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Des ressortissants de la RDC tués à Brazzaville

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 Opération de police au Congo : trois ressortissants de la RDC tués


PANA 11/04/14


Brazzaville, Congo - Trois ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC) ont été tués et d'autres blessés dans une opération de sécurisation lancée le 05 avril dernier à Brazzaville, a déploré mercredi l'ambassadeur de ce pays au Congo, Christophe Muzunzu.


L'opération menée par la Police congolaise visait la traque des auteurs de braquages et d'actes crapuleux dans la capitale congolaise.


" Il est dommage de voir des policiers à qui on a donné des ordres précis se comporter de cette manière en violant, torturant, pillant, tuant de paisibles citoyens. Pour l’heure, nous avons enregistré trois morts et avons décidé d’évacuer d’autres blessés chez nous pour des soins ", a déploré le diplomate qui s'est déclaré choqué.


" S’il s’agit d’expulser les ressortissants de la RDC, cela doit se faire suivant les règles de la procédure et en toute dignité. Ce qui se passe sur le terrain est vraiment déplorable ", a estimé M. Muzunzu.


" La Police congolaise ne déclenche pas de chasse aux étrangers ", avait pourtant prévenu le directeur général de la Police, Jean-François Ndenguet, soulignant que " les policiers ne doivent pas transformer cette opération en une opération de pillage des biens d’autrui, de règlement de comptes et de violences aveugles à l’endroit de qui que ce soit ".


© PANA


Pont sur le Congo de Franklin Boukaka





Notre commentaire


" Gouverner c'est prévoir ". Visiblement, ce mode de gouvernance ne semble pas faire partie des méthodes de travail de monsieur Jean-François Ndengué et de son  ministre de tutelle, l'inénarrable Raymond Zéphirin Mboulou, décidemment plus à son aise dans les recensements trafiqués de la population que dans la résolution des problèmes de la société congolaise.


En effet depuis quelques années, le directeur général de la police nationale, sortant de ses nombreuses autres activités (commerce, présidence de clubs sportifs, etc.; si l'on en croit ce que rapporte la rue brazzavilloise) nous sort occasionnellement de sa boîte quelques opérations de police coup de poing, histoire de résoudre ponctuellement les problèmes d'insécurité récurrents dans la capitale.


C'est dans cette optique qu'il se situe pour faire face au grand banditisme et aux braquages qui ont secoué ces derniers jours certains quartiers de Brazzaville et de Pointe-Noire.


Le chef de la police, parlant de lui-même comme il se doit à la troisième personne, ne s'en cachait d'ailleurs pas lors qu'il présentait son opération au début de ce mois : « La police lance des actions exceptionnelles, des opérations spéciales pour éradiquer toutes formes de criminalité et de délinquance qui, à travers des actes spectaculaires de cruauté, installent, dans nos cités, un climat de psychose. Nous traversons, en ce moment, une situation de perte de tranquillité diffuse, dans certains de nos quartiers, situation décriée par nos paisibles compatriotes. Le directeur général de la police, qui est à l’écoute des populations dont la tranquillité est menacée, prend, aujourd’hui, la décision de mener une action radicale dont le but est de mettre hors d’état de nuire les auteurs de cette montée de la violence insupportable et inacceptable ».


De fait, quand il n'exhibe pas les prétendus braqueurs devant la presse, les désignant de facto comme coupables, avant même qu'ils ne soient jugés, il utilise des boucs émissaires tout trouvés : les " étrangers en situation irrégulière ", les " Zaïrois " ou les " Tchadiens ". Nous sommes dans ce scénario aujourd'hui.


Bien entendu, on ne saurait nier la part prise par quelques membres cette population dans le banditisme à Brazzaville. Mais est-ce là une raison pour expulser sans ménagement plus d'un millier de personnes, dont des femmes et des enfants ? Opérer de la sorte, c'est même reconnaître son laxisme dans la régulation de l'immigration surtout en provenance de la RDC, une politique dont la mise en place devrait être indispensable, en concertation avec les autorités d'un pays dont la capitale, qui fait face à Brazzaville, est quand même plus peuplée peut-être que le Congo tout entier !


En réalité, l'opération policière baptisée  curieusement " mbata ya Bakolo" (la gifle des aînés) participe d'une manœuvre de diversion, un rideau de fumée dont le but est de masquer cette absence de politique et cet échec. Il s'agit d'une opération politicienne et populiste destinée à faire croire que l'on combat le grand banditisme, alors qu'on baigne dans l'improvisation la plus totale. Qui va croire que la plupart des personnes expulsées ne reviendront pas à Brazzaville dans quelques semaines ou que l'insécurité a été durablement éradiquée ?


Article publié le mercredi 23 avril 2014
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