Et si les clubs de foot devenaient des lieux d’éducation aux médias ?
« L’éducation aux médias et à l’information fournit un ensemble
de compétences essentielles pour relever les défis du 21e siècle,
notamment la prolifération de la désinformation et des discours
de haine, le déclin de la confiance dans les médias. » UNESCO.
Fidèle à sa méthode d’aller à la rencontre des publics là où ils se trouvent, BSF expérimente depuis quelques mois en Île-de-France le programme Les @thlètes de l’info : des activités d’éducation aux médias auprès de jeunes footballeur·euses du Red Star FC et du CSM L’Île-Saint-Denis, exposé⸱es aux dangers du numérique, comme tous⸱tes leurs camarades.
L’objectif de ce programme : leur donner les clés pour analyser de manière critique les informations qu’ils et elles reçoivent et de naviguer sur Internet et les réseaux sociaux de manière plus sûre et responsable.
Face à la diversité de sujets qu’embrasse aujourd’hui l’éducation aux médias et à l’information, l’école a un rôle essentiel à jouer pour donner aux élèves les moyens d’apprendre à naviguer sur Internet et à bien s’informer. Bien que cette discipline figure au programme scolaire et soit principalement assurée par les professeur·es documentalistes, le temps qui lui est consacré varie considérablement d’un établissement à l’autre, en fonction des priorités pédagogiques, des ressources disponibles ou des formations des enseignant·es.
« Être bien informé·e aujourd’hui, c’est pouvoir exercer son esprit critique et prendre des décisions éclairées – ce qui est essentiel pour que chacun·e puisse connaître et défendre ses droits, s’engager et trouver sa place dans la société. D’où l’importance de sensibiliser les élèves dès le plus jeune âge pour déjouer les pièges auxquels ils et elles sont et seront confronté·es sur Internet, et de leur transmettre les bonnes pratiques et les réflexes qui les protégeront toute leur vie. Mais pourquoi n’enseignerait-on l’EMI qu’à l’école ? » Margaux Benchehida, chargée de ce projet chez BSF.
Fidèle à son expertise d’aller là où se trouvent les publics, BSF expérimente de nouveaux terrains de jeu : les clubs de football franciliens du Red Star FC et du CSM L’Île-Saint-Denis qui accueillent depuis le printemps 2024 le nouveau programme Les @thlètes de l’info, grâce au soutien de la Fondation UEFA pour l’enfance. Durant les pauses de leurs séances d’entraînement, une trentaine de jeunes footballeurs·euses de 8 à 14 ans participent ainsi régulièrement à des ateliers d’éducation aux médias animés par BSF et leurs entraineurs·euses. Reynald Pemot, éducateur au CSM L’Île-Saint-Denis, raconte :
« Notre rôle d’entraîneur est aussi un rôle d’éducateur : il est important que les jeunes puissent apprendre tout en prenant du plaisir et s’ouvrent à d’autres pratiques que le football. Discuter avec nous est parfois plus facile pour eux qu’avec leurs professeur·es ou leurs parents. Sur le terrain, nous créons du lien, posons le cadre, participons à la préparation des séances, ajustons, ajoutons de la compétition ou un système de récompenses pour les motiver. »
70%
des 15-34 ans utilisent quotidiennement
les réseaux sociaux pour s’informer (Médiamétrie, 2023)
1/5
Part de collégien·nes concerné·es
par des cyberviolences (Ministère de l’Éducation nationale, 2023)
9%
des jeunes de 15 ans font la différence
entre un fait et une opinion. (PISA, 2019)
Un kit pédagogique a été créé par BSF afin de sensibiliser les jeunes licencié·es à la désinformation sur les réseaux sociaux, au cyberharcèlement ou encore à la protection des données personnelles. Pourquoi est-il important de diversifier ses sources d’information ? Comment réagir face à des commentaires haineux sur les réseaux sociaux ? Comment protéger sa vie privée en ligne ? Quels droits et quels devoirs ? Ce kit offre des ressources et des fiches d’activité faciles à prendre en main pour y répondre, comme Les Cyber Héros – un programme d’activités porté par BSF Belgique.
« Le sport est un excellent prétexte pour nous permettre d’aborder ces questions de manière ludique. Il est important de le faire dans un environnement sécurisant, où les jeunes se sentent à l’aise et peuvent s’amuser – loin du cadre formel de l’école. En confiance, ils et elles sont plus ouvert·es et réceptifs·ives. » Margaux.
Parmi les participant·es aux ateliers, la plupart a déjà été confrontée à des arnaques en ligne, de l’intimidation sur les réseaux sociaux ou des rumeurs au sein de leur collège. En mêlant défis sportifs et exercices d’éducation aux médias lors des ateliers, nos équipes s’appuient sur des exemples concrets, tirés du vécu des enfants ou de l’actualité.
« Il y a plusieurs mois, nous avons organisé une séance sur le cyberharcèlement, la même semaine où Vinícius Júnior, joueur du Real Madrid, a fondu en larmes lors d’une conférence de presse en évoquant le racisme dans le milieu sportif. Cet événement a immédiatement suscité des échanges parmi les jeunes, qui avaient tous·tes vu la vidéo sur les réseaux sociaux. » Margaux.
« Un jeune défenseur, Thibault*, s’est fait habilement dribbler par un attaquant lors d’un entraînement. Filmée et postée sur les réseaux sociaux, l’action a rapidement fait le tour du collège. D’un côté le beau jeu, de l’autre l’humiliation ressentie par Thibault – qui avait déjà du mal à se faire des amis au club. S’en est suivi un harcèlement de la part de certains élèves dans la cour de récréation, poussant Thibault à vouloir arrêter le football. Sans l’intervention de BSF, nous n’aurions peut-être jamais mis en lumière et réglé cet indicent. » Reynald.
Depuis février 2024, 300 licencié·es des clubs de football du Red Star FC et du CSM L’Île-Saint-Denis ont pu bénéficier du programme Les @thlètes de l’info. Quinze entraineur·euses ont été formé·es par BSF et une trentaine de parents ont également été sensibilisés à ces enjeux pour mieux accompagner leurs enfants.
En 2025, BSF ambitionne d’étendre ce programme à d’autres clubs sportifs et de diffuser largement son kit pédagogique afin qu’il soit utile au plus grand nombre. Coachs, éducateur·ices, responsables de clubs, parents, évitons le carton rouge : ensemble nous pouvons bâtir un environnement positif et constructif pour les jeunes athlètes sur le terrain, comme dans les vestiaires !
*le prénom a été modifié afin de préserver l’anonymat.
© David Chiev
Article publié le jeudi 17 octobre 2024
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