Niger : Fadji Zaouna Maïna, de Zinder à la Nasa – Jeune Afrique
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Fadji Zaouna Maïna, première scientifique nigérienne à intégrer la très prestigieuse National Aeronautics and Space Administration (Nasa) aux États-Unis, a réalisé un rêve d’enfant tout en devenant un symbole national.

Depuis qu’elle a rejoint l’agence spatiale américaine, le 27 août, les félicitations pleuvent de toutes parts. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, l’a même appelée le 2 septembre pour la féliciter et lui dire, aussi, qu’elle était désormais une « fierté nationale qui doit servir de modèle à la jeunesse nigérienne ».

à lire À Dakar, 20 jeunes femmes africaines récompensées pour leurs travaux scientifiques « J’ai repoussé les limites » La scientifique de 29 ans est pleinement consciente de ce qu’elle représente. « J’ai repoussé les limites, j’ai rendu cela possible et j’ai rendu tout un pays fier, a-t-elle réagi. Les chances pour une fille comme moi, née et élevée à Zinder, de devenir scientifique dans une institution comme la NASA sont presque nulles. »

« Depuis toute petite, j’ai toujours voulu travailler à la Nasa. Seulement, quand on naît à Zinder, on n’a pas forcément accès à l’information, comme c’est le cas à Niamey. J’avais donc ce rêve, mais je ne savais pas par quoi commencer, ni quel chemin prendre pour le réaliser », explique Fadji Zaouna Maïna à Jeune Afrique.

Ma famille m’a toujours soutenue dans mes études. »

Aujourd’hui, elle se voit davantage comme une pionnière que comme un symbole. « Je tiens à ce que de plus en plus de femmes nigériennes travaillent dans le domaine des sciences, qu’elles suivent le même parcours que le mien et me rejoignent bientôt à la Nasa ».

De Zinder à Berkeley Son parcours d’excellence démarre à Zinder. Après une scolarité brillante – elle a sauté plusieurs classes -, elle obtient le baccalauréat à l’âge de 16 ans. « Ma famille m’a toujours soutenue dans mes études, insiste-t-elle. Depuis que je suis petite, tout mon entourage m’encourage. »

Parallèlement, la jeune lycéenne de Zinder s’engage en politique. Élue députée junior au sein de l’Assemblée nationale des jeunes du Niger, elle s’y fait l’avocate de l’éducation et de l’autonomisation des filles. Et si, à l’heure des études supérieures, elle choisit la filière hydrologie c’est « pour participer à l’améliorer des conditions d’accès à l’eau potable au Niger ».

à lire Sciences et technologies : des femmes en première ligne Après une licence obtenue à l’université de Fès, au Maroc, elle poursuit ses études en France, à l’université de Strasbourg. Elle y obtiendra son doctorat en hydrologie. Elle travaille ensuite dans plusieurs prestigieux laboratoires, notamment au sein du Commissariat aux énergies alternatives et à l’énergie atomique (CEA), avant de rejoindre la division des Géosciences de l’énergie de l’université de Berkeley, aux États-Unis.

Lanceuse d’alerte climatique Ses travaux sur l’impact combiné du changement climatique et de la pollution sur la ressource en eau lui valent de figurer dans le prestigieux classement Forbes 2019 des 20 scientifiques de moins de 30 ans aux projets de recherche les plus ambitieux.

C’est en novembre 2019 qu’elle est repérée par les chasseurs de tête de la Nasa. Elle vient alors de publier un article très remarqué analysant les vulnérabilités régionales face aux extrêmes climatiques, en se penchant plus spécifiquement sur le cas de la Californie, ravagée par des incendies titanesques.

À la Nasa, elle rejoint l’équipe qui travaille notamment sur les donnée du satellite GRACE (Gravity Recovery Climate Experiment). « J’essaierai de mieux comprendre le cycle de l’eau et l’évolution des ressources en eau dans le contexte du changement climatique en utilisant des modèles mathématiques et les données des satellites de la Nasa », explique la scientifique.

Si elle n’envisage pas, pour l’heure, de quitter les États-Unis pour rentrer au Niger, Fadji Zaouna Maïna n’en conserve pas moins des liens forts avec son pays. Elle travaille notamment avec une ONG locale, OASIS, qui intervient dans les domaines de l’éducation et de l’émancipation des femmes. Elle accompagne également de jeunes chercheurs de l’université de Niamey dans leurs travaux.

Et, tandis que Niamey est confronté à de très graves inondations – au 7 septembre, le bilan était de 57 morts et près de 300 000 sinistrés – , elle se fait également lanceuse d’alerte. « Ces inondations qui sont aujourd’hui exceptionnelles pourraient être la norme dans le futur, prévient-elle ainsi. Nous devrions bâtir un environnement résilient en tenant compte des interactions entre le climat, la population, et l’environnement. »


Article publié le mercredi 30 septembre 2020
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