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Mosty, le rap ivoire augmenté – RFI Musique
Elle aurait pu se contenter de rester dans le jardin du rap ivoire stricto sensu, où elle s’est révélée il y a trois ans, pour continuer à exploiter ce filon à fort potentiel. Mais Mosty, arrivée à la musique par un concours de circonstances sans avoir vraiment prémédité son coup, n’est pas de ces artistes débutants qui ont déjà établi un plan de carrière. Alors quand elle a senti, au sortir d’une période où « ça n’allait pas trop dans [sa] vie », que le moment était venu de repartir au front sur le plan artistique avec un nouveau projet, elle a accepté de prendre des risques, « sortir de [sa] zone de confort ».

L’expression n’est ici en rien galvaudée. Et pour cause : « Avant, je n’étais pas très à l’aise avec le fait de chanter », assure celle qui préférait jusque-là « rapper, à fond » et touche désormais à l’afropop. « Je me suis laissé guider. Je ne veux pas, demain, regretter de ne pas avoir fait des choix que j’aurais voulu faire », poursuit-elle. L’initiative de cette évolution revient à son directeur artistique, auquel elle est liée de longue date : Mr. Béhi, beatmaker reconnu sur la scène ivoirienne (DJ Arafat, Josey, Kiff No Beat…) et même au-delà (au Cameroun avec Locko, en France pour l’album de Dadju et Tayc…).

Le musicien expérimenté, en qui elle a toute confiance, lui a proposé de « partir sur quelque chose de totalement différent au niveau du son » en la plongeant dans un univers musical beaucoup plus vaste. Pour que l’immersion soit totale durant cette période de travail intense organisée à Abidjan et pour que les conditions soient propices à la création, des règles étaient fixées par ses producteurs : « Chaque jour, j’arrivais au studio à 9 heures et je terminais à 18 heures, avant d’aller manger un bon plat d’attiéké poisson. Je ne faisais rien d’autre. Pas le droit de sortir m’amuser avec mes potes pour que je ne sois pas fatiguée ou que j’aie la voix cassée », raconte-t-elle en riant, visiblement satisfaite de l’expérience et surtout de l’état d’esprit dans lequel s’est déroulé l’enregistrement. « À Paris, on venait, on faisait ce qu’on avait à faire et on se barrait pour aller prendre le métro », compare-t-elle, évoquant son précédent album paru fin 2020, époque où elle est encore au lycée et ne peut se libérer qu’une partie des week-ends.

« Déboussolée » lors de son arrivée en 2016 sur le sol français où elle a rejoint sa mère avec laquelle elle n’a pas grandi, Nolwen (son prénom à l’état civil) ne cache pas que les premières années y ont été « compliquées ».  En particulier « enlever ce complexe quand tu viens d’Afrique et que des enfants noirs qui ont grandi en France te rabaissent quand ils te parlent ».

Le manque d’activités lui a pesé : plus de sport ni de danse, qui occupait son temps quand elle vivait à Port-Bouët, située dans le sud de la capitale économique ivoirienne. En guise d’« échappatoire » et pour sortir de l’ennui, elle s’est mise à poster sur les réseaux sociaux des vidéos humoristiques destinées aux Ivoiriens et qu’elle accompagnait de musiques trouvées sur Internet (avec des requêtes telles que « afrobeat type Davido », sourit-elle).

C’est après avoir visionné l’une d’elles que Mr Béhi a décidé de contacter la jeune fille. Rendez-vous quelque temps plus tard en France. Très vite, entre eux, l’alchimie a fonctionné. Une première apparition sur Bloqué ta guiss de King Lexus en 2020, suivie d’un premier titre sous son nom, Matiko, avant de s’embarquer sur un projet d’album plus conséquent. Intitulé Aya de Didiévi, en référence à la fois à son prénom dans son ethnie (« Je suis née un vendredi ») et au village de son père, il a été conçu en allant « puiser dans les sources », explique-t-elle, à savoir des samples empruntés à un répertoire ancien, à l’image de ce qu’elle écoutait chez son père durant son enfance en Côte d’Ivoire.

Pour Ascension, qui lui succède près de quatre ans plus tard, la réflexion artistique a été radicalement différente : cette fois, l’équipe est partie quasiment de zéro pour créer la totalité des morceaux réunis sur ce mini-album. « C’est un moyen pour moi de me découvrir. Je peux être un couteau suisse musical », confie Mosty. Les nombreux featurings enregistrés à l’invitation de ses compatriotes au cours des dernières années le laissaient déjà entrevoir.

Mosty Ascension (Believe) 2024

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Article publié le mardi 25 juin 2024
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