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Regard : Un lourd héritage : Après les agapes et les beuveries, consécutives à sa nomination, c'est à un véritable mur que le nouveau patron de la Crtv risque de faire face...

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 :Après les agapes et les beuveries, consécutives à sa nomination, c'est à un véritable mur que le nouveau patron de la Crtv risque de faire face, une fois installé confortablement dans son fauteuil moelleux. Car, c'est un véritable champ de ruines que Gervais Mendo Ze, après seize années de pouvoir absolu, laisse à la postérité. Il aura globalement un double défi: revenir au cahier de charges de la télévision publique défini lors du lancement en 1985 et faire entrer la Crtv dans la modernité, en en faisant une véritable Tnt (télévision des nouvelles technologies), comme c'est la tendance partout ailleurs.
Avant de tomber dans la sclérose, le culte ininterrompu de la personnalité, la gestion personnelle du patrimoine public, la télévision d'Etat au Cameroun (Ctv puis Crtv) a tout de même ressemblé à quelque chose. Des programmes alléchants qui étaient autant de rendez-vous privilégiés avec les téléspectateurs: Provinces à la une, Minute by Minute, Télépodium, Tam-Tam Week-end, Tout sur tout, et plus tard Actualités Hebdo (cette dernière émission est devenue aujourd'hui un espace commercial où n'importe quel quidam peut se faire inviter à coups de millions pour parler de n'importe quoi).

Sans oublier les journaux télévisés qui étaient autre chose que la collection des comptes rendus de séminaires et des actes de comédie permanente du directeur général... On est un peu obligé d'être nostalgique de cet âge d'or de la Crtv, entre 1985 et 1990! On en vient même à oublier que la Crtv éditait un guide des programmes en couleurs de très bonne facture! En plus de revenir à ce qui avait bien marché par le passé, le nouveau boss devra impulser une vision nouvelle de la télévision. Les grands débats doivent s'établir, et non le monologue des émissions à la gloire d'un ''mariologue''. Les ressources humaines doivent être gérées rationnellement. Près de 3000 employés, recrutés et gérés selon le seul bon vouloir du patron, où ceux qui devaient être classés en 5ème catégorie sont par exemple en 12ème, et vis versa. Des talents comprimés ou contraints à l'exil, au profit des médiocres qui doivent leur ascension aux salamalecs et à la courtisanerie. Le pèlerinage dominical à Sangmélima faisant ainsi partie du job description de certains cadres. L'archivage est nulle, tout comme la production. Ce doit être la seule télévision au monde dans ce cas...

La Crtv doit redevenir le miroir du Cameroun, et non le reflet de la mégalomanie d'un homme. Peut-être que pour décoincer le mammouth, faudrait-il faire éclater carrément la Crtv. Un peu comme ce fut le cas en France dans les années 70, quand naquirent, sous les cendres de la Sorafom, l'Ina (archives), la Sfp (production), Radio France (radio), Tf1 et Antenne 2 (diffusion télévision). Beaucoup d'experts pensent que pour ne plus laisser un gros empire entre les mains d'un seul homme, il faudrait éclater la Crtv en au moins quatre entités: une société de radiodiffusion, une ou deux chaînes de télédiffusion, une société de production et une société d'archivage de l'audiovisuel. On n'en est pas encore là. Et le successeur de Mendo Ze doit s'attendre à ne pas jouer une partie de plaisir. Sa tâche sera titanesque, vu l'ampleur des dégâts de la gestion antérieure. Il y aura trop de problèmes à résoudre, des privilèges à supprimer chez les ''doungourous'' de l'ex empereur, de nouvelles habitudes à imposer, et pourquoi pas simplement le journalisme ordinaire à re-apprendre à des employés blasés. Alors, la fête de la nomination ne devra pas être longue pour l'entrant.
Hervé Charles Malkal
Article publié le mercredi 19 janvier 2005
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