Avec Ilissawan, le sultanat s’établit définitivement à Agadez où les tribus touaregs lui construisirent un palais qui matérialise sa puissance et l’implantation de la dynastie. La ville d’Agadez, qui prospérait au XVIème siècle, était une cité commerçante et caravanière. Véritable Amenokal (chef suprême), le sultan présidait chaque année une grande réunion des grandes tribus pour régler les différends et organiser les caravanes vers le Kawar, ainsi que son système de protection.
Le sultan avait un ministre des Affaires Etrangères, le tourawa, qui participait à toutes les caravanes pour défendre les intérêts des Ttouaregs, mais surtout exiger l’application des conventions y afférentes ou signées avec les chefs du Kawar. Cette institution date du début de l’installation de Illissawan à Agadez.Les privilèges dont jouissait le sultan vont susciter des rivalités des mêmes membres de la famille régnante de l’époque des Ilissawan dont les successeurs ont eu des règnes plus ou moins courts. Amani, le frère d’Illissawan, fut assassiné après 4 ans de règne par les descendants de Tassanete.
En 1453, Ibrahim Ben Halazi devint sultan de l’Aïr, mais a été vite renversé en 1462 par Youssouf ben Aïchata, qui eut un règne assez long: 16 ans. Il fut détrôné en 1478 par Mohamed El Kébir, lui-même chassé en 1487 par son frère Ibrahim Mohamed Sataf. Tantôt évincés ou assassinés par des membres de leur propre famille, les sultans n’ont pas connu de stabilité. Le sultanat vécut une période dure avec les révoltes successives de Kaocen et Tagama qui durent être réprimées de 1916 à 1917 par le capitaine Sabatié et le Lieutenant-colonel Mourin. En plus de l’insécurité permanente qui régnait dans toute la région, la situation politique et sociale était également épouvantable.
Le 6 mai 1917, le sultan Ibrahim, rappelé sur le trône par le Lieutenant-colonel Mourin, fit son entrée à Agadez venant de Madawa. Son règne ne fut pas facile. La région était vide et ruinée. Les dégâts de la guerre étaient considérables. La situation économique de ce désastre matériel fut la paralysie totale du commerce transsaharien qui ne fut relancé qu’en 1919. La suspicion était générale avec les troupes françaises. Le sultan Ibrahim sera une des premières victimes. Il fut arrêté pour ‘’manque de loyalisme envers le colonisateur’’.
Remis ensuite en liberté provisoire, il fut en novembre 1919 détrôné pour ‘’incapacité’’. Ibrahim régna jusqu’en 1960 avant d’être remplacé par son fils Oumarou Ed Dassuky. Destitué pour des motifs politiques, ce dernier sera remplacé par son fils Ibrahim dit Tsofo. Ce dernier, décédé en 2012, fut remplacé la même année par son fils Oumarou Ibrahim Oumarou, actuel sultan de l’Aïr.AH/SML/ANP
Article publié le jeudi 21 décembre 2023
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