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Plaidoyer pour un mémorial en souvenir des victimes de 1972

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 :Mot de circonstance prononcé à l'occasion de la 34
ème
commémoration du génocide
contre les Hutu du Burundi, le 29 avril 2006, en l'église Saint Antoine de Padoue, Rue
d'Artois, 17 à 1000 Bruxelles
34 ans après le génocide contre les Hutu de 1972, nous les Barundi célébrons encore ce triste
anniversaire dans le silence le plus total, loin des caméras, des télévisions, des journaux parlés
et écrits. Aucun témoin extérieur à la communauté ne pourra raconter les peines, l'amertume
et les frustrations de ces millions de personnes qui souffrent en silence, presque résignés.
C'est que comme l'écrivait un auteur, même dans la mort les hommes sont inégaux. Triste
réalité au moment où la Communauté internationale crie urbi et orbi à l'égalité des humains et
des peuples.
Pour reprendre le constat de Martin Luther King, «Je n'ai pas peur de la méchanceté des
méchants, mais du silence des gens honnêtes». Ce constat d'un militant de la Non violence
active en rappelle un autre également d'un membre de la Non Violence Active : Mahatma
Gandhi. Celui-ci n'a-t-il pas écrit : «La violence est pire que la non violence certes mais la
lâcheté est pire que la violence».
DES VICTIMES OUBLIEES
A constater donc que 34 ans après le génocide de 1972, les Barundi n'ont toujours pas décidé
de rendre mémoire de manière visible aux victimes de cette folie meurtrière. Voilà qui fait
peur et en tout cas pose problème.
Pour rappel, le Professeur René Lemarchand écrivait en 1974 à propos de ce génocide :
«L'histoire n'enregistre guère d'équivalent à l'hécatombe de vies humaines qui
ensanglanta le Burundi en 1972 (....). Autant que par le chiffre des victimes (les
estimations varient entre 80 et 100.000 morts) on reste confondu par l'indifférence, pour
ne rien dire l'incompréhension, de l'opinion publique devant les dimensions du massacre.
Environ 3,5% de la population totale du pays (3,5 millions) furent "nettoyée' en l'espace
de quelques semaines, ce qui, en termes comparatifs, signifierait une perte de près de
deux millions de personnes pour la France et de 350.000 pour la Belgique. Parler d'un
"génocide sélectif" pour qualifier une violence politique d'une telle ampleur, c'est à peine
exagérer la réalité. (...).
1
Ce qui fait le plus mal, c'est que les morts qui retiennent notre attention aujourd'hui ne sont
pas n'importe quels morts, ni les morts en général. Il s'agit de nos papas, de nos mamans, de
nos frères, de nos soeurs, de nos beaux frères et belles soeurs, de nos fiancée (e) s, de nos
cousins et cousines, de nos oncles et de nos tantes, de nos ami (e) s, de nos connaissances, de
nos voisins et voisines, nos proches. Notre douleur était tellement grande que nous en
arrivions à oublier la menace qui pesait sur nous et que nous aurions voulu rejoindre les
disparus dans l'au-delà surtout que nous ne pouvions même pas les pleurer et faire le deuil.
Tous ces morts nous hantent encore. Ils ont fait que quelque chose a été inéluctablement
cassée en nous. Aujourd'hui encore, beaucoup d'entre nous sommes comme des morts vivants
1
Professeur René Lemarchand, «Génocide sélectif au Burundi », in Minority Rights Group, Rapport N° 20,
Juillet 1974
1
puisque la Communauté internationale nous dénie toujours le droit de mettre un visage sur ces
disparus en reconnaissant le génocide qui les a emportés.
Certes depuis quelques temps, des Barundi ont osé sortir du traumatisme et écrire l'histoire de
ce drame en bravant une opinion internationale hostile ou à tout le moins indifférente à notre
douleur et à notre souffrance. Que tous ceux et toutes celles qui participent à cette refondation
de la mémoire en soient remerciés et encouragés.
Quant aux autres, à la majorité silencieuse que nous sommes, nous continuons à nous
encourager et à nous dire : «Maudits soient les yeux fermés»
2
. Pour ce faire, nous nous
rappelons ces deux paroles fortes de Mahatma Gandhi déjà cité :
«S'il fallait absolument faire un choix entre la


Article publié le mercredi 3 mai 2006
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