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Malte : RSF et 12 autres ONG internationales renouvellent leur appel pour que justice soit rendue, 1000 jours après le meurtre de Daphné Caruana Galizia | RSF


9 juillet 2020



Malte: Nouvel appel pour que justice soit rendue, 1000 jours après l'assassinat de Daphné Caruana Galizia

  

Le 12 juillet marquera les 1000 jours depuis l'assassinat de la journaliste d'investigation maltaise Daphné Caruana Galizia. À l'occasion de cet anniversaire, nous, les organisations cosignataires, demandons une nouvelle fois que justice soit faite pour toutes les personnes impliquées dans son assassinat et les affaires de corruption qu’elles a mises au grand jour. 

  

Ces dernières semaines, des révélations encore plus inquiétantes sur la corruption d'État et l'impunité liée à cette affaire ont continué d'apparaître, soulignant les faiblesses de l'État de droit maltais et l'impunité qui règne autour de l’affaire Daphné Caruana Galizia et les  abus de pouvoir au plus haut niveau de l’état sur lesquels elle a enquêté.

 

Lors d'une audience en juin 2020 pour rassembler des preuves contre Yorgen Fenech, un homme suspecté du meurtre, le magistrat a ordonné à la police d'enquêter sur une échange d’informations entre l’ancien chef de police, Lawrence Cutajar et un intermédiaire, Melvin Theuma. En fournissant des preuves au tribunal, Theuma a déclaré que Cutajar l'avait informé qu'il faisait l’objet d’une enquête à la fois pour le meurtre de Caruana Galizia et pour une affaire de blanchiment d'argent.

 

Soupçonné, l’ancien commissaire adjoint et enquêteur principal, Silvio Valletta fait également l'objet d'une enquête pour ses relations avec Yorgen Fenech.

  

Lors de l'enquête publique du 1er juillet, il est apparu que la police n'avait pris aucune mesure contre Keith Schembri, en sa qualité de chef de cabinet de l'ancien Premier ministre Joseph Muscat et de l'ancien Ministre de l'Energie Konrad Mizzi après que Daphné Caruana Galizia eut révélé qu'ils possédaient des sociétés offshore au Panama en 2016. Répondant au témoignage du commissaire adjoint, Ian Abdilla, qui a récemment été remplacé à la tête de l'unité des crimes économiques, la commission d'enquête a exprimé son stupéfaction quant au fait que la police n'avait "absolument rien fait" en ce qui concerne l’affaire des Panama Papers.

  

Le 7 juillet, des sources ont confirmé que le Procureur général Peter Grech, en tant que procureur en chef, a envoyé une note à la police en 2016 lui déconseillant d'enquêter sur les Panama Papers, soulignant qu'une telle enquête serait “très intrusive”. Directes et dépourvues d’ambiguïté, les instructions du procureur général, visant à restreindre l'enquête policière sur le contenu du travail de Daphné Caruana Galizia, constituaient une entrave manifeste à la justice, rendant sa position de procureur général intenable.



Des enquêtes menées en Italie, en France, en Lettonie et au Monténégro ont également révélé des liens avec la corruption pointée du doigt dans les enquêtes de Daphné Caruana Galizia à Malte.

 

 Si la corruption révélée par Daphné Caruana Galizia - y compris l’affaire des Panama Papers - avait fait l'objet d'une enquête approfondie et de poursuites à l'époque, cela aurait pu réduire le risque et l'isolement auxquels elle a été confrontée en tant que journaliste, notamment les campagnes de harcèlement et de diffamation orchestrées par des personnalités politiques et économiques de haut niveau sur l’île.

 

La nomination d'un nouveau chef de l'unité des crimes économiques, Alexandra Mamo, et la nomination d'un nouveau commissaire de police, Angelo Gafà, offrent aux autorités maltaises la possibilité de remédier aux carences en matière de poursuites sur des  allégations de corruption au plus haut niveau de l’Etat et  de réformer les institutions. En outre, l'avis de la Commission de Venise rendu le 18 juin sur le projet de réforme du gouvernement maltais en matière d'État de droit constitue un signal positif démontrant la volonté du gouvernement maltais d’engager des réformes fondamentales

 

Le Premier ministre Robert Abela, a déclaré qu'il souhaitait que la police enquête sur "tous les aspects" de l'assassinat. Aujourd'hui, nous réitérons notre appel pour que les autorités maltaises honorent l'héritage de Daphné Caruana Galizia et s’assurent que toutes les personnes impliquées dans son assassinat - des tueurs à gages aux instigateurs - soient traduites en justice et que la corruption qu'elle a révélée soit enfin condamnée. Les autorités devraient maintenant mettre en place des équipes communes d’enquête avec des forces de police étrangères pour traiter les questions connexes, pour qu'il puisse enfin être mis fin à l'impunité qui persiste à Malte, et que justice soit rendue pour Daphné.

 

 

ARTICLE 19

Association des journalistes européens (AEJ)

Committee to Protect Journalists (CPJ)

European Centre for Press and Media Freedom (ECPMF)

Free Press Unlimited

Index on Censorship

International Freedom of Expression Exchange (IFEX)

International Press Institute (IPI)

Osservatorio Balcani e Caucaso Transeuropa (OBCT)

PEN International

Reporters Without Borders (RSF)

Scottish PEN

Transparency International


Article publié le vendredi 10 juillet 2020
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