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Arts-Culture

Bania Mahamadou Say. Le poète s'est éteint !

Bania Mahamadou Say, est né en 1935 à Tilla Kaïna (Tillabery), après 70 ans de vie dont plus d’une trentaine consacrée à la littérature, s’est éteint le vendredi 21 janvier 2005 à l’hôpital national de Niamey des suites d’un diabète. Avec sa disparition, le Niger perd un écri-vain de renom. De son vivant, ce grand poète jouissait d’une popularité certaine, en raison peut-être de sa plume jugée acerbe. Néanmoins, seul son recueil de poème Algaïta a enregistré un réel succès, son roman le voyage d’Hamado, malgré l’intérêt des thèmes abordés et la simplicité du style n’a eu droit qu à un accueil mitigé de la part des lecteurs. Malgré tout, Bania a continué à écrire. Il a à son actif une dizaine d’écrits tous genres confondus. Les thè-mes préférés de l’auteur sont la beauté, la nature, la femme, mais dans la réa-lité quotidienne tout ne sera pas beau dans sa vie. Ceux qui le connaissent affirment que Bania n’a pas connu le bonheur qu’il rapportait dans ses écrits, car il se sentait «abandonné», «incompris», à la limite «trahi». Interrogé par nos confrères de la radio Saraounia, le Dr Amadou AbdoulRazack, enseignant chercheur à l’Université Abdou Moumouni de Niamey qualifie le défunt de « mare intarissable ». Sa disparition constitue une « perte inestimable » pour la jeune littérature nigérienne, et le monde des écrivains nigériens dont il fut pendant longtemps le président. Rappelons que le Niger connaît une solide tradition orale, recueillie et traduite depuis fort longtemps. L’essentiel de la poésie nigérienne repose sur les nombreux contes, proverbes et devinettes. Leur fonction est didactique et pédago-gique, comme la plupart des actes de tradition orale. Ils contribuent aux pré-paratifs initiatiques des enfants et à leur ouverture vers les normes de hiérarchie sociale. Malgré ce rôle primordial que jouent nos écrivains, ils sont ignorés voire rejetés. Nos écrivains meurent comme ils vivent, c’est à dire dans l’anonymat le plus total.
M. D

Article publié le samedi 29 janvier 2005