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Covid-19 au Sénégal : enfin, les malades des autres pathologies retournent à l’hôpital | Ouestaf
Ouestafnews – Le système de santé sénégalais s’est fortement mobilisé pour la prise en charge du Covid-19. Cette situation a entrainé une quasi désertion des structures sanitaires par les malades souffrant d’autres pathologies, pendant de longs mois. Avec la baisse des cas de contamination au Covid-19 constatée depuis fin août – début septembre, les services des centres hospitaliers retrouvent timidement leur rythme normal. Reportage.

En ce mois de septembre 2021, la situation semble revenir à la normale dans les hôpitaux de Dakar. Au centre hospitalier Philippe Senghor, sous une chaleur suffocante, son bébé dans le dos, Fatima Guissé prend son mal en patience dans une longue file d’attente depuis deux tours d’horloge.

Deux mois auparavant, il y avait peu de chance qu’elle et son fils se soient retrouvés ici. La flambée de Covid avait éloigné les patients des hôpitaux et des structures sanitaires.

Débordés, plusieurs hôpitaux de Dakar ne parvenaient plus à prendre en charge tous les malades. Ils sont « proches de la saturation », avait souligné le 26 juillet 2021, Ousmane Dia, directeur national des établissements publics de santé, lors du point de presse quotidien que donnait le ministère de la Santé sur le Covid-19.

 « Je ne suis pas venue depuis (le mois de juillet, NDLR), par peur de contracter le Covid-19 pendant la troisième vague », explique Mme Guissé la trentaine, revenue voir le pédiatre.

Si elle a osé ramener son bébé chez le pédiatre, c’est parce que depuis début septembre, le taux de contamination connaît une baisse sensible. A titre de comparaison, le Sénégal a enregistré durant le mois septembre 2021, 805 nouveaux cas de contamination au Covid-19 contre 19.575 cas courant juillet 2021. Le mois de septembre a donc eu près de 25 fois moins de contaminations que celui de juillet.

« Il y avait une sous fréquentation due, en partie, à l’instauration des mesures barrières contre le Covid-19 », souligne Boubacar Sarr, médecin ophtalmologue au Centre de santé Philippe Senghor.

Le médecin reconnaît tout de même que « beaucoup de patients avaient cessé de fréquenter les établissements de santé par crainte de contracter le Covid-19 ».

Aujourd’hui, la situation s’est beaucoup améliorée et les patients osent enfin reprendre le chemin des structures sanitaires pour se faire consulter ou soigner.

Un tour à l’hôpital de Pikine dans la banlieue dakaroise a permis au reporter d’Ouestaf News de constater que le Centre de santé a retrouvé son rythme des jours ordinaires. Après « une forte baisse des consultations », le diabétologue, Dr Ahmadou Fall Cissé explique que son service enregistre aujourd’hui plus de quarante patients par jour.

Malgré le diabète dont elle souffre, Oumou Dia, 50 ans, dit être « rassurée » de revenir au service de diabétologie.

Méfiance et crainte du Covid-19 

Selon une enquête de l’Organisation Ouest africaine de la Santé (Ooas) sur la « mauvaise adhésion » aux mesures de prévention contre le Covid-19, la majorité de la population ouest africaine estime courir un risque de contracter le Covid-19 en se rendant dans un centre de santé.

L’étude intitulée « Enquête socio-anthropologique à l’appui de la communication sur le Covid-19 en Afrique de l’Ouest » révèle que « 67,1% des enquêtés estiment qu’ils peuvent attraper le virus en se « rendant dans un centre de santé pour une raison autre que le Covid-19 ».

Selon l’Ooas, ces résultats ne reflètent probablement pas uniquement le niveau de confiance dans les bonnes pratiques des centres de santé, « mais sont (…) dépendants de la perception du risque de Covid-19 » dans les pays.

D’après l’étude, cette situation est susceptible de diminuer le nombre de patients qui fréquentent les structures de santé pour les diagnostics et les soins de maladies autres que le Covid-19.  

« La crainte de la contagion par le Sars-Cov2 a drastiquement réduit le taux de fréquentation des structures de soins, avec la rupture de la continuité des services », confirme le Dr Mohamed Lamine Ly, spécialiste en santé publique et membre de la Coalition pour la Santé (Cosas).

Selon Dr Ly, cela a engendré « une prolifération de pathologies non-Covid dépistées et/ou prises en charge tardivement, avec des risques accrus de complications fatales par manque de suivi ».

En 2020, comparativement à 2019, les établissements africains ont enregistré une baisse de 23% des consultations pour les moins de cinq ans, selon un rapport publié en avril 2021 par le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme.

Ce rapport évaluant l’impact du Covid-19 sur la lutte contre ces trois maladies indique que le taux de dépistage du VIH/Sida a baissé de 41% en moyenne pendant cette période. Alors que le nombre de personnes tuberculeuses orientées chez un spécialiste a chuté de 59%.  

Le 24 août 2021, le Centre national de transfusion sanguine (Cnts) du Sénégal, a fait état d’une baisse de 15% des dons de sang dans les établissements de santé. Une diminution qui serait imputable à la pandémie du Covid-19, avait estimé son directeur, Pr Saliou Diop, lors d’un point presse quotidien sur la pandémie du Covid-19 au Sénégal.

Cette baisse de la disponibilité du sang dans les hôpitaux s’explique par les incertitudes liées aux risques de la transmission par le sang. Or, Il n’y a pas « de risque de transmission du virus par le sang lors du processus de collecte », rassure l’hématologue. Parmi les causes de la baisse de la disponibilité du sang, le directeur ajoute les interdictions de rassemblements.

Même constat dans les services d’ophtalmologie. « Les activités étaient au ralenti. Mais aujourd’hui, nous recevons environ cinquante malades par jour », indique Boubacar Sarr, médecin au service d’ophtalmologie du Centre hospitalier Philippe M. Senghor.

De plus en plus, les patients de maladies chroniques reviennent dans les structures de santé. Dr Ahmadou Fall Cissé, pense qu’avec la communication des praticiens, les patients ont compris que les maladies chroniques, notamment le diabète, ne sont pas comme « les autres maladies ». Elles nécessitent un suivi.

ON/fd-md-ts




Article publié le mercredi 20 octobre 2021
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