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Le vice-président du Pdci-Rda Amoikon Tiémélé parle sans détour

 Ancien ministre du commerce, ancien ambassadeur, actuel vice-président du Pdci-Rda, président du conseil général et député d’Abengourou, M. Boa Amoikon Tiémélé Edjampan fait partie de ceux qu’on appelle « les figures de proue » du parti sexagénaire. Face à l’actualité socio-politique du pays, le parlementaire s’est ouvert à « l’Intelligent d’Abidjan ». De l’accord politique de Ouagadougou au désarmement des forces belligérantes avant les futures consultations électorales, en passant par le procès des déchets toxiques et de la candidature unique au sein du Rhdp, Edjampan Tiémélé parle sans détour.

Monsieur le président, depuis quelques temps on ne vous entend plus, pouvons-nous savoir à quoi cela est dû ?

Je ne suis pas certain qu’on ne m’entende plus. Je suis un élu local et en cette qualité, surtout celle de député, je prends la parole pour m’exprimer lorsque cela s’avère nécessaire. Bien sûr, comme je le dis souvent, il y a ceux qui s’agitent et il y a les autres. Moi, je ne fais pas partie de ceux qui s’agitent.

Vous êtes le président du Conseil général d’Abengourou. Aujourd’hui quels sont les actes que vous avez posés dans cette localité depuis votre élection ?

Vous me demandez un travail titanesque ! Le conseil général fonctionne depuis 2002 avec tous les problèmes que nous avons rencontrés. C’est donc le lieu de dire aux uns et aux autres qu’avec un peu de moyens, une collectivité locale peut mieux régler certains problèmes que l’Etat. Donc la décentralisation, fondamentalement, est de permettre aux populations locales de gérer elles-mêmes ce qu’elles doivent et peuvent gérer. Avec la crise qui a éclaté le 19 septembre 2002, ce que nous attendions n’est malheureusement pas venu pour nous aider à faire face à notre mission mais, nous n’avons pas baissé les bras pour autant. On nous a annoncé trois (3) milliards au départ mais au finish nous nous sommes retrouvés avec une somme qui tourne autour de 500 millions par an, y compris l’investissement et le fonctionnement de nos conseils. A Abengourou, nous avons mis l’accent sur trois priorités qui sont l’éducation, la santé et les équipements. Nous avons donc construit un lycée départemental qui est ouvert depuis deux années, des collèges dans les sous-préfectures, notamment à Ebilassokro, Amettia se sont ajoutés aux autres collèges qui existaient déjà à Yakassé, Bettié, Niablé etc… A cela, il faut ajouter les écoles maternelles que le conseil général a construites. Au niveau de la santé, nous avons réalisé plusieurs centres de santé, en plus des ambulances que nous avons distribuées à certains villages. Nous avons surtout réussi à faire installer des médecins dans tous les gros villages d’Abengourou pour éviter que les populations ne se déplacent sur les longues distances de 30 ; 40 ou 50 km. Au niveau des équipements, de l’électricité, le téléphone, l’eau etc… Nous avons eu très peu de moyens, donc nous nous sommes très souvent appuyés sur une coopération extérieure avec une Ong anglaise qui nous a aussi permis de réaliser beaucoup de choses. Il est donc évident que si nous avions eu beaucoup de moyens, on aurait fait mieux que cela et je crois que ceux-mêmes qui parlaient le plus se sont aujourd’hui rendus compte qu’on ne peut rien faire sans moyens. Je pense donc que le conseil général est une opération utile qui apporte quelque chose et avec un minimum de moyens.

Il y a quelques mois de cela, vous vous êtes insurgés contre l’utilisation abusive des 800 millions de F CFA octroyés par l’Etat à votre parti, le Pdci-Rda. Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre une telle position ?

Je ne me suis pas insurgé contre l’utilisation de cette somme. J’ai dit qu’en tant qu’un responsable du Pdci, j’ai su tardivement qu’on avait donné des moyens à mon parti et que le minimum qu’on devrait faire était de nous informer. Puisque moi, je suis également le délégué du Pdci dans ma région et j’assume certaines responsabilités et donc j’aurai pu savoir ce qui se passait. Ce n’était donc pas une position contre quelqu’un mais surtout un souci d’information parce que je suis responsable du parti et en assumant ces responsabilités, j’engage aussi des moyens.

Mais vous avez posé la question de savoir où sont passés les 800 millions ?

Je dis que je voulais être informé de la disponibilité de ces moyens. Si non le fonctionnement courant, je le connais et je sais comment ça se passe.

Selon vous, qu’est-ce qui a motivé les responsables du parti à vouloir cacher cette somme ?

Ils n’ont pas voulu la cacher ! Peut-être qu’au moment où je parlais, ils n’étaient pas encore prêts à nous donner l’information. Moi je suis parlementaire et donc je suis un peu plus informé avant d’autres personnes. C’est pour cela que j’ai posé le problème à une occasion à Abengourou.

Le candidat de votre parti aux futures présidentielles, M. Henri Konan Bédié sera atteint par la limite d’âge le 04 mai 2009 mais 2005 où il aura 75 ans et donc disqualifié au regard de la constitution. Est-ce que vous pensez déjà à une candidature de substitution ?

Vous savez bien que les élections présidentielles qui devraient se dérouler en octobre 2005, n’ont pas pu avoir lieu. C’est moi qui suis député, depuis cette date je suis toujours là et ça, c’est une réalité que nous tous connaissons. Le président Bédié comme tous les autres signataires est candidat de son parti et le sera tant qu’on n’aura pas organisé les élections. Quel est donc votre problème ? N’est-ce d’ailleurs pas la même chose pour les autres signataires ? Comme celui qui est chargé de conduire le processus ne peut être candidat conformément aux accords qui ont été signés, lui, il ne pourra pas compétir, mais ce n’est pas le cas pour le Président Bédié. Pourquoi voulez-vous donc qu’on cherche quelqu’un d’autres ? Pour nous, le président Bédié c’est un atout, c’est même l’atout des atouts ! Il est candidat, il sera candidat et il participera aux élections. Jamais, nous n’accepterons qu’il soit disqualifié.

Donc M. Bédié sera candidat contre la Constitution ivoirienne ?

Quand on a signé l’accord de Ouagadougou, est-ce que cela fait partie de la constitution ivoirienne ? Vous savez bien qu’il y a beaucoup de choses qu’on a mises de côté pour que tout le monde puisse rentrer dans les rangs. Donc ceux qui s’acharnent sur notre président perdent leur temps car, la sortie de crise nécessite la recherche de la paix et non celle des conflits.

Est-ce que vous pensez que M. Bédié est réellement le meilleur cheval pour le Pdci ? lui qui est accusé d’être très âgé et rancunier ?

Ça, c’est vous qui le dites. Si quelqu’un devrait être méchant, revanchard c’est bien le président Bédié, lui qui a été victime d’un coup d’Etat à dix (10) mois des élections présidentielles. S’il avait été comme d’autres, il aurait dû agir autrement car, on a vu ici, des massacres qui ont été perpétrés contre une partie de la population. M.. Bédié, lui ne donnerait jamais l’ordre de tirer sur quelqu’un quelque soient les raisons qui pourraient le motiver à le faire. Donc pour nous, il est qualifié pour aller aux élections et peut-être mieux que d’autres. Pour le Pdci, chacun gère ses actes, son comportement car demain, des comptes seront demandés et c’est ça qui est le plus important.

Des comptes vont être demandés à qui ?

Mais, on ne gère pas un pays impunément ? Vous croyez que tout ce que nous avons vécu au cours de ces années-là vont passer inaperçus au détriment du peuple de Côte d’Ivoire ? Un crime ne reste jamais impuni et le droit est là pour permettre de rattraper tout cela. Voyez le problème des déchets toxiques, vous pensez qu’il va s’arrêter au semblant de jugement qu’il y a eu ou alors au traficotage financier qui a été fait ? Ceux qui ont été responsables de la venue en Côte d’Ivoire de ces déchets toxiques que le président Houphouët de son vivant avait déjà dénoncé dans les années 70, le payeront.

Donc si le Pdci revient au pouvoir il y aura un autre jugement des dé

 


Article publié le Friday, December 26, 2008