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Au Soudan, des réfugiés du Tigré inquiets après des découvertes macabres dans une rivière - Ekilafrica





 



La peur au ventre. C'est le sentiment qui envahit Gabratansay Gabrakhristos, réfugié éthiopien au Soudan, à chaque fois que son téléphone sonne, alors que des corps sans vie sont découverts dans une rivière frontalière de l'Ethiopie.

Réfugié dans un village de l'est du Soudan, Gabratansay affirme recevoir des nouvelles macabres depuis fin juillet, lorsque que des habitants ont découvert un premier cadavre flottant sur la rivière Setit (ou Tekezze) séparant l'Ethiopie du Soudan. Depuis, il se dit submergé par des appels faisant état de sinistres découvertes de corps gonflés et déformés, aux mains ligotées, portant de graves blessures."C'est comme ça depuis des semaines. A chaque fois qu'un nouveau corps est découvert, je reçois, comme d'autres Tigréens, un appel", raconte Gabratansay, installé dans le village de Wad al-Hiliou, dans l'Etat soudanais de Kassala (Est). Ce sont les cadavres de nos concitoyens"Nous ne connaissons pas les victimes personnellement, mais ce sont les cadavres de nos concitoyens", dit ce fermier de 40 ans à l'AFP. Gabratansay, ainsi que d'autres réfugiés éthiopiens, qui, comme lui, repêchent les corps échoués dans la rivière, soupçonnent les forces pro-gouvernementales éthiopiennes de commettre des exécutions massives dans la région du Tigré.Cette région du nord de l'Ethiopie est en proie depuis plus de neuf mois à un conflit entre l'armée fédérale et les forces du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), qui a déjà fait des centaines de morts et poussé des milliers de personnes à fuir vers le Soudan voisin.Avec l'aide d'autres réfugiés tigréens, Gabratansay affirme avoir repêché du fond de la rivière plus de 50 corps, dont celui de cinq femmes. Nous pensons qu'il y a encore plus de corps au fond de la rivière, mais ils sont toujours introuvablesSelon lui, plusieurs cadavres portaient des traces de balles, alors que d'autres étaient marqués par des brûlures et de profondes blessures. Certains des corps étaient démembrés, mais tous avaient les mains ligotées, affirme-t-il encore. "Près de 150 prisonniers du Tigré ont été tués par les forces gouvernementales, alors qu'ils avaient les mains attachées derrière le dos", raconte Gabratansay, disant se baser sur des informations recueillies notamment auprès de réfugiés ayant fui les violences à Humera, dans l'ouest du Tigré. "Nous pensons qu'il y a encore plus de corps au fond de la rivière, mais ils sont toujours introuvables."Selon Kahsay Gabrselsey, un autre réfugié du Tigré qui a pris part aux efforts de recherche, les corps seraient ceux d'Ethiopiens exécutés à Humera. Pour appuyer ces dires, il affirme que certains cadavres présentaient des tatouages en tigrinya, la langue tigréenne.Le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) a confirmé la découverte d'un corps et de plusieurs tombes récentes, mais n'a pas pu identifier les personnes enterrées, ni déterminer les circonstances de leur mort.La crainte du pireLe HCR, ainsi que d'autres organisations humanitaires, ont affirmé début août ne pas avoir "accès au côté éthiopien de la frontière". Plus de 400.000 habitants du Tigré ont "franchi le seuil de la famine" et 1,8 million de personnes supplémentaires "sont au bord de la famine", s'était alarmé l'ONU en juillet dernier.L'organisation de défense des droits humains Amnesty International a accusé pour sa part les forces progouvernementales d'avoir perpétré des violences sexuelles et des viols, évoquant des centaines de cas. Les réfugiés tigréens au Soudan redoutent le pire pour leurs proches qui sont coincés au Tigré.



dimanche 15 août 2021








Article publié le mardi 24 août 2021
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