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Stage militaire des énarques : 45 jours en « terrain inconnu » pour 850 élèves - leFaso.net, l'actualité au Burkina Faso
Ne peut-on pas « être grand » en politique sans verser dans des pratiques de dégradation humaine ? L’on ne peut finalement pas s’empêcher de poser cette question aux partis politiques burkinabè, plus précisément à ceux dits « grands » et qui se complaisent à le clamer à coups de mobilisations et de contre-mobilisations. En politique, la fin justifie les moyens, dit-on. Effectivement, cela se vit à merveilles à Burkina. Autrement, pour parvenir à l’objectif, peu importe… ; jusqu’à ce que dignité et mœurs n’aient pas droit de cité !

En effet, lors des grands rendez-vous politiques (congrès, meetings, conventions, assemblées générales, etc.), l’on s’aperçoit que pour des besoins de propagande politique, les organisateurs ratissent large dans les quartiers et villages, au sein des populations surtout démunies et/ou illettrées pour remplir stades et palais. Fiers de dire que même le Palais des sports, le stade ou tel endroit n’a pas pu contenir la mobilisation, les militants.

Le plus pernicieux ici (et qui vaut cette réaction), c’est lorsque la majorité de ce qu’eux-mêmes, politiciens, qualifient de « bétail » est constitué de femmes de tous âges. Parfois, ces femmes, bébé au dos ou enceintes, se retrouvent sur ces lieux sans même comprendre le motif réel de leur présence. On les trompe dans les quartiers avec tous les arguments pour les conduire au lieu souhaité, et une fois sur place, les responsables qui les y ont conduites s’éclipsent ; ce qui les contraint à y rester jusqu’à la fin de leur besogne (la mobilisation étant le principal élément de satisfaction ici pour les organisateurs). Et tous les motifs sont bons à utiliser comme appât.

C’est ainsi qu’on découvre que bien de femmes sont souvent convoyées pour, dit-on, s’inscrire pour des prêts que voudraient leur octroyer des institutions publiques ou privées. « On nous a dit de venir ici qu’on donne de l’argent/prêts aux femmes pour entreprendre », se renseignent-elles souvent auprès de qui elles peuvent.

Ce sont donc des mères, des grands-mères au regard perdu, souvent frappées par la soif et la faim, qu’on recense en train de tourner sur ces lieux. Que dire encore, lorsqu’on sait que certaines ont abandonné petits commerces, dont dépend la gestion quotidienne de leur famille, pour s’y retrouver.

Cela fait bien longtemps que ces pratiques ont pignon sur rue. Avec les joutes électorales en perspectives, rêver que ces pratiques s’amenuisent semble relever de l’utopie. Des capitales à l’intérieur du pays, les choses se passent ainsi. Comme si la politique était un règne de pratiques humaines dégradantes. Même des organisations de la société civile et mouvements politiques se sont laissé embarquer dans cette tendance immorale.

C’est ce même esprit qui, honteusement, se vit parfois dans l’administration à la faveur de certaines activités publiques (inauguration d’infrastructures, par exemple), où les élèves des localités concernées sont mobilisés pour, dit-on, « réserver un accueil chaleureux à l’autorité ». Ainsi, dès 6h, les enfants sont mobilisés puis convoyés sur le lieu de l’activité qui va démarrer à 11h. On les entasse sous le soleil, sans pincement au cœur. Une fois la cérémonie terminée, et pendant que les invités et autres privilégiés se dirigent vers les plats garnis, les enfants et autres populations « contraintes » de participer sont laissés à leur sort (même si prise en charge, il y a, ce n‘est que de nom). Pour notre part, ce n’est pas seulement dégoûtant…, c’est révoltant !

Oumar L. Ouédraogo (oumarpro226@gmail.com) Lefaso.net


Article publié le lundi 10 août 2020
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