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Cette minorité qui s’accapare les richesses du Togo.

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 :Cette minorité qui s’accapare les richesses du Togo. – 6 mai 2016 Magouilles à l’Aéroport/ Cas de Lomé Catering

Comment la minorité accapare les richesses en étant actionnaires des différentes sociétés

. Akrima Kogoé encaisse ses propres dividendes et ceux destinés à la SALT

Au Togo, l’émergence d’une classe moyenne intermédiaire entre les pauvres et les riches traîne les pas. La principale raison ? Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres s’enlisent davantage dans la misère. Il est aussi connu de tous, et c’est Faure Gnassingbé lui-même qui l’a confirmé, il y a au Togo une minorité qui accapare les richesses du pays. Cette minorité, c’est elle qui rafle les appels d’offres et s’attribue les marchés publics, faisant prospérer le phénomène des retro-commissions. Cette minorité, c’est également elle qui détient les actions dans les sociétés, qu’elles soient togolaises ou étrangères. La société Lomé Catering est la seule du groupe Servair, filiale d’Air France, qui est enregistrée dans la zone franche afin de bénéficier de divers avantages. Ses actionnaires ne sont autres que les proches du pouvoir.  

En 1971, la société Servair, filiale d’Air France et spécialisée dans la restauration à bord des avions, a été créée. Elle s’implante au Togo en 2002 à travers la société Lomé Catering. En 2015, les chiffres de la société Servair sont rendus publics. Elle est la 1re entreprise de restauration aérienne et de nettoyage en France. Elle occupe le 3ème rang mondial avec 792 millions d’euros de chiffre d’affaires et revendique près de dix mille (10 000) employés dans 26 pays dans le monde. Elle dessert 44 aéroports avec cinq cent soixante mille (560 000) prestations repas produites chaque jour dans le monde et nettoie 39 millions de sièges en cabine chaque année.

Contrairement aux 25 autres pays où elle est installée, la société Servair s’est inscrite au Togo en tant qu’entreprise de la zone franche. Ce qui lui permet de bénéficier des avantages accordés aux entreprises de ce secteur, notamment les facilités fiscales et douanières. Cette inscription dans la zone franche a été facilitée parce que les actionnaires sont du système qui gouverne le pays depuis plus de cinquante ans. Le résultat, c’est qu’avec moins d’impôts, les marges des bénéfices sont élargies et les dividendes à redistribuer entre les actionnaires sont plus conséquents. C’est ainsi que ces actionnaires empochent des dizaines de millions de francs CFA chaque année. Pourtant, les conditions de vie et de travail à Lomé Catering ne sont pas glorieuses. Les employés sont exploités et mal payés par cette société qui a repris le marché d’approvisionnement des avions en repas laissé par l’Hôtel du 2 Février et celui de la Paix.

Malgré ces chiffres assez élogieux sur les activités de Servair, sa filiale togolaise, Lomé Catering, regroupe des actionnaires qui sont précisément de la minorité indexée par Faure Gnassingbé lui-même. Parmi eux, des ministres en fonction ou admis à la retraite, mais aussi des Directeurs généraux de sociétés étatiques qui s’accrochent à leurs postes comme à un héritage. Les parts de cette société sont détenues à 35% par Afrique Catering, 33% par la Société aéroportuaire de Lomé Tokoin (SALT), 2,5% par les héritiers de Feu Gnassingbé Eyadéma, 5,5% par Gnofame Zoumaro, 4% par Mme Palanga Banabawai, 1% par l’ancien président de la CCIT, Feu Looky Lamseh Alexis, 3% par Kéléou Tomfei Edouard. Le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Boukpessi Payadowa détient 5% des parts, les éternels Directeurs généraux Walla Koffi de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) – admis à la retraite depuis 1998 mais est toujours aux affaires – et Kogoé Akrima de la SALT détiennent respectivement 4 et 7% de Lomé Catering.

Comme on peut le constater, les actionnaires privés de cette société sont en majorité de l’ethnie du chef de l’Etat, huit étant Kabyè et un seul est Bassar. Il convient de signaler que tout citoyen peut avoir des actions dans une société. Et cette démarche doit respecter les règles en la matière. Mais au Togo, ce sont ceux qui sont aux affaires, qui ont des actionnaires dans les différentes sociétés de la place. Ils profitent évidemment de leur appartenance politique et de leur ancrage dans le système qui régente le pays pour cumuler les postes et les actions dans les sociétés.

Faut-il aussi le rappeler, la SALT est actionnaire de Lomé Catering à 33%, de même que son Directeur général Kogoé Akrima qui y détient 7%. C’est une anomalie de voir un Directeur général actionnaire d’une même société que la structure qu’il dirige. Cette situation crée un conflit d’intérêt entre Kogoé Akrima et la SALT qu’il considère comme son héritage issu du long règne de Gnassingbé Eyadema. La SALT a deux actionnaires principaux que sont la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT) et l’Etat togolais. Il nous revient que les dividendes perçus depuis les années et qui devraient revenir à l’Etat en tant qu’actionnaire de la SALT ne seraient pas versés. Près de 118 millions de francs CFA ont été versés à la SALT pour le compte de l’année 2014. C’est dire ce qu’empocheraient Kogoé Akrima et ses soutiens chaque année sur le dos de la SALT.

Le cas de la société Lomé Catering n’est qu’une illustration de ces magouilles qui enrhument l’économique togolaise. Et c’est la même situation qui prévaut à WACEM, POMAR SA, MM Mining, Contour Global, les différents hôtels, etc. Il est temps qu’au nom de la transparence, le gouvernement rende publics les différents actionnaires des sociétés ainsi que les contrats.

G. A.

Liberté N° 2186 du 03 Mai 2016



 


Article publié le lundi 9 mai 2016
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