Mahamadou Issoufou dira-t-il « ça suffit aux Français » ?
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Mahamadou Issoufou dira-t-il « ça suffit aux Français » ?Publication : dimanche 8 mai 2016 01:11 | Lues : 7815 fois Twitter


De même que Ousmane Tandja, attaché commercial à l’ambassade du Niger à Hong Kong, servit de cheval de Troie aux Chinois, de même Mahamadou Issoufou, alors leader de l’opposition, fut utilisé par Areva pour assurer ses intérêts au Niger. Elu président le 7 avril 2011 et réélu le 20 mars 2016, Issoufou risque d’épouser Pékin si le « camarade Hollande » n’assure plus.







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Ancien de l’École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne, en France, d’où il sort avec le diplôme d’ingénieur civil des mines en 1979, il connaît très bien Areva. Avant d’entrer en politique, Mahamadou Issoufou y a successivement occupé les postes de secrétaire général, directeur des exploitations, puis directeur technique de la Société des mines de l’Aïr (SOMAIR), filiale d’AREVA. De plus, ses longues années passées en France et ses connexions au sein de l’Internationale socialiste en ont fait un habitué de la Rue Solférino. Lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois, ni lui, ni Hollande, ne sont sûrs de devenir un jour chef de l’Etat. Mais ils en rêvent fortement.


Areva extrait un tiers de ses besoins en uranium au Niger. C’est grâce à ce pays que le leader français du nucléaire peut garantir à ses clients – qui achètent des centrales nucléaires – du combustible de longue durée. Mais les Chinois ne sont pas loin… China National Petroleum Corporation a déjà évincé le géant américain Exxon sur le permis d’hydrocarbures d’Agadem avec 140 millions USD de bonus de signature et la construction d’une raffinerie en guise de cadeau. Et un cheval de Troie… Ousmane Tandja, attaché commercial à l’ambassade du Niger à Hong Kong, et fils du président Tandja, prédécesseur de Issoufou défend bien les intérêts de papa à Pékin. Le 4 mai 2009 Areva lance officiellement l’exploitation du site d’Imouraren en présence de Anne Lauvergeon. Le 7 mai suivant, Tandja visite le site uranifère d’Azelik exploité par China National Nuclear Corporation…


Mais Areva a su anticiper la fin de Tandja en imposant son opposant Mahamadou Issoufou à la table des négociations. Ce dernier est élu président le 7 avril 2011. Ancien d’Areva, il doit renvoyer l’ascenseur. Après une longue bataille, le groupe français qui a réussi à mettre la main sur Imouraren, le plus grand gisement d’uranium d’Afrique, le deuxième plus important de la planète, doit tenir ses promesses. Avec des réserves prouvées de 80 000 tonnes pour un coût de 2 milliards USD, la mine permettra d’obtenir, par an, 5000 tonnes de yellocake nécessaire à la production du combustible destiné aux réacteurs nucléaires. Mais le marché a ses raisons que les politiques ignorent…


« En juin 2012, révèle Guy Gweth, président du Centre africain de Veille et d’intelligence économique, Issoufou retrouve son camarade socialiste à l’Elysée pour un deal gagnant-gagnant : en échange de l’intervention de Hollande pour accélérer les travaux d’Areva sur la mine d’Imouraren, Issoufou soutient sans réserve l’intervention militaire française au Mali. L’accord est scellé. Dans la foulée, 650 soldats nigériens sont déployés sur le théâtre des opérations.  Je rappelle, à toutes fins utiles, qu’au moment où se déroulent ces négociations, la participation de l’Etat français au capital d’Areva pèse 87%, et les revenus de l’uranium représentent 5% des recettes budgétaires du Niger. »


Le 8 mars 2013, Areva a annonce le versement de 35 millions d’euros au Niger. Objectif affiché : aider le gouvernement à sécuriser ses sites d’uranium.  Le groupe nucléaire dément totalement cette « offre » ait pour but de compenser le report de l’exploitation de la mine géante d’Imouraren. Mais les analystes ne se font guère d’illusion.


Fin août 2014, Areva décide toutefois de suspendre la totalité des travaux du chantier d’Imouraren, plombé par une perte sèche de cinq milliards d’euros durant l’année. Il faut dire qu’entre 2009 et 2014, les cours de l’uranium ont chuté de près de 70%. Le géant français veut arrêter l’hémorragie ; et même si le « camarade Hollande » lui a donné sa parole, Issoufou broie du noir.


Le 7 mars 2015, trois quarts des 225 salariés d’Imouraren sont licenciés. Le quart restant est affecté à la surveillance et à la maintenance du gigantesque chantier qui n’avait pas encore commencé à produire la matière première du combustible nucléaire. Manque à gagner pour les recettes de l’Etat et tensions sociales sont au rendez-vous. Le président Issoufou et ses conseillers se creusent les méninges pour trouver une solution aux besoins de financement sans se brouiller avec Paris ni contracter un nouveau prêt qui énerverait les institutions de Bretton Woods. Il est à un an de la présidentielle… Et c’est dans les difficultés qu’on connait ses vrais amis, dit un proverbe africain.


Grâce à China Eximbank, son principal bras financier en Afrique, la Chine a largement plus de moyens que la France ; et le Niger est son premier marché d’investissement dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Réélu président, Issoufou risque de demander plus de financements à Pékin si « le camarade Hollande, affaibli, ne peut plus peser sur Areva » pour l’aider à tenir ses promesses électorales. Le nouveau gouvernement nommé à Niamey le 11 mars 2016 est une équipe de combat, essentiellement composée de jeunes gens totalement décomplexés vis-à-vis de l’hexagone.


Knowdys Consulting Group est l’un des rares cabinets africains à suivre la question de l’uranium nigérien et son impact sociopolitique et économique 24/7. Considéré comme un Etat dans l’Etat, Areva au Niger et ses principaux challengers font l’objet d’une veille multipoint dont les résultats profitent aux principaux opérateurs économiques engagés au Niger (au moins) jusqu’en 2030.






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Article publié le lundi 9 mai 2016
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