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CEDEAO vs AES | La séparation des corps en attendant le divorce
La Cédéao a annoncé ce mercredi 29 janvier dans un communiqué qu’elle maintiendra une zone de libre-échange avec les trois Etats de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) «jusqu’à nouvel ordre» en espérant faire revenir Ouagadougou, Niamey et Bamako à leur décision même si les juntes au pouvoir ont réaffirmé leur «retrait irrévocable» de l’Organisation

Les milieux d’affaires sont plongés dans l’incertitude ! Selon le communiqué de la Cédéao, malgré le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, les citoyens de ces pays continueront de jouir des droits de circulation, résidence et établissement prévus dans les traités de l’Organisation sous-régionale. Les passeports et cartes d’identité nationaux portant le logo de la Cédéao resteront valables. De même, les biens et services en provenance des pays de l’Alliance des Etats du Sahel, resteront exemptés de droits de douane. La Cédéao précise que ces dispositions resteront en vigueur «jusqu’à l’adoption par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de modalités complètes pour les relations futures avec ces trois pays.» Une structure de dialogue a été mise en place pour discuter de ces modalités.

Cette annonce intervient après que les trois membres de l’AES s’étaient engagés à ne pas instituer de visa aux citoyens des Etats membres de la Cédéao, tout en se réservant le droit de refuser l’entrée aux «immigrants inadmissibles», selon le communiqué commun publié en décembre dernier. Par ailleurs, les trois pays de l’AES ont mis en circulation, depuis le 29 janvier, de nouveaux passeports aux couleurs de leur alliance.

Réorganisation attendue du capital de la BIDC, banque d’investissement de la Cedeao Au-delà de la libre circulation des biens et des personnes, la sortie des trois pays sahéliens soulève des questions sur les investissements et les flux de capitaux entre les deux blocs. A date, le Burkina Faso, le Mali et le Niger détiennent ensemble 6,29% du capital de la Banque d’investissement et de développement de la Cédéao (BIDC), qui avait investi 4,17 milliards de dollars dans la région à fin 2023. Les poids lourds dans le tour de table de cette banque commune sont le Nigeria (31,2% du capital), le Ghana (15,71%) et la Côte d’Ivoire avec 14,76% du capital.

A lire également -  Côte d’Ivoire | «Une nouvelle ère» dans la coopération militaire avec ParisSur le plan juridique, le divorce des pays de l’AES avec la Cédéao entraînera une réorganisation du capital de la BIDC et une réorientation de ses investissements. Par anticipation, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé la création d’une banque d’investissement pour financer leurs projets communs et pallier leur exclusion des mécanismes financiers de la Cédéao.

Bien que la décision de maintenir le libre-échange rassure, pour l’instant, les investisseurs privés qui profitent des avantages de la libre circulation des biens et services garantis par la Cédéao, cette mesure n’est que temporaire. Dans les milieux d’affaires, les regards sont désormais tournés vers les prochaines réunions ministérielles et les prochains sommets des chefs d’Etat. Ceux-ci devront définir l’avenir des relations économiques et politiques avec les trois ex-membres.


Article publié le mercredi 29 janvier 2025
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