près le Tribunal de Mutsamudu (Anjouan), Mohamed Abdallah, a confirmé ce mercredi 6 octobre, « une procédure en cours » pour « savoir qui a fait quoi ». Selon des informations concordantes « 6 Comoriens » seraient complices de ce trafic. « On ne peut rien dire pour l’instant. Il y a des gens soupçonnés. Il y a une enquête approfondie qui est toujours en cours », a précisé le procureur.

On compte une cinquantaine de migrants dont des femmes et des enfants. Le directeur général de la Sécurité civile, le lieutenant-colonel, Tachfine Ahmed, a fait savoir que l’Etat a pris des mesures exceptionnelles pour prendre en charge ces migrants. « Ils ont avant tout des êtres humains. Notre pays a signé des conventions internationales dont celle relatives aux migrations internationales. Il y a lieu de les faire respecter en prenant en charge ces migrants », a-t-il souligné.

Le procureur de Mutsamudu a laissé entendre que la prise en charge des migrants n’exclut pas leur poursuite, précisant que « ces migrants ont enfreint les lois comoriennes ». Le magistrat reconnait l’obligation de l’Etat de prendre en charge en attendant la procédure d’inculpation et de mise en examen. « Il y a un volet judiciaire et un volet humanitaire. Un juge d’instruction a été saisi. Ils seront poursuivis », a encore prévenu Mohamed Abdallah.

Les migrants sont actuellement pris en charge par la Sécurité civile à l’Ecole nationale de la police de Trenani à Anjouan. « Parmi ces migrants, il y a des enfants, dix-neuf femmes, vingt-sept hommes et sept enfants. Le gouvernement comorien a donc le devoir de les traiter dans le respect des droits humains », a déclaré le chef de la Sécurité civile.

Les migrants africains arrêtés (Photo : Gendarmerie comorienne) La prise en charge des migrants

Les côtes comoriennes sont devenues de plus en plus poreuses. Des garde-côtes comoriens avaient arrêté, le 6 août dernier, des clandestins dans une vedette en provenance de Madagascar avec à 846 kilos de cannabis. Ils sont toujours en détention. Le pays est devenu une passoire pour des dizaines d’Africains souhaitant se rendre en Europe via Mayotte. Les conflits, la misère et l’insécurité au Mozambique pourraient expliquer ce trafic organisé souvent avec la complicité de Comoriens.

L’interpellation de ces migrants intervient quelques jours après la remise officielle du rapport sur les indicateurs de gouvernance des migrations (MGI) qui évaluent les capacités nationales en matière de prise en charge des migrants comme ceux arrêtés récemment à Bambao-Mtsanga.

Le Coordonnateur du Système des Nations unies en Union des Comores, François Batalingaya a tenu à saluer les efforts des Comores pour, « l’adoption du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées, et régulières en fin 2018, ainsi que la mise en place d’une commission multisectorielle de suivi et d’orientation des questions migratoires placées sous la coordination du ministère de l’Intérieur, en décembre 2019 ».

De nombreux instruments juridiques pour renforcer la gouvernance des migrations sont attendus. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Mahamoud Fakridine a pris l’engagement d’y travailler pour « faciliter une migration et une mobilité ordonnée, sûre et responsable des personnes ». Aucun calendrier en vue pour juger ces migrants africains arrêtés à Bambao-Mtsanga. La procédure risque d’être longue en raison d’un calendrier judiciaire particulièrement chargé.

A.S.Kemba





Article publié le vendredi 8 octobre 2021
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